L'administration Trump, qui négocie toute la semaine avec ses principaux partenaires commerciaux --l'Union européenne, le Canada, le Mexique et la Chine-- à l'approche d'échéances déterminantes, a été confortée mardi dans une potentielle offensive contre Bruxelles par une décision de l'OMC. L'Organisation mondiale du commerce a en effet affirmé que l'UE n'avait toujours pas supprimé l'ensemble de ses subventions illégales au constructeur aéronautique Airbus, un verdict final donnant le droit aux Etats-Unis d'appliquer des sanctions commerciales évaluées à plusieurs milliards de dollars par an, selon Washington. Cette décision pourrait peser dans les discussions entre le secrétaire américain au commerce Wilbur Ross et la Commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström, concernant les taxes douanières américaines sur les importations européennes d'acier et d'aluminium. Pour l'heure, celles-ci ont été suspendues par la Maison Blanche jusqu'au 31 mai à minuit. Mais Wilbur Ross a prévenu, dès lundi, que si aucune "conclusion raisonnable" n'était trouvée, les taxes entreraient en vigueur. Pour exempter définitivement l'UE de ces taxes, Washington exige une plus grande ouverture du marché européen, tandis que Bruxelles a posé comme préalable à toute discussion avec son partenaire américain une exemption "complète et inconditionnelle" de ces taxes. La décision de l'OMC risque de crisper encore davantage des tractations sur le commerce entre Washington et Bruxelles déjà tendues par la décision de Donald Trump de sortir les Etats-Unis de l'accord nucléaire avec l'Iran. Ceci dit, l'administration Trump a d'autres priorités en matière de politique commerciale puisqu'elle a également entamé mardi de nouvelles tractations avec le vice-Premier ministre chinois, Liu He, en visite dans la capitale fédérale jusqu'à samedi.
ZTE, dossier inextricable "Les négociations commerciales avec la Chine continuent", a tweeté Donald Trump mardi, tout en soulignant que les Etats-Unis rapportaient "depuis de nombreuses années" à Pékin des centaines de milliards de dollars. La veille, Wilbur Ross avait observé que le contentieux commercial entre les deux pays était loin d'être résolu, misant sur les relations personnelles entre le président américain et son homologue chinois Xi Jinping pour faciliter un accord. Outre la réduction du déficit commercial des Etats-Unis de 200 milliards de dollars voulue par Washington, le dossier ZTE est au cœur des tractations. Les Etats-Unis, qui accusent le géant chinois des télécoms d'avoir violé ses engagements sur des embargos commerciaux contre l'Iran et la Corée du Nord, avait interdit mi-avril pendant sept ans l'exportation de composants électroniques américains destinés à ZTE, comme les microprocesseurs indispensables à ses Smartphones. Cette décision a mis à genoux l'entreprise qui a annoncé la cessation de ses principales activités. Dans une volte-face, Donald Trump a missionné son secrétaire au Commerce de trouver une issue à cette situation, ce qui pourrait peser dans l'obtention d'un compromis plus global sur les échanges entre les deux pays. Mais la sanction alternative risque d'être difficile à trouver, a relevé mardi Larry Kudlow, le principal conseiller économique du président. "Il s'agit principalement d'un problème d'exécution d'une décision. Ils (dirigeants de ZTE) ont été déclarés coupables, pas une seule fois ni même deux fois mais trois fois", a-t-il résumé lors d'un forum organisé par la publication en ligne Axios à Washington.
Issue imminente pour l'Aléna? Cette semaine pourrait par ailleurs s'avérer cruciale pour le traité de libre-échange nord-américain (Aléna). Les négociateurs américains, canadiens et mexicains travaillent depuis des mois à la modernisation de cet accord en vigueur depuis 1994, à la demande de Donald Trump qui l'accuse d'avoir détruit de nombreux emplois américains. Mais le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a exhorté l'administration Trump à faire connaître ses intentions sur l'Aléna d'ici jeudi soir si elle veut que le Congrès, actuellement contrôlé par le parti républicain, puisse voter sur un éventuel nouvel accord. A l'approche des élections de mi-mandat ("midterm elections") le 6 novembre, le compte à rebours a donc commencé pour les négociateurs américains. L'administration Trump bénéficie actuellement d'une procédure dite "fast track" (ou "Trade Promotion Authority"), qui permet au président de faire voter les accords commerciaux par le Congrès sans que celui-ci ait la possibilité de les amender. Pour l'heure, la procédure n'a pas été prolongée. Faute de progrès sur cette question, les négociations pourraient être suspendues pendant de longs mois. Lundi, Donald Trump et le Premier ministre canadien Justin Trudeau ont dit vouloir conclure "rapidement" un accord. Ces déclarations ont été toutefois tempérées par le ministre mexicain de l'Economie Ildefonso Guajardo mardi. "La possibilité que nous menions à terme toute la négociation d'ici jeudi me semble difficile, nous ne pensons pas que cela va avoir lieu d'ici jeudi", a-t-il déclaré à la chaîne Televisa. Jusqu'à présent, les discussions bloquent notamment sur les "règles d'origine", Washington voulant imposer que les voitures fabriquées dans la zone Aléna soient largement composées d'éléments américains.
UE - Cuba renforcent leurs relations Face à la politique protectionniste de Donald Trump, l'Union européenne et Cuba ont renforcé mardi leur partenariat conclu en novembre dernier avec la signature à Bruxelles d'un accord sur les énergies renouvelables. La réunion du Conseil conjoint entre l'UE et Cuba, au cours de laquelle l'accord, a été signé est "une petite nouvelle positive dans un monde de plus en plus troublé, qui montre que l'engagement, le dialogue et la persévérance peuvent apporter de bons résultats diplomatiques", a plaidé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, après sa rencontre avec le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodríguez. Cuba a tourné une nouvelle page de son histoire le 19 avril avec la désignation de Miguel Díaz-Canel pour succéder aux frères Fidel et Raúl Castro aux commandes du pays socialiste. Mais le changement n'a pas modifié la position de Washington qui a réitéré sa priorité de libérer Cuba où continue "l'héritage de la tyrannie" des dirigeants de la révolution de 1959. Le président Trump "est de plus en plus agressif dans l'application extra-territoriale des sanctions contre les banques et entreprises européennes", a déploré le chef de la diplomatie cubaine à Bruxelles. "Nous sommes déterminés à soutenir les réformes économiques et sociales de Cuba. Ensemble, nous voulons favoriser le développement durable, promouvoir la démocratie et les droits de l'homme et trouver des solutions communes aux défis mondiaux, tels que le changement climatique et les questions de sécurité", a assuré Mme Mogherini.
Energies renouvelables Le point culminant de la rencontre a été la signature d'un projet bilatéral de promotion des énergies renouvelables à Cuba pour 18 millions d'euros. Les Européens prévoient également cette année de financer un programme de soutien à la sécurité alimentaire à Cuba avec une contribution de 19,65 millions d'euros. La Havane et Bruxelles lanceront enfin cinq dialogues axés sur le développement durable, la non-prolifération, la maîtrise des armements, les droits de l'homme et les mesures unilatérales. Cette dernière section traitera de l'embargo imposé par Washington. La Havane cherche avec l'UE un allié contre Donald Trump qui a balayé la politique de rapprochement promue par son prédécesseur Barack Obama. Les Européens resteront toutefois intransigeants sur la liberté politique et les droits de l'homme à Cuba, ont indiqué des sources diplomatiques. L'accord, ratifié à ce jour par 13 des 28 pays de l'UE, prévoit la possibilité de suspendre l'accord avec Cuba en cas de violation grave des engagements en matière de droits de l'homme. Les 28 pays de l'UE sont les principaux investisseurs étrangers à Cuba, principalement dans les secteurs du tourisme ou de la construction, précise la Commission européenne. Les importations de marchandises cubaines en 2017 sont évaluées à 471 millions d'euros et les exportations vers l'île des Caraïbes à 2,094 milliards d'euros.