Le groupe pétrolier norvégien DNO International, première compagnie étrangère autorisée à prospecter en Irak de l'après-Saddam, a annoncé vendredi avoir conclu un accord avec les autorités kurdes irakiennes sur le partage de la production sur deux blocs locaux. Il est dit que l'accord avec les autorités kurdes lève un obstacle vers l'exportation du pétrole produit localement par DNO. Cependant, les incertitudes ne sont pas levées pour DNO. En effet, le gouvernement irakien et les autorités kurdes s'opposent sur leurs légitimités respectives à gérer les gisements d'hydrocarbures locaux. "Tous les contrats seront gérés par le gouvernement central", avait déclaré le ministre irakien du Pétrole, Hussein Chahristani, la semaine dernière. "Aucun des contrats signés par des régions de l'Irak ne sera reconnu par le gouvernement de l'Irak". "Les compagnies ne seront pas autorisées à travailler sur le territoire irakien à moins que leur contrat ait été approuvé par le gouvernement central à Baghdad", a-t-il ajouté. Pour rappel, le ministre avait affirmé, en novembre, avoir annulé une quinzaine de contrats pétroliers signés récemment par les autorités du Kurdistan irakien. Le pouvoir en place à Baghdad conditionne toute autorisation à l'aval du gouvernement central. Mais pour cela, il devrait être en mesure de mettre en place une législation pétrolière consensuelle. En effet, les dissensions font traîner l'adoption de la loi pétrolière, en discussion depuis plus d'un an au Parlement à Baghdad, sans laquelle les majors donc les Américaines, ne peuvent opérer en Irak. Tout en stigmatisant les autorités du Kurdistan irakien, Chahristani ne semble pas enclin à attendre que le Parlement irakien réfractaire approuve la loi pétrolière irakienne qui apporterait une structure légale aux investissements étrangers dans l'industrie du pétrole. En effet, les dirigeants de quelques-unes des majors pétrolières du monde ont rencontré des officiels du ministère du Pétrole irakien depuis le 24 janvier dernier à Amman, en Jordanie, pour discuter des termes des contrats de support technique. Récemment, Chahristani a déclaré à Argus Media que ces contrats de services "aideront l'Irak de façon accélérée à acheter l'équipement nécessaire et à former les Irakiens qui les installeront", ajoutant que ces sociétés seraient favorisées dans l'appel d'offres pour des contrats à long terme sur les champs de pétrole irakiens, prévus plus tard dans l'année. Dans un reportage, le Times of London a rapporté que ExxonMobil, Chevron, ConocoPhillips et Shell ont été ciblées par le ministère du Pétrole irakien pour se voir attribuer ces contrats de services. Ce reportage dit qu'en échange du pétrole, ces quatre compagnies pétrolières superviseraient la formation des travailleurs irakiens et l'équipement des plus gros champs pétroliers et gaziers d'Irak. Sans aucun doute, c'est l'heure de la récompense pour les quatre majors qui n'ont pas cessé de renifler le sol et de travailler avec le ministère irakien pendant les quatre dernières années dans la conduite de sondages des réserves, aidant à concevoir des plans de travail et en formant le personnel. Le point essentiel est que Chahristani est apparemment en position de distribuer des jackpots aux majors pétrolières, d'autant que tout le monde sait qu'en dehors du facteur sécuritaire, le risque d'explorer le brut en Irak est virtuellement nul. Historiquement le pétrole a été facile à trouver, peu coûteux à produire et il est de première qualité. Dans les circonstances actuelles de la scène énergétique mondiale, le plan de hâter les efforts étasuniens, pour arriver à une plus grande indépendance pétrolière, se traduit en termes politiques par leur prise de contrôle des réserves irakiennes de pétrole. Pour ce faire, Washington compte sur Chahristani pour faire avancer les accords pétroliers malgré l'opposition véhémente à l'intérieur de l'Irak.