Raid n Les rebelles chiites au Yémen ont tiré un missile de longue portée contre la région de La Mecque en Arabie saoudite, a indiqué vendredi la coalition arabe sous commandement saoudien qui les combat. Les rebelles Houthis ont eux affirmé avoir visé l'aéroport international de la ville portuaire de Jeddah sur la mer Rouge, et non la ville sainte. Le missile a été tiré vers 21h locales (18h GMT) jeudi soir depuis la province de Saâda, bastion des rebelles dans le nord du Yémen, «en direction de la région de La Mecque», dans l'ouest de l'Arabie saoudite. «La défense aérienne a pu l'intercepter et le détruire à environ 65 km de La Mecque sans faire de dégât», a indiqué la coalition dans un communiqué. L'Arabie saoudite a déployé des batteries de missiles Patriot pour détruire les missiles balistiques tirés occasionnellement du Yémen vers son territoire. Les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) - Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar - ont condamné l'attaque, décrite par eux comme «une preuve claire» que les rebelles ne veulent pas d'une solution politique au conflit qui déchire le Yémen depuis 19 mois. Le ministre émirati des Affaires étrangères, cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane, est allé plus loin, pointant du doigt l'Iran. «Le régime iranien soutient un groupe terroriste qui tire ses roquettes sur La Mecque (...) Est-il un régime islamique comme il le prétend ?», a-t-il écrit sur Twitter. Le Qatar a qualifié l'attaque de «provocation» contre des «millions de musulmans de par le monde». Sur leur site sabanews.net, un porte-parole des rebelles, Mohammed Abdelsalam, a qualifié les déclarations saoudiennes d'«inepties». «Le régime saoudien qui soutient avoir intercepté le missile à 65 km de La Mecque, sainte et chère au cœur de tous les Yéménites, aurait pu se passer de ces inepties politiques en mentionnant plutôt la ville de Jeddah où il y a une cible militaire pour le missile ‘Burkan 1' à la périphérie nord», a indiqué M. Abdelsalam, en référence à l'aéroport international. En Iran, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi, a affirmé que «les affirmations selon lesquelles les Yéménites ont tiré un missile contre La Mecque sont par essence ridicules», selon l'agence officielle Irna. «Nous conseillons aux responsables émiratis et saoudiens de ne pas utiliser les Lieux saints de l'islam pour justifier leurs objectifs politiques minables et tenter de compenser leurs échecs par de telles propagandes hypocrites (...) et dangereuses», a aussi déclaré M. Ghassemi. Tous les pays du CCG, à l'exception d'Oman, font partie de la coalition arabe dirigée par Riyad qui combat les Houthis au Yémen depuis mars 2015, en soutien au gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi. L'Iran, puissance chiite et grand rival régional de l'Arabie saoudite sunnite, soutient les Houthis et dénonce régulièrement les bombardements aériens de la coalition arabe au Yémen. La Mecque, premier Lieu saint de l'islam, est située à plus de 500 km de la frontière avec le Yémen. Début octobre, la coalition avait annoncé avoir intercepté un missile à longue portée tiré par les rebelles yéménites et visant la ville de Taëf, qui héberge une base aérienne saoudienne à une soixantaine de kilomètres de La Mecque.