Le maître de la musique andalouse Ahmed Serri a donné, dernièrement, une conférence suivie d'un concert de chant arabo-andalou, à la Sorbonne, à Paris. Cet hommage en l'honneur du chantre de la musique andalouse a été organisé sous les auspices du Centre de recherches interdisciplinaires sur les Mondes ibériques contemporains, relevant de l'université de Paris-Sorbonne, dirigé par Sadi Lakhdari. Ce dernier a voulu avec la contribution d'anciens élèves d' Ahmed Serri, installés en France, promouvoir cette musique à travers une figure de proue de l'andalou, aroubi et hawzi. Citons parmi ces anciens élèves Farid Bensarsa, directeur de l'ensemble El Mawsili et Saâd-Eddine El Andaloussi, musicien, musicologue et responsable de l'ensemble Es Safina. Ahmed Serri est un musicologue talentueux qui a toujours œuvré pour la préservation et la promotion de la musique andalouse. Il est le récipiendiaire de plusieurs distinctions, dont la dernière en date est sa nomination en 2006 en qualité de président de la Fédération nationale des associations de musique classique algérienne (Fnamca). Lors de la communication qu'il a animée devant une assistance nombreuse, il a révélé qu'il a enregistré la totalité de ce qu'il connaît du répertoire de la musique arabo-andalouse de l'Ecole d'Alger. Il a, ainsi, essayé de défendre cette musique pour mieux le sauvegarder. Ahmed Serri est revenu sur son riche parcours artistique, tout en ne manquant pas de rendre hommage au regretté Pr Abderrazek Fakhardji. La musique a toujours été sa passion, il confie qu'il a eu la chance d'intégrer l'association El-Djazairia, l'une des plus anciennes associations de musique andalouse en Algérie puisqu'elle fut créée en 1930 et dirigée alors par le grand maître Fakhardji. « Fakhardji, dit-il, était un des plus grands détenteurs de ce patrimoine transmis généralement oralement. J'ai appris le maximum de ce que m'a confié mon maître à partir de 1946. J'avais 20 ans. » Abordant son parcours d'enseignant, il dira : « Je pense avoir fait ce que je devais faire. » Ses élèves, présents en grand nombre à cette rencontre, lui ont dédié l'ensemble de leurs travaux réalisés en France. Des réalisations visant à transmettre aux générations futures ce patrimoine culturel algérien, dans le double souci de le préserver et de le promouvoir, c'est du moins ce qu'ont affirmé certains d'entre eux. Le directeur de l'association El Mawsili, Farid Bensara a abondé dans le même sens, tout en ne cachant pas son émotion de se retrouver pour la première fois depuis de nombreuses années, devant son maître. Un cheikh qu'il qualifiera de « débordant de générosité, de valeurs intrinsèques, de respect et de technicité ». Il a indiqué que son professeur Sid Ahmed Serri a transmis à ses élèves tout ce qu'il pouvait . « Il est allé au-delà de la musique en trouvant la meilleure manière de la porter, donc de l'aimer et de la préserver. J'essaie, de mon côté, de ramener cette musique ici, à Paris, en inventant une nouvelle pédagogie qui s'adresse aux élèves et à leurs parents » déclare-t-il. Le chanteur Saâd-Eddine El Andaloussi a retracé l'origine de cette musique savante et son écriture. Il a, toutefois, insisté sur la nécessité de continuer à la promouvoir, tout en restant fidèle aux maîtres de la stature de Sid Ahmed Serri. Cette conférence s'est soldée par d'autres communications aussi intéressantes les unes que les autres. La soirée s'est clôturée par une brillante prestation musicale dirigée par Ahmed Serri, pour le plus grand bonheur des présents.