La semaine passée, le conflit yéménite est revenu au centre de l'actualité internationale après que l'Arabie Saoudite a été visée par des missiles tirés depuis le territoire de l'Etat voisin. Selon les représentants du commandement de la coalition menée par l'Arabie Saoudite, trois missiles balistiques tirés par les rebelles houthis ont été abattus à minuit de dimanche à lundi dans le ciel au nord-est de Riyad, écrit le quotidien Kommersant. Quatre autres missiles ont été interceptés par la défense antiaérienne saoudienne au sud du pays dans les villes de Hajran, Jizan et Abha dans la province d'Asir. Même si aucun des missiles tirés n'a atteint sa cible, ces bombardements ont entraîné les premières victimes humaines depuis le début du conflit yéménite. Les débris de missiles qui sont retombés sur les quartiers résidentiels de la capitale saoudienne ont fait un mort et deux blessés. L'armée saoudienne possède des systèmes antiaériens Patriot, qui ont déjà paré les attaques de Houthis par le passé. Cependant, l'un des missiles du système américain tiré pour l'interception a montré des défaillances: après son lancement il a soudainement fait demi-tour et a percuté le sol à toute vitesse avant d'exploser. Selon une source militaro-diplomatique, cet incident pourrait renforcer les positions de Moscou dans les négociations avec les militaires saoudiens sur l'achat de S-400 Triumph russes: les capacités financières de Riyad permettent d'entretenir plusieurs types de défense antiaérienne de différents producteurs. Par ailleurs, le ministère russe des Affaires étrangères a considéré l'attaque contre l'Arabie saoudite comme un nouveau facteur de déstabilisation. "Moscou condamne fermement toute sorte de frappe de missiles non sélective visant notamment des villes et leurs habitants pacifiques", stipule le communiqué du ministère. "Nous réaffirmons notre position de principe en faveur de la fin des hostilités au Yémen, de l'abandon par les belligérants de la logique "œil pour œil, dent pour dent", et des tentatives de régler les différends actuels par la voie militaire. Il faut mettre un terme aux souffrances humanitaires des personnes, où qu'elles se trouvent", a souligné le ministère russe des Affaires étrangères. Les agissements des rebelles chiites ont également été condamnés par les ministères des Affaires étrangères de l'Allemagne, de la France et des USA. Par ailleurs, trois ans après le début de l'ingérence de l'Arabie saoudite dans le conflit intérieur au Yémen, avec le soutien d'autres monarchies du Golfe, et le début des frappes aériennes contre les positions du mouvement chiite Ansar Allah soutenu par l'Iran, cet Etat arabe reste l'un des plus déficients au Moyen-Orient. Bien que l'objectif officiel annoncé de l'opération de Riyad au Yémen soit la stabilisation intérieure et la préservation de l'intégrité de l'Etat, sur fond de profondes contradictions entre les clans le Yémen, ne disposant pas d'un puissant pouvoir efficace, est devenu un nouvel avant-poste pour les terroristes internationaux d'Al-Qaïda et de Daech. Voici comment Mirella Hodeib, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Sanaa, décrit la situation au Yémen: "Pratiquement chaque aspect de la vie quotidienne des Yéménites est affecté par le conflit armé: le prix de l'essence et des produits, l'accès à l'eau potable et les capacités de circulation. L'impact du conflit armé sur les établissements médicaux et sur l'infrastructure nécessaire pour la survie ne fait qu'aggraver les conséquences humanitaires du conflit. L'apparition de nouvelles contaminations par des maladies comme le choléra, la méningite, la rougeole et la diphtérie rappelle que le système de la santé du Yémen n'arrive pas à remplir ses tâches." Les organisations humanitaires qui travaillent au Yémen pensent que seul le cessez-le-feu pourra préserver le pays de la catastrophe. Dans cette situation nécessitant l'intensification de la diplomatie, l'ambassadeur de la Russie à l'Onu Vassili Nebenzia a appelé à "chercher des solutions pour lancer le processus de paix sans conditions préalables, au lieu de chercher des boucs émissaires". Dans le cas du Yémen, Moscou entretient des relations aussi bien avec les Houthis et l'Iran qui les soutient qu'avec l'Arabie saoudite. "La position neutre de la Russie dans le conflit yéménite, ainsi que ses contacts avec tous les belligérants, permettent aux ONG d'espérer le règlement de la crise", a déclaré Elsa Vidal, directrice de la représentation moscovite de l'organisation Oxfam en Russie.