A neuf jours de la réunion de l'Opep qui devrait valider une prolongation de l'accord de réduction de la production, le marché mondial du pétrole semble se diriger vers un rééquilibrage de plus en plus vite, même si le niveau des stocks ne reflète pas encore la baisse de production mise en œuvre à l'initiative de l'Opep. C'est du moins ce que relève l'Agence internationale de l'Energie (AIE), dans son rapport mensuel rendu public hier. L'Agence, qui maintient sa prévision de croissance de la demande mondiale pour 2017 à 1,3 million de barils par jour (bpj), affirme avoir constaté un ralentissement dans des pays gros consommateurs de brut, comme les Etats-Unis, l'Allemagne et la Turquie, et relève une baisse des stocks en mars, pour un deuxième mois d'affilée, de 32,9 millions de barils à 3,025 milliards de barils. Sur l'ensemble du premier trimestre, les stocks des pays industrialisés ont néanmoins augmenté de 24,1 millions de barils et l'AIE relève que des données préliminaires suggèrent que cette hausse s'est poursuivie en avril. Au premier trimestre 2017, «nous pourrions ne pas avoir observé une baisse franche, mais les chiffres confirment notre récent message qu'un rééquilibrage est bel et bien là, et qu'à court terme au moins, il s'accélère», souligne l'Agence. Quant à la production mondiale, l'AIE met en avant une baisse de 140 000 bpj, en avril, à 96,17 millions de bpj, «en raison d'une baisse des pompages dans des pays hors Opep, comme le Canada». Mais au vu des fortes hausses de production aux Etats-Unis, au Brésil et au Kazakhstan, l'AIE dit tabler sur une progression en 2017 de 600 000 bpj de la part des pays qui n'appartiennent pas au cartel. Sur les marchés, les prix du pétrole montaient, mardi, en cours d'échanges européens, la bonne volonté a été montrée lundi par l'Arabie Saoudite et la Russie pour reconduire l'accord de limitation de la production. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 52,00 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 18 cents par rapport à la clôture de lundi dernier. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour le contrat de juin gagnait 18 cents à 49,03 dollars. Lundi, le brent avait grimpé à 52,63 dollars, son plus haut depuis plus de trois semaines, tandis que le WTI avait plafonné à 49,66 dollars. Il y a quelques jours, l'Arabie Saoudite et la Russie, les deux plus grands producteurs mondiaux, ont donné le signal le plus fort possible pour laisser entendre que les efforts actuels de limitation de la production seraient renouvelés au-delà de 2017. Les deux pays comptent défendre lors de la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) le 25 mai à Vienne un renouvellement de 9 mois de l'accord qui lie les pays du cartel, menés par l'Arabie Saoudite et ses partenaires, dont la Russie. Quant à l'Algérie, chef de file de l'initiative de gel de la production, le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, s'est rendu, en début de semaine, à Baghdad où il a rencontré son homologue irakien, Jabbar Al Aluaibi. Les deux parties s'étaient exprimées en faveur d'un prolongement de «l'accord Opep et non Opep lors de la prochaine conférence ministérielle».