Les cours du pétrole repartaient à la baisse mercredi en Asie après le rebond de la veille, dans un marché toujours très volatil sur fonds de tensions géopolitiques. Vers 05h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en mai reculait de 14 cents à 63,37 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en juin, perdait 18 cents à 67,94 dollars. "Les marchés pétroliers restent pris dans un enchevêtrement de risques mondiaux, tandis que leur caractère très spéculatif et la crainte d'un marché surchargé limitent le mouvement vers une hausse (des cours)", a estimé dans une note Stephen Innes, analyste chez Oanda. La publication des données officielles russes sur une augmentation de 0,7% de sa production en mars par rapport à mars 2017, à 10,97 millions de barils par jour, a notamment pu tirer les cours vers le bas. Cette hausse de la production intervient alors que la Russie est partie prenante de l'accord conclu fin 2016 par les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et d'autres pays producteurs pour limiter leurs extractions. Le cartel a jusqu'ici globalement respecté cet accord, qui cours jusqu'à fin 2018, permettant au cours de remonter après un plongeon sous la barre des 30 dollars il y a deux ans. Mais alors que des signes laissent penser que l'Arabie saoudite souhaiterait voir la Russie rester impliquée dans l'effort de restriction de l'offre, Moscou a déjà indiqué qu'il était trop tôt pour évoquer une prolongation de l'accord. Pour Greg McKenna, analyste chez AxiTrader, les tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran pourraient en tout cas favoriser la poursuite de cette stratégie de réduction de l'offre par le cartel. "Mon sentiment est que l'on est dans une situation où les traditionnels ennemis sont des amis sur ce sujet précis. Les deux pays ont besoin d'un prix du pétrole le plus haut possible, du fait d'enjeux économiques internes", a-t-il indiqué. L'attention s'est aussi de nouveau tournée vers les préoccupations récurrentes liées au niveau des stocks. L'American Petroleum Institute (API), fédération professionnelle, a dévoilé mercredi des chiffres faisant état d'une baisse surprise de 3,28 millions de barils des stocks de brut américain durant la semaine achevée le 30 mars. "Bien qu'il s'agisse d'une donnée hautement imprévisible et très volatile, elle continue de représenter un test décisif pour le sentiment du marché", a ajouté Stephen Innes. A cela s'ajoute les inquiétudes sur l'avenir de l'accord sur le nucléaire iranien, très critiqué par le président américain Donald Trump, ainsi que le regain de tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Washington a publié mercredi une liste provisoire de quelque 1.300 produits importés susceptibles d'être soumis à de nouvelles taxes douanières, au lendemain de mesures de rétorsions prises par Pékin contre 128 produits américains.
Une lourde chute la veille Les cours du pétrole se sont repris mardi dans un marché prudent, alors que les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis avaient plombé les échanges lundi. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a terminé à 68,12 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 48 cents par rapport à la clôture de lundi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat de mai a pris 50 cents à 63,51 dollars. Lundi, alors que les marchés étaient fermés à Londres pour Pâques mais ouverts à New-York, les cours avaient reculé de 3,7% pour le Brent, plus forte baisse quotidienne depuis dix mois, tandis que le WTI avait cédé près de 3%, plus forte baisse depuis près de deux mois. En cause, la forte baisse du marché des actions américain, souffrant lui-même d'une aversion au risque provoquée par les tensions sur le commerce mondial alors que la Chine a répliqué aux taxes américaines en mettant en place des mesures punitives sur 128 produits américains. Quand l'indice S&P 500 connait des "mouvements de plus de 2%, il est difficile d'acheter ou de vendre du pétrole sans garder un œil dessus", a commenté Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. "Cette baisse des indices boursiers suscite la plupart du temps des inquiétudes sur un ralentissement général de l'économie", a par ailleurs observé Bill O'Grady de Confluence Investment. Si le pétrole n'est pas directement visé par les mesures chinoises ou américaines, M. Jakob note que l'ethanol américain fait partie des 128 produits visés par la Chine. De plus, "le marché du pétrole a pour habitude d'effectuer des mouvements brusques pendant les week-ends prolongés", a noté Tamas Varga, analyste chez PVM.
12 mai Plus largement, "le marché rebondit car les fondamentaux économiques restent bien orientés. Et les courtiers gardent aussi un oeil sur une décision très importante le mois prochain concernant l'Iran", a commenté M. O'Grady. La Maison Blanche doit décider le 12 mai de continuer ou non l'accord sur le nucléaire iranien qui permet notamment au pays d'exporter son pétrole. Mardi, les acteurs du marché ont pris connaissance des données officielles russes sur la production, qui a augmenté de 0,7% en mars par rapport à mars 2017, pour atteindre 10,97 millions de barils par jour. "A ce niveau, la Russie dépasse les objectifs de l'accord de limitation de la production", a souligné M. Varga. La Russie, premier producteur mondial, s'est associé fin 2016 à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et à neuf autres producteurs pour s'engager à limiter leurs extractions afin de rétablir l'équilibre de l'offre et de la demande.