Les travaux des Assises nationales de l'agriculture ont pris fin avec la présentation de plusieurs ministres des efforts consentis par leurs départements respectifs pour le développement et la valorisation de l'agriculture au cours des deux dernières décennies, et ce, en présence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia et un nombre important d'agriculteurs, d'experts et des cadres. Le Premier ministre s'est félicité de ces assises, affirmant que "les jours à venir témoigneront des efforts déployés par l'Etat en matière de soutien du secteur agricole et des agriculteurs qui représentent l'Algérie profonde". Pour sa part, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui a affirmé, en cette occasion, que l'Etat ne reculera pas sur sa politique d'accompagnement et de soutien des agriculteurs et des jeunes investisseurs souhaitant investir dans le secteur agricole, et ce, conformément aux orientations du président de la République. Rappelant la vision intégrée que s'emploie son département à réaliser pour valoriser l'investissement agricole et les initiatives économiques, M. Bedoui a cité les différents programmes de développement destinés au soutien de la production agricole pour lesquels d'importantes enveloppes ont été affectées depuis 2000. Le ministre des Finances a passé en revue, dans un bilan lu en son nom par le secrétaire général du ministère, Miloud Boutaba, les différents financements dont a bénéficié le secteur depuis deux décennies afin de porter sa croissance annuelle moyenne à 8,33%. Le soutien à l'exploitation des terres agricoles a coûté, ajoute M. Boutaba, à travers le Fonds de développement rural, 50 milliards de Da entre 2000 à 2017. Le ministre de l'Agriculture, du Développement local et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi, a salué, de son côté, la teneur du message du président de la République destiné aux participants aux assises, mettant l'accent, à ce titre, sur l'importance de la coopération et de la coordination entre le secteur de l'agriculteur et les autres secteurs. Il s'est félicité des recommandations ayant sanctionné ces assises qui ont touché à tous les aspects du secteur et la consécration de la décentralisation de la prise de décision pour traiter des préoccupations du secteur et l'activation du rôle de l'agriculture dans le développement du pays. A son tour, la représentante du ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi a mis en exergue le plan de travail intersectoriel dont les secteurs de l'agriculture et de l'industrie s'attèlent à concrétiser en faveur de la relance de l'industrie des matières brutes et la réduction des importations. Dans une allocution, lue en son nom par une représentante du ministère, Mme Nabila Sehnoune, le ministre a exprimé son regret quant "au faible taux d'industrialisation des produits agricoles qui ne dépasse pas 20 % alors que le taux moyen au niveau international est de l'ordre de 75 %". Le ministre a appelé à "l'encouragement de la production nationale et l'augmentation du taux de l'intégration agricole dans les industries agroalimentaires à travers la promotion du partenariat entre les entreprises et les transformateurs". Il fait état, dans ce sens, de "l'existence de 23.000 entreprises activant dans le domaine des industries agroalimentaires de transformation employant 150.000 employés et contribuant à 50% du Produit Intérieur Brute (PIB) hors hydrocarbures. Ces entreprises contribuent dans les exportations à hauteur de 300 millions USD/an. Pour sa part, le ministre du Commerce, Said Djellab a évoqué "les obstacles auxquels le développement des exportations agricoles hors hydrocarbures est confronté à l'instar du faible développement de la logistique, la concurrence extérieure féroce et les obstacles douaniers et non douaniers imposés par certains pays", mettant en avant "la détermination de l'Etat à promouvoir ces exportations à travers la mise en place d'une nouvelle stratégie dans ce domaine". De son côté, le ministre des Ressources en eaux, Hocine Necib a mis en avant "les plus importantes réalisations concrétisées par son secteur depuis l'année 2000, notamment en matière de l'augmentation des superficies irriguées permettant de parvenir à 1,32 million hectares de ces terrains actuellement, soit 66 % des 2 millions d'hectares ciblés. Il a ajouté qu'"à court terme, la superficie de ces terrains devra atteindre 1,654 million hectares, soit 82% de l'objectif ciblé".
Les recommandations des Assises Les travaux des assises nationales de l'agriculture, tenues lundi à Alger, ont été sanctionnés par des recommandations issues des 9 ateliers ouverts depuis le 11 mars dernier jusqu'au 22 avril, à travers lesquels il a été mis en exergue la nécessité de soutenir le secteur agricole, différentes branches de production, et de renforcer son rendement dans le cadre de la démarche de l'Etat à diversifier l'économie. Le premier atelier dont le thème était le foncier agricole a été sanctionné par plusieurs recommandations dont la préservation et la protection des terres agricoles et la mise en valeur des terres arables et la poursuite de la récupération des terres inexploitées. Le deuxième atelier qui a été consacré aux ressources en eau destinées à l'agriculture et à l'irrigation, un élément essentiel et un facteur principal dans la production, a été couronné également par plusieurs recommandations dont la nécessité d'œuvrer à l'extension de la superficie irrigable à travers une grande mobilisation d'eau conventionnelle et non conventionnelle destinée à l'irrigation, tout en œuvrant à économiser l'eau à travers la sensibilisation sur l'impératif d'utiliser des matériels d'irrigation susceptibles d'économiser l'eau notamment en ce qui concerne les récoltes stratégiques. Le troisième atelier a examiné le financement, l'investissement agricole et l'industrie alimentaire et a été sanctionné par plusieurs recommandations dont l'encouragement des établissements financiers pour le développement de nouveaux produits bancaires à même de soutenir les activités rurales et agricoles ainsi que celles de la pêche. Il s'agit également de la nécessité d'encourager le financement des investissements agricoles à travers le leasing. Le quatrième atelier portant sur la valorisation des produits agricoles et les industries manufacturières a été sanctionné par plusieurs recommandations exhortant à l'utilisation de semences, de plantes et de légumineuses approuvées et l'orientation vers l'usage des intrants bio, outre la modernisation des systèmes de production à travers le développement d'équipements agricoles adaptés avec les différents produits et zones climatiques. S'agissant du cinquième atelier consacré au dossier de l'exportation des produits agricoles, une série de recommandations ont été formulées à savoir l'adaptation du programme d'exportation des produits agricoles avec les besoins des pays importateurs, le renforcement des pôles agricoles spécialisés dans la production des récoltes non saisonnières connaissant une forte demande dans les marchés extérieurs. Le développement rural et la promotion de la richesse forestière étaient le thème du sixième atelier, où les participants ont mis l'accent sur la nécessité de valoriser les ressources territoriales, la réhabilitation des zones rurales à travers la mise en œuvre des projets structurés créateurs de richesse et d'encourager les initiatives régionales visant le développement durable des activités agricoles Les participants au septième atelier, dédié au secteur de la pêche et l'aquaculture, ont soulevé plusieurs recommandations entre autres l'impératif de classifier les métiers de la pêche et de l'aquaculture parmi les métiers pénibles, appelant à l'octroi de facilités bancaires en faveur des projets d'investissement dans ce domaine. Le 8ème atelier s'est attelé à examiner la formation, l'orientation et la recherche scientifique dans le secteur agricole et a recommandé d'œuvrer à la révision, la modernisation et l'adaptation du système de formation au développement agricole. Pour ce qui est de la recherche scientifique, le même atelier a recommandé la nécessité d'œuvrer à l'intégration des activités scientifiques des instituts techniques agronomiques au Système national de recherche scientifique et de développement technologique, et à la valorisation des programmes et projets de la recherche scientifique à travers le partenariat avec le secteur économique. Quant à l'orientation agricole, l'atelier a conclu à la nécessité de renforcer et moderniser le Système national de l'orientation agricole, de le réadapter à travers la mise en œuvre des règles d'orientation, nationales et locales, et d'instaurer un mécanisme d'information destiné au monde agricole et rural. Par ailleurs, le 9ème atelier a abouti à plusieurs recommandations, dont la nécessité de valoriser les efforts des opérateurs du secteur dans leurs efforts visant la création des conseils professionnels et interprofessionnels, dans leur souci d'améliorer le cadre de travail et d'animation ainsi que de tisser des relations efficaces avec les chambres agricoles, outre la nécessité de mettre en place des mécanismes de suivi et d'évaluation des activités de développement par les chambres agricoles afin de faciliter et accompagner les jeunes porteurs de projets.
Soutenir le secteur Par ailleurs et dans un message adressé au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lu en leur nom par le président de la Chambre de l'agriculture de la wilaya de Ghardaïa, Rabah Ould Hadar, les agriculteurs ont salué les efforts et le soutien du président de la République au secteur agricole à travers les différentes mesures qu'il a prises au profit de l'agriculture et de ses principaux acteurs, à leur tête les agriculteurs. Qualifiant les assises nationales de l'agriculture de "tribune importante pour les agriculteurs dans l'histoire de l'Algérie", M. Ould Haddar a indiqué que le succès de la politique de paix et de réconciliation nationale est un acquis majeur pour le secteur agricole au sens où cette politique a permis le rétablissement de la paix et la sécurité et partant, le retour des agriculteurs à leur terres, qu'ils ont été contraints d'abandonner en raison de la décennie noire, pour relever le défi de l'autosuffisance alimentaire. Il a mis en exergue, dans ce sens, les différents programmes de soutien et d'encouragement initiés par le président de la République au profit du secteur, notamment les programmes de lutte contre la désertification, de réhabilitation des villages et de développement rural qui ont permis le repeuplement des zones rurales et l'exploitation des terres. Il s'est félicité en outre de l'opération d'octroi des actes de concession aux agriculteurs, notamment les jeunes leur permettant de relever le défi de la relance du secteur et la promotion du produit local afin de réaliser l'autosuffisance alimentaire, mettant en avant la réhabilitation du secteur au sein de l'économie nationale en contribuant à sa diversification ainsi que la réduction de la dépendance aux hydrocarbures et à l'importation. M. Ould Haddar s'est engagé, au nom des agriculteurs, à poursuivre le travail et à intensifier les efforts en vue de garantir les besoins du citoyen au niveau local et s'orienter vers l'exportation pour augmenter les revenus de l'Etat en devises fortes.
Appel aux banques à financer les projets agricoles Le Secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui a appelé, lundi à Alger, les banques nationales à intensifier le financement des projets agricoles au profit des agriculteurs et à accorder un plus grand financement aux investisseurs dans le domaine de la transformation afin d'augmenter la production nationale et réaliser l'autosuffisance alimentaire. Intervenant lors des assises nationales de l'agriculture, organisées par le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche sous le haut patronage du président de la République, Abdelaziz Bouteflika sous le thème "l'Agriculture au service de la souveraineté nationale", M. Alioui a plaidé pour la création d'un fonds de garantie des crédits agricoles englobant le financement des industries de transformation, notamment dans les zones d'activités agricoles, en vue de créer une synergie entre les secteurs de l'agriculture et de l'industrie et réduire la facture d'importation, et partant réaliser des revenus supplémentaires en devises fortes à travers l'exportation. Soulignant la nécessité de trouver une solution à la problématique de l'octroi des actes de concession au profit des agriculteurs, d'élargir leur adhésion à la Caisse nationale des non-salariés (CANSNOS) et de doter les exploitations agricoles situées dans les zones enclavées d'équipements de l'énergie solaire, le SG de l'UNPA a appelé à mettre fin au détournement des terres agricoles au motif de projets publics d'intérêt général, affirmant qu'il n'y a pas d'intérêt général au détriment de la sécurité alimentaire du peuple algérien. Dans ce contexte, M. Alioui a prôné la promotion du produit local et sa protection de l'importation et la concurrence étrangère, ainsi qu'à la poursuite des efforts visant la protection de la richesse végétale et animale des dangers et de la sècheresse, outre l'inscription de certains fléaux comme catastrophes majeures afin d'améliorer les méthodes de lutte et de prévention. En outre, le SG de l'UNPA a appelé à l'annulation du recouvrement avec effet rétroactif des redevances agricoles et à son application dès le début de l'attribution des actes de concession, autrement dit depuis 2010 et non 1987.