Donald Trump a brutalement annulé jeudi le sommet prévu dans moins de trois semaines à Singapour avec le leader nord-coréen Kim Jong Un, dénonçant "l'hostilité" du régime de Pyongyang, tout en ne fermant pas la porte à une rencontre ultérieure. C'est par un bref courrier d'une vingtaine de lignes adressé au dirigeant trentenaire que le 45e président des Etats-Unis a fait part de sa décision de renoncer au face-à-face historique du 12 juin, dont il avait lui-même accepté le principe à la stupéfaction générale. "J'estime qu'il n'est pas opportun, à ce stade, de maintenir cette rencontre", indique le locataire de la Maison Blanche dans ce texte rendu public par l'exécutif américain le jour même où Pyongyang annonçait le démantèlement de son site d'essais nucléaires de Punggye-ri. Le Pentagone s'est dit prêt à répondre à toute provocation de la Corée du Nord et souligné que les Etats-Unis restaient déterminés à poursuivre la campagne de "pression maximale", qui associe sanctions économiques, pressions diplomatiques et déploiement militaire, pour que Pyongyang renonce à l'arme nucléaire. Nombre de dirigeants étrangers ont exprimé leurs regrets, au premier rang desquels le président sud-coréen Moon Jae-in qui a immédiatement convoqué une réunion d'urgence, avec notamment son chef des services secrets et son ministre de la Réunification. Le président russe Vladimir a déploré ce coup d'arrêt à ce qui aurait pu être "le début de la dénucléarisation de la péninsule coréenne", ajoutant espérer que la rencontre puisse in fine avoir lieu. Son homologue français Emmanuel Macron, en visite à Moscou, a exprimé le souhait que "le processus de non-prolifération se poursuive". Après plusieurs semaines de déclarations très optimistes - naïves selon ses détracteurs - M. Trump avait changé de ton ces derniers jours, laissant entendre que le sommet était en danger. "J'étais impatient de vous retrouver là-bas", explique-t-il dans sa missive qui oscille entre un certain formalisme et un ton par moments beaucoup plus direct. "Malheureusement, au regard de l'énorme colère et de l'hostilité affichée dans votre dernière déclaration en date, j'estime qu'il n'est pas opportun, à ce stade, de maintenir cette rencontre prévue depuis longtemps", ajoute-t-il, sans autres précisions sur ce qui a provoqué sa décision.
Courrier "bizarrement chaleureux" S'étonnant du ton "bizarrement chaleureux" de ce courrier, Abraham Denmark, du Wilson Center à Washington, estimée qu'il allait donner au leader nord-coréen à Kim "une énorme légitimité". "La Corée du Sud va probablement être en colère et l'alliance (avec Washington) va être affaiblie", a-t-il prédit. "Si vous changez d'avis en ce qui concerne ce très important sommet, s'il vous plaît n'hésitez pas à m'appeler ou à m'écrire", ajoute le président américain qui avait beaucoup investi d'un point de vue politique dans ce sommet, allant jusqu'à évoquer à plusieurs reprises l'hypothèse d'un prix Nobel de la paix, mise en avant par certains élus républicains. Après des mois de rapprochement et de détente diplomatique, la Corée du Nord a opéré la semaine dernière un spectaculaire retour à sa rhétorique traditionnelle, annulant une rencontre intercoréenne et évoquant la possibilité de remettre en cause le sommet. La dernière banderille avait été plantée jeudi par la vice-ministre nord-coréenne des Affaires étrangères, Cheo Son Hui, qui a fustigé les propos tenus par le vice-président Mike Pence, lequel avait lancé des mises en garde chargées de menaces à Kim Jong Un. "Je ne peux pas cacher ma surprise devant de telles remarques idiotes et stupides venant de la bouche du vice-président américain", avait indiqué Mme Cheo, précisant qu'elle recommanderait à M. Kim d'annuler le sommet si les Etats-Unis persistaient "dans des actes illégaux et insultants".
"Un merveilleux dialogue" En première ligne sur ce dossier, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, qui a rencontré Kim Jong Un à deux reprises à Pyongyang, a expliqué que les conditions n'étaient pas réunies pour un "résultat positif". Dans son courrier, le président américain évoque la puissance militaire américaine en guise de mise en garde: "Vous évoquez votre arsenal nucléaire, mais le nôtre est si massif et puissant que je prie Dieu que nous n'ayons jamais à en faire usage", écrit-il. Mais il laisse aussi la porte ouverte à une rencontre à une date ultérieure. "J'avais l'impression qu'un merveilleux dialogue était en train de s'instaurer entre vous et moi", écrit-il à Kim Jong Un, assurant qu'il serait très heureux de le rencontrer "un jour". Il prend d'ailleurs soin de remercier aussi ce dernier pour la libération des trois "otages" américains: "C'était un très beau geste qui a été très apprécié". Donald Trump termine sur une note sombre, voyant dans cette "occasion ratée", un "triste épisode dans l'Histoire". Pour Nancy Pelosi, cheffe des démocrates à la Chambre des représentants, le leader nord-coréen est "le grand gagnant" de cet épisode qui démontre que le président américain ne s'était pas préparé. Sur la forme, elle déplore qu'il ait décidé de "tourner les talons dans un courrier au ton familier, quasi copain-copain".
Guterres "profondément préoccupé" Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit jeudi "profondément préoccupé" par l'annulation du sommet historique qui était prévu le mois prochain entre le président américain Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong Un. "Je suis profondément préoccupé par l'annulation du sommet prévu à Singapour entre le président des Etats-Unis et le leader de la République populaire démocratique de Corée", a déclaré M. Guterres lors de la présentation de son agenda pour le désarmement à Genève. "Et j'exhorte les parties à poursuivre leur dialogue pour trouver une voie vers une dénucléarisation pacifique et vérifiable de la péninsule coréenne", a-t-il ajouté, devant un parterre d'ambassadeurs et d'étudiants réunis dans une salle de l'université de Genève. C'est dans un bref courrier d'une vingtaine de lignes adressé au dirigeant trentenaire que le 45e président des Etats-Unis a annoncé sa décision de renoncer au face-à-face du 12 juin à Singapour, très attendu en Asie et à travers le monde, dont il avait lui-même accepté le principe, à la stupéfaction générale. "J'estime qu'il n'est pas opportun, à ce stade, de maintenir cette rencontre prévue depuis longtemps", indique le locataire de la Maison Blanche dans ce texte rendu public par l'exécutif américain. De son côté, la Corée du Nord, après des mois de rapprochement et de détente diplomatique, a opéré la semaine dernière un spectaculaire retour à sa rhétorique traditionnelle, annulant une rencontre intercoréenne et évoquant la possibilité de remettre en cause le tête-à-tête très attendu. C'est finalement Donald Trump, qui après plusieurs semaines de déclarations très optimistes sur la tenue de ce premier face-à-face entre un président américain en exercice et un représentant de la dynastie des Kim, qui règne sur la Corée du Nord depuis plus d'un demi-siècle, qui a annoncé l'annulation de la rencontre.