Sherhind, une association spécialisée dans la valorisation du patrimoine culturel méditerranéen, organise, de concert avec le Centre de recherches interdisciplinaires sur les mondes ibériques contemporains de l'université française La Sorbonne, un forum sur la culture arabo-andalouse . Ce rendez-vous qui se déroulera le 14 mars prochain à Paris vise à faire connaître la musique arabo-andalouse à travers son histoire, son répertoire et ses principaux représentants. Selon l'association Sherhind, " la mémoire des peuples vivant sur les deux rives de la Méditerranée conserve, en grande partie l'héritage culturel qui prit naissance en Andalousie dès le IXe siècle". Et l'histoire ainsi que les vesrtiges historiques sont là pour le prouver chez nous comme dans toute la péninsule ibérique. Nul n'ignore que l'âge d'or de l'islam se situe entre le IXe et le XVe siècle. Car à peine deux siècles après la disparition du prophète Mahomet, le pouvoir était éclaté et le règne des khalifes s'était étendu de l'est vers l'ouest, Bagdad, Le Caire et Cordoue où siégeaient les khalifes. Trois zones avaient cependant des influences et des pouvoirs principaux : Il s'agit des Abbassides qui couvraient l'Iran et l'Irak du Sud; les Fatimides qui s'étendaient sur l'Egypte, la Syrie et l'ouest de l'Arabie; et enfin, l'andalousie allant du Maghreb à l'Espagne musulmane. A cette époque le monde arabo-islamique avait de solides bases culturelle, religieuse et linguistique au point où la langue arabe fut à cette même époque, la langue scientifique internationale, comme c'est le cas aujourd'hui de la langue anglaise. Celui qui parlait l'arabe était considéré comme une personne non seulement érudite mais raffinée. Ce n'était pas une langue propre aux musulmans car elle était étudiée et parlée à la fois par les musulmans les mozarabes (chrétiens sous domination musulmane) et les juifs. Amateurs de la beauté, de l'esthète et de la nature, les andalous valorisaient hautement la prose et la poésie. Jusqu'alors le pouvoir se concentrait à Cordoue, la capitale de l'Andalousie, mais les trois période de Taifas ou régnait une anarchie totale avait provoqué sa décentralisation. La forme la plus cultivée et la plus élégante de la poésie fut la qasida, et celle plus populaire s'appelait muwashaha et zéjel, dont l'auteur le plus réputé fut Ibn Quzman (XIIe siècle), dont la renommée s'étendit jusqu'à Bagdad. Bien que l'Islam ne favorisait pas l'éclatement de la chose lyrique, durant la période arabo-andalouse, de grands musiciens ont fait leur apparition dont le célèbre Ziryab, provenant de Bagdad au IXe siècle, qui, tout en révolutionnant les modes vestimentaires, la cosmétique et la cuisine fut un magnifique joueur de luth auquel il ajouta une cinquième corde. La prose -surtout philosophique- fut notamment représentée par le penseur Ibn Tufayl, qui se fit remarquer par son ouvrage Hayy Ibn Yaqzan, connu aussi sous le nom du Livre du Philosophe autodidacte. Des émirs et califes, tels qu' Abderrahman II, Abderrahman III y al-Hakam II furent eux-mêmes de grands érudits qui s'entourèrent de savants. Ils firent traduire les principales œuvres grecques et édifièrent des mosquées où l'on enseignait la religion et la jurisprudence. Certains furent même de grands poètes comme le roi Al-Mutamid de Séville. On créa aussi des bibliothèques publiques et privées, ce qui traduit bien la portée culturelle de cet empire. Le célèbre Ibn Hazm (994-1064) consacra de nombreuses pages au classement des sciences dans des livres comme le Maratib al-ulum ou Kitab al-ajlak. Cet auteur a été un des plus prolifiques de l'Islam qui s'est distingué en tant que poète, théologien, juriste, historien et philosophe. Un autre des grands sages fut Saïd qui rédigea, entre autres, le Tabaqat. L'occupation arabe de l'Espagne durant huit siècles aura laissé un grand héritage scientifique et culturel. Certains historiens considèrent d'ailleurs l'Espagne musulmane comme le centre culturel le plus important du monde à cette époque.