Les Bourses européennes ont toutes chuté lundi, les investisseurs s'inquiétant pour le commerce mondial, après les menaces américaines visant les investissements chinois. La Bourse de New York reculait fortement lundi à la mi-séance, le Dow Jones Industrial Average baissant vers 16H15 GMT de 1,67% à 24.170,07 points, l'indice élargi S&P 500 de 1,74% à 2.706,91 points et le Nasdaq de 2,56% à 7.495,75 points. "Avec la dernière menace en date sur la possibilité que l'administration Trump vise les investissements chinois dans les entreprises américaines de la technologie, le marché craint vraiment une expansion de la guerre commerciale", a remarqué Peter Cardillo de Spartan Capital Securities. "Les investisseurs, occultant complètement un indice sur l'immobilier plutôt bon, font savoir qu'ils n'aiment pas la direction que prend toute cette discussion autour du commerce et semblent vouloir rester sur un mode défensif tant qu'il n'y aura pas de recul sur le sujet", a-t-il ajouté.
L'Eurostoxx 50 a perdu 1,97% A Paris, l'indice CAC 40 a perdu 1,92%, à 5.283,86 points. Le secteur automobile, aux premières loges de la guerre commerciale, a souffert. Renault a perdu 2,57% à 74,75 euros, Peugeot 1,56% à 20,13 euros, Michelin 1,29% à 106,95 euros et Valeo 1,44% à 49,97 euros. Parmi les titres technologiques, STMicroelectronics a perdu 4,64% à 19,23 euros et Soitec 1,81% à 76,05 euros. Air France-KLM a reculé de 3,19% à 7,46 euros. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, souhaite un nouveau P-DG dès juillet et a souligné que le directeur financier de Veolia, Philippe Capron, évoqué pour le poste, n'était qu'"un candidat parmi d'autres". Eutelsat a perdu 6,21% à 16,53 euros dans la foulée de l'intérêt manifesté pour son concurrent britannique Immarsat. Solocal (+1,79% à 1,08 euro) prévoit de supprimer 1.000 postes sur 4.500 d'ici à 2019 et a signé des accords avec les syndicats "majoritaires" pour "encadrer" cette réorganisation. Erytech Pharma (-30,44% à 10,90 euros), a retiré sa demande de commercialisation de son traitement de la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL). A Londres, l'indice FT- SE 100 a cédé 2,26% à 7.508,81 points. La plupart des secteurs ont souffert, en particulier les valeurs minières, qui ont beaucoup à perdre d'une perturbation des échanges commerciaux mondiaux. Anglo American a lâché 4,53% à 1.620,20 pence, Antofagasta 3,24% à 995,20 pence, BHP Billiton 3,81% à 1.602,80 pence et Rio Tinto 3,34% à 4.042,50 pence. Les compagnies pétrolières ont subi l'effet de cours du brut en ordre dispersé, après avoir dans un premier temps salué en fin de semaine dernière l'accord sur l'augmentation de la production de l'Opep. BP a perdu 3,40% à 557 pence et Royal Dutch Shell (action "B") 3,08% à 2.624 pence. La banque HSBC (-2,58% à 702,30 pence) a annoncé l'arrivée au poste de directeur financier de Ewen Stevenson. La société d'investissement Melrose Industries (-4,19% à 212,60 pence) a obtenu l'accord des autorités américaines pour acheter le groupe industriel GKN, présent notamment dans le secteur de la défense aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Côté pharmaceutiques, AstraZeneca a cédé 0,54% à 5.201 pence et Shire 0,58% à 4.042,50 pence. A Francfort, l'indice DAX a perdu 2,46% à 12.270,33 points et le MDax des valeurs moyennes 2,10%, à 25.847,60 points. Le spécialiste allemand des puces électroniques et semi-conducteurs, Infineon, largement implantée outre-atlantique, a décroché de 5,28% à 21,89 euros. Le secteur automobile, toujours menacé par le président américain, est resté sous pression: Daimler a cédé 2,76% à 56,07 euros, BMW 1,82% à 78,85 euros et Volkswagen 2,44% à 145,74 euros. Commerzbank et le sidérurgiste ThyssenKrupp ont chuté, respectivement de 3,57% à 8,28 euros et 3,31% à 20,77 euros. Lufthansa s'est replié de 5,06% à 21,58 euros. A Amsterdam, l'indice AEX a baissé de 2,41% à 546,81 points. ASML a perdu 5,05% à 168,40 euros et le sidérurgiste Arcelor Mittal 5,04% à 25,98 euros. A la hausse, Gemalto a gagné 0,20% à 50,14 euros. A Bruxelles, l'indice BEL 20 a perdu 1,41% lundi, l'indice Bel-20 des valeurs vedettes clôturant à 3.710,49 points. Le marché, presque exclusivement dans le rouge, a été plombé par la société de biotechnologies arGEN-X qui a reculé de 4,31% à 73,20 euros. Parmi les trois seules valeurs dans le vert, Telenet a pris 5,12% à 42,30 euros. L'indice SMI de la bourse suisse a clôturé à 8.458,75 points, en repli de 1,83%. Parmi les plus fortes chutes, l'horloger Swatch (-4,06% à 456,20 francs suisses), le groupe de luxe Richemont (-3,32% à 84,34 francs suisses), ou les valeurs bancaires: -3,41% pour la deuxième banque du pays Credit Suisse (15,85 francs suisses), -2,75% pour son concurrent UBS (15,05 francs suisses) et -2,85% pour la banque de gestion privée Julius Baer (57,36 francs suisses). Nestlé, l'un des poids lourds défensifs, est parvenu à limiter sa baisse (-0,51% à 74,82 francs suisses). A Madrid, l'indice IBEX a baissé de 1,79% à 5.290,93 points. Les valeurs bancaires ont nettement reculé (Banco Santander -2,99% à 4,59 euros; BBVA -1,73% à 5,96 euros; CaixaBank -2,45% à 3,58 euros; Bankia -2,57% à 3,26 euros). Le groupe aérien IAG (Iberia, British Airways) a perdu 4,51% à 7,91 euros et l'aciériste Arcelor Mittal 4,90% à 26 euros. Seules deux valeurs ont terminé en hausse: Cellnex Telecom (+0,68% à 22,27 euros) et l'opérateur Red Electrica (+0,36% à 17,98 euros). A Milan, l'indice MIB a abandonné 2,44% à 21.355 points. La moins mauvaise performance a été réalisée par Campari (-0,22% à 6,91 euros), suivi de Snam (-0,29% à 3,469 euros) et Terna (-0,31% à 4,451 euros). Plus fort recul, Prysmian (-10,00% à 20,88 euros), qui a lancé un avertissement sur ses résultats ce week-end. Très mauvaise séance également pour Unipol (-6,15% à 3,327 euros), STMicrolectronics (-4,81% à 19,19 euros) et Tenaris (-4,27% à 15,015 euros).
Wall Street succombe aux tensions La Bourse de New York a une nouvelle fois été rattrapée lundi par la bataille commerciale engagée par les Etats-Unis contre ses principaux partenaires, dont les investisseurs redoutent de plus en plus les conséquences sur les entreprises américaines. Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 1,33% à 24.252,80 points après avoir dégringolé en cours de séance de plus de 2%. Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a cédé 2,09% à 7.532,01 points. Le S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises cotées à Wall Street, a reculé de 1,37% à 2.717,07 points. Le regain d'hostilité commerciale entre Washington et Pékin rend fébrile les courtiers, qui hésitent entre espoirs de voir toutes les négociations en cours aboutir à une résolution et craintes d'une mise en œuvre prolongée des sanctions brandies par les deux parties. "A en croire plusieurs études d'impact, les conséquences économiques ne sont pourtant pas si importantes, en tout cas aux Etats-Unis", a souligné Christopher Low, économiste pour FTN Financials. "Mais si on se concentre sur le S&P 500, la plupart de ses entreprises réalisent la moitié de leurs bénéfices à l'étranger", et les barrières commerciales "sont potentiellement des gros éléments perturbateurs", a-t-il remarqué. Le marché réagissait notamment lundi aux informations de presse selon lesquelles l'administration Trump prévoit d'annoncer à la fin de la semaine des restrictions limitant les investissements chinois dans les entreprises technologiques aux Etats-Unis. Le conseiller du président Trump pour le commerce, Peter Navarro, a semé la confusion en affirmant sur la chaîne d'informations CNBC que Washington n'avait pas l'intention d'imposer à un quelconque pays "des restrictions aux investissements" tout en admettant qu'il avait "été demandé au département du Trésor d'examiner la question des restrictions aux investissements" dans un rapport d'ici la fin du mois. Dans tous les cas, les investisseurs "font savoir qu'ils n'aiment pas la direction que prend toute cette discussion autour du commerce et semblent vouloir rester sur un mode défensif tant qu'il n'y aura pas de recul sur le sujet", a estimé Peter Cardillo de Spartan Capital Securities.
Harley-Davidson touché Tous ces remous commencent en effet à avoir quelques conséquences concrètes: le constructeur emblématique de motos américaines Harley Davidson a annoncé lundi délocaliser une partie de sa production pour échapper aux tarifs douaniers instaurés par Bruxelles en représailles à ceux de Washington. Son titre a chuté de 5,97%. Les grandes multinationales du Dow Jones pouvant souffrir de restrictions au marché chinois ont aussi particulièrement pâti des derniers rebondissements: McDonalds a perdu 2,88%, Boeing 2,27% et Caterpillar 2,40%. La Bourse de New York a également été lestée lundi par le repli des valeurs du secteur de l'énergie, comme Chevron (-1,99%) et ExxonMobil (-2,02%), dans le sillage de la baisse des cours du pétrole. Parmi les autres valeurs du jour, le conglomérat General Electric a cédé 2,30% après avoir confirmé la vente d'une unité de fabrication de moteurs industriels à la société de capital-investissement Advent International pour 3,25 milliards de dollars. Campbell Soup, qui a engagé en mai un examen stratégique de ses activités, a bondi de 9,40%. Selon le New York Post, le groupe agro-alimentaire pourrait faire l'objet d'une offre de rachat par Kraft Heinz (+0,17%). L'opérateur de téléphonie Mobile AT&T a grappillé 0,06% après avoir annoncé l'acquisition pour 1,6 milliard de dollars de la plateforme de publicité programmatique AppNexus. Signe d'un intérêt accru pour les actifs jugés moins risqués, le marché obligataire progressait: le taux d'intérêt sur la dette américaine à 10 ans baissait vers 20H35 GMT à 2,883% contre 2,895% vendredi soir, et celui à 30 ans à 3,028% contre 3,039% à la précédente clôture.