Les cours du pétrole ont stagné à Londres et avancé à New York lundi dans un marché focalisé sur la production venue de l'Opep et de ses partenaires, dont la Russie, à l'approche d'une réunion du cartel. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a terminé à 76,46 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, inchangé par rapport à la clôture de vendredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat de juillet a pris 36 cents à 66,10 dollars. Moscou, qui mène avec l'Arabie saoudite un groupe de pays qui limitent volontairement leur production depuis début 2017, aurait modéré ses efforts en produisant 11,09 millions de barils par jour sur la première semaine de juin, a rapporté l'agence russe Interfax. C'est au-dessus de l'objectif de production quotidienne pour la Russie, établi à 10,95 millions de barils par jour selon l'accord passé entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires, alors qu'une réunion sur le sujet aura lieu vendredi 22 juin à Vienne. Après cette nouvelle, le ministre irakien du Pétrole Jabbar al-Louaïbi a déploré dans un communiqué que "des producteurs membres ou non de l'Opep n'ont pas respecté les objectifs fixés (...) et le prix du pétrole n'a pas atteint le niveau souhaité". "Nous restons optimistes à moyen terme", a cependant estimé Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB, qui juge que l'Opep et ses partenaires ne pourront pas complètement compenser la baisse de l'offre sur le marché mondial causée par les problèmes de l'industrie vénézuélienne et par les sanctions américaines contre l'Iran. "Pour combler l'écart d'approvisionnement croissant, nous pensons que la production devrait être augmentée de beaucoup plus que les 300.000 barils évoqués par l'Arabie saoudite", ont affirmé les analystes de Commerzbank. Mais d'autres observateurs sont plus partagés. "Entre les Etats-Unis qui ont augmenté leur activité à un niveau plus vu depuis trois ans et la Russie, l'effort de l'Opep commence à ne plus peser dans la balance", a commenté Fiona Cincotta, analyste chez City Index. Selon les chiffres publiés vendredi par la société américaine Baker Hughes, le nombre hebdomadaire de puits de pétrole actifs aux Etats-Unis, qui donne une indication de la production américaine de brut à venir, a augmenté à 862 unités, le plus haut niveau depuis 2015. La production de brut dépasse chaque semaine des records, les Etats-Unis ayant extrait en moyenne 10,80 millions de barils par jour (mb/j), selon les dernières statistiques de l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA) publiées la semaine dernière. La Russie et les Etats-Unis sont deux des trois plus grands producteurs mondiaux, avec l'Arabie saoudite.
Dépasser les quotas L'Irak a accusé lundi d'autres pays producteurs d'extraire plus de barils que le quota fixé l'an dernier par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires, à l'approche d'une importante réunion le 22 juin. "Des producteurs membres ou non de l'Opep n'ont pas respecté les objectifs fixés (...) et le prix du pétrole n'a pas atteint le niveau souhaité", a déploré le ministre irakien du Pétrole dans un communiqué. Pour "arriver à un prix équitable et cohérent", a ajouté Jabbar al-Louaïbi, "il faut plus de soutien, de stabilité et d'engagement des pays producteurs" envers l'accord de limitation de la production entré en vigueur début 2017. En vertu de cet accord, les membres de l'Opep et d'autres pays producteurs, dont la Russie, se sont engagés à limiter leur production pour réduire l'offre de pétrole et ainsi tenter de redresser les prix sur le marché mondial. Mais d'après l'agence russe Interfax, la Russie, qui fait partie des trois plus grand producteurs mondiaux, aurait dépassé en juin son objectif de production quotidienne, fixé à 10,95 millions de barils par jour. L'Irak, membre de l'Opep, produit actuellement 4,325 millions de barils par jour, selon le ministre Louaïbi. Bagdad plaide régulièrement pour une hausse des cours du brut afin de pouvoir renflouer son budget largement grevé par trois années de guerre contre les djihadistes et la chute drastique des prix du pétrole en 2014. L'Irak est "pour la stabilisation des prix du marché même si notre pays a connu des guerres depuis 30 ans et a besoin de se reconstruire en urgence", a toutefois tempéré Jabbar al-Louaïbi lundi soir devant des journalistes. "Nous respectons les décisions de l'Opep", a-t-il ajouté. L'Opep et ses partenaires, soient 24 pays, doivent discuter de l'avenir de leur accord le 22 juin à Vienne. "La principale question qui devra être tranchée (à Vienne) est celle de la stabilisation du marché", a affirmé M. Louaïbi. Interrogé sur l'impact possible sur la réunion de la crise entre les deux grands ennemis régionaux, l'Arabie saoudite et l'Iran, le ministre irakien du Pétrole a affirmé que les Irakiens allaient "rencontrer les Iraniens et les Saoudiens pour discuter et essayer de faire en sorte que le marché soit stabilisé". En mai, le baril de Brent de la mer du Nord et le baril de "light sweet crude" (WTI) sont respectivement repassés au-dessus des barres symboliques des 80 et 70 dollars. Mais le premier valait 76,23 dollars lundi à la mi-journée à Londres (ICE) et le second 65,54 dollars lundi juste après l'ouverture à New York (Nymex).
Sans direction en Asie Les cours du pétrole évoluaient en ordre dispersé lundi en Asie, affectés par l'annonce d'une hausse des puits en activité aux Etats-Unis, dans un marché prudent avant une importante réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) le 22 juin. Vers 04H00 GMT, le baril de "light sweet crude" (WTI), la référence américaine du brut, pour le contrat de juillet, cédait 7 cents à 65,67 dollars par rapport à la clôture de vendredi, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne, pour livraison en août montait de 3 cents à 76,49 dollars. La production grimpe généralement à l'approche de l'été en prévision d'une hausse de la consommation d'essence, du fait du départ sur les routes de nombreux Américains pour leurs congés. Le marché s'inquiète de l'abondance de l'offre dans le pays, alors que l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA) a fait état la semaine dernière d'une forte hausse des stocks de brut et de produits raffinés aux Etats-Unis ainsi que d'un nouveau record côté production. Le climat était par ailleurs empreint d'un certain attentisme à un peu plus d'une semaine d'une rencontre de l'Opep. Le cartel, qui s'est associé à d'autres producteurs, dont la Russie, pour limiter ses extractions afin d'éviter une surabondance et ainsi de faire remonter les prix, se réunit officiellement à Vienne le 22 juin et les rumeurs vont bon train sur les décisions qui pourraient en sortir. "Tout comme le sommet Trump-Kim pose un risque géopolitique énorme pour la région Asie-Pacifique (en référence à la rencontre prévue mardi à Singapour entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un), la réunion de l'Opep est cruciale pour les marchés pétroliers", a commenté dans une note aux clients Stephen Innes, d'Oanda. "Les cours de brut pourraient diminuer de manière significative", a-t-il averti, si l'Opep et ses partenaires décidaient de relancer leurs extractions pour compenser les baisses du Venezuela et de l'Angola ainsi que le risque d'une limitation des exportations iraniennes.