Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL
Le cours du Brent est coté dans la matinée du 11 novembre 2018 à 69,64 dollars le Brent (61,43 euros) et 59,84 dollars le Wit (52,78 euros) après avoir dépassé les 80 dollars le début octobre 2018. .Or, depuis plusieurs décennies l'économie algérienne est tributaire de la rente des hydrocarbures et toutes les lois de finances reposent sur l'évolution du cours du pétrole.
L'Algérie dont le quota OPEP est de 1,2 millions de barils jour auquel il faut soustraire les 50.000 barils de réduction, doit être également attentive au cours du gaz ( GN et GNL) qui représente plus de 47% des recettes de Sonatrach, cours déconnecté de celui du pétrole, et dont les contrats à moyen et long terme dans leur majorité expirent en 2019 avec l' entrée massive de nouveaux producteurs sur le marché mondial
1.- Les douze principaux indicateurs du projet de loi de finances 1.1.-L'avant-projet de loi de finances 2019 est établi sur la base d'un baril de pétrole brut à 50 dollars US et un taux de change de 118 dinars algériens pour un dollars US, contre 115 pour 2018. 1.2.-Cet avant-projet prévoit un taux de croissance de l'économie nationale de 2.6% pour l'année 2019 (3.4% en 2020 et 3.2% en 2021) et un taux d'inflation de 4.5% (3.9% en 2020 et 3.5% en 2021), le taux étant inférieur pour le FMI et la Banque mondiale, influant sur le taux de chômage. 1.3.- Les recettes budgétaires s'établiraient en 2019 à 6.507,9 milliards de dinars, en hausse de +0,2% par rapport aux recettes prévues en clôture de 2018. Quant aux dépenses, elles se situeraient à 8.502,2 milliards de dinars, en baisse de 1,5% par rapport à l'exercice en cours, ce qui induirait un déficit budgétaire de 9,2% par rapport au PIB. 1.4.- Les dépenses de fonctionnement devraient augmenter de 7,5% à 4.954.5 milliards de dinars et les dépenses d'équipement se contracter fortement (-6.1% pour les autorisations de programmes qui baisseront à 2.601,7 milliards de dinars et -12.2% pour les crédits de paiements qui se situeraient à 3.547,7 milliards de dinars contre 4.043,3 milliards pour l'exercice en cours). Les dépenses d'équipement baissent sensiblement (-6.1% pour les autorisations de programmes qui baisseront à 2.601,7 milliards de dinars et -12.2% pour les crédits de paiements qui se situeraient à 3.547,7 milliards de dinars contre 4.043,3 milliards pour l'exercice 2018. Les crédits de paiement destinés à l'investissement (1.486,3 milliards de dinars) devraient se concentrer à hauteur de 71% dans trois secteurs : le soutien à l'habitat, l'agriculture et l'hydraulique ainsi que les infrastructures économiques et administratives. 1.5.- Les exportations des hydrocarbures, devraient s'établir à 33.2 milliards de dollars US, soit une diminution de 1% par rapport à la clôture de l'année 2018, à 34,5 en 2020 et 35,2 milliards de dollars 2021 Quant aux importations des marchandises, elles devraient s'établir à 44 milliards de dollars (en légère hausse par rapport aux prévisions de la LF 2018) mais 42,9 et 41,8 en 2020 et 2021. Le déficit commercial de 10,4 milliards de dollars est prévu pour 2019, 8,2 milliards en 2020 et 6,4 milliards en 2021. 1.6.-.Mais le document de référence n'est pas la balance commerciale mais la balance des paiements qui inclut les sorties de devises des services ( 9/10 milliards de dollars/an) plus les transfert légaux de capitaux dont les entreprises régies par la règle des 49/51% fluctuant entre 3/5 milliards de dollars /an ce qui donnerait des sorties de devises fluctuant annuellement entre 55/60 milliards de dollars. Ainsi les soldes de la balance des paiements s'établiraient à -17.2 milliards de dollars en 2019, -14,2 milliards en 2020 et -14 milliards en 2021. 1.7.- Dans l'avant-projet de loi de finances 2019, les transferts sociaux budgétisés pour 2019 s'élèveront à 1772,5 milliards de dinars, représentant 8,2% du PIB et d'environ 21% de la totalité du budget de l'Etat en hausse de 12,5 milliards (+0,7%) par rapport à 2018. Le taux des transferts sociaux avait atteint 22,8% du budget général de l'Etat sur la période 2000-2004, puis 24,5% sur la période 2005-2009, puis 25% du budget de l'Etat en 2010-2015 et 23% entre 2016 et 2017. Les crédits budgétisés pour les transferts sociaux couvriront notamment plus de 445 mds DA destinés au soutien aux familles, tandis que près de 290 mds DA sont destinés aux retraites et auxquels s'ajoutera une dotation d'appui de 500 mds DA à la Caisse Nationale des Retraites (CNR). Des mesures sont également prévues, telle que " la bonification totale des intérêts sur les crédits bancaires destinés à l'AADL " pour la " construction de 90.000 nouveaux logements ". 1.8-Selon le PLF 2019 le déficit du trésor serait d'environ 18 milliards de dollars ce qui laisse prévoir d'importants recours à sa monétisation par le biais de la planche à billets. Il faudrait un cours d'environ de 95/100 dollars le baril pour ne pas puiser dans les réserves de change 1.9- Les principaux indicateurs analysés dans l'avant-projet de loi de finances 2019, ont un impact sur l'évolution du niveau des réserves de change et la cotation officielle du dinar, existant un écart d'environ 50% avec la cotation sur le marché parallèle. Les réserves de change ont évolué ainsi : 2012 :190,6 milliards de dollars, 2013 :194,0 milliard de dollars, 2014 :178,9 milliards de dollars, 2015 :144,1 milliards de dollars, 2016 : 114,1 milliards de dollars, 2017 : 97,3 milliards de dollars. Selon la banque d'Algérie, bilan du premier semestre 2018, par rapport à fin décembre 2017, les réserves de change se sont contractées de 8,72 milliards de dollars en passant de 97,33 milliards à fin décembre 2017 à 88,61 milliards à fin juin 2018, ce qui donnerait fin 2018, selon la même tendance un montant d'environ 77/78 milliards de dollars. Selon le PLF comme incidence, l'encours des réserves de change sera impacté et se contracterait à 62, milliards de dollars en 2019, 47.8 en 2020 et à 33.8 milliards de dollars en 2021, le FMI prévoyant 12 milliards de dollars courant 2022. 1.10-Cela influe sur le taux de change corrélé aux réserves de change via les recettes d'hydrocarbures à plus de 70%. 1970 : 4,94 dinars un dollar ,en 2002 -75,35 dinars,2007-95,00 dinars un euro-69,36 dinars un dollar, 2008 -94,85 dinars un-euro-64,58 dinars un dollar-2009-101,29 dinars un euro-72,64 dinars un dollar, 2010-103,49 dinars un euro-74,31 dinars un dollar- 2011-102,21 dinars un euro-72,85 dinars un dollar-2012, 102,16 dinars un euro-77,55 dinars un dollar,2013-105,43 dinars un euro- 79,38 dinars un dollar,2014-106,70 dinars un euro-80,06 dinars un dollar, 2015-108,60 dinars un-euro- 99,50 dinars un dollar, 2016-116,57 dinars un euro-109,43 dinars un dollar, 2017 - 110,96 dinars un dollar et 125,32 dinars un euro et la cotation entre le 11 novembre sur le marché parallèle, l'Euro est échangé à plus de 210 dinars algériens un euro avec un cours officiel achat de 134 dinars un euro et 118 dinars un dollar. Ce dérapage du dinar (la banque d'Algérie parle de glissement) permet de gonfler la fiscalité hydrocarbures libellées en dollars et la fiscalité ordinaire libellée en euros, les taxes au port s'appliquant à un dinar déprécié, voilant l'importance réelle du déficit budgétaire, réalisant pour la partie qui s'adresse aux biens de consommations, réalisant ainsi une épargne forcée. 1.11- Le projet de loi des finances 2019 impose la taxe sur la valeur ajoutée, TVA, sur toutes les transactions et les ventes en ligne et les prix du service internet seront également augmentés. Mais , aucune augmentation dans les prix du gaz, de l'électricité, du carburant et pas d'augmentation direct des impôts n'est prévu , le dérapage du dinar (inflation importée) et la planche à billets ( inflation interne) qui indirectement constitue un impôt indirect supporté par les consommateurs en, pour remplacer certaines taxes. 1.12-Le PLF 2019 prévoit des mesures destinées notamment à améliorer la gestion des finances publiques ainsi qu'à renforcer la lutte contre la fraude, ainsi que des mesures encourageant le secteur industriel. en introduisant un dispositif anti-abus qui devrait de limiter de la déduction de certaines charges (financières ou autres) effectuées par les sociétés soumises à l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) en limitant des frais d'assistance technique et financière, de la limitation de la déduction des intérêts financiers servis aux associés ou entre entreprises apparentées. Il est prévu l'encouragement de la fabrication locale d'intrants dans l'industrie des énergies renouvelables, afin d'encourager l'intégration nationale par la révision des taux des droits de douane et de la TVA pour juguler l'importation des composants intermédiaires (le module photovoltaïque) et le produit fini (le générateur photovoltaïque).
2.- Le PLF 2019 reflet des tensions au niveau de la balance commerciale Les résultats globaux obtenus en matière des réalisations des échanges extérieurs de l'Algérie pour la période de l'année 2017 font ressortir un déficit de la balance commerciale de 11,19 milliards de dollars US, soit une diminution de 34,39% par rapport à celui enregistré durant l'année 2016. Cette tendance s'explique essentiellement par la hausse plus importante des exportations des hydrocarbures de 15,78%, par rapport à celle des importations qui ont enregistré une légère baisse de 2,4%.
En termes de couverture des importations par les exportations, les résultats en question, dégagent un taux de 76% en 2017 contre un taux de 64% enregistré en 2016. Les importations Algérienne ont diminué de 2,4% par rapport à l'année 2016, passant de 47,08 milliards de dollars US à 45,95 milliards de dollars US. Les hydrocarbures ont représenté l'essentiel des exportations à l'étranger durant l'année 2017 avec une part de 94,54% du volume global des exportations, et une augmentation de 16,45% par rapport à l'année 2016. Les exportations " hors hydrocarbures ", qui restent toujours marginales, avec seulement 5,46% du volume global des exportations soit l'équivalent de près de 1,89 milliard de Dollars US, ont enregistré une augmentation de 5,21% par rapport à l'année 2016. Les groupes de produits exportés en dehors des hydrocarbures 2016/2017 sont constituées essentiellement de dérivées d'hydrocarbures. - huiles et autres produits provenant de distillation du goudron, 21,92% en 2016 et 27,96% en 2017, l'ammoniacs anhydres, 17,89% en 2016 et 18,00% en 2017, les engrais minéraux 24,80% en 2016 et 17,05% en 2017, les hydrocarbures cycliques 2,40% en 2016 et 1,66% en 2017. Ce qui nous donne un total de 67,01% pour 2016 et 64,67% en 2017 sur les 1,89 milliards de dollars soit 1,22 milliards de dollars restant seulement pour les autres produits 670 millions de dollars. Si l'on prend en compte le phosphate calcium, 3,98% en 2016 et 2,90% en 2017, le montant est inférieur. Pour les huit premiers mois de 2018 nous avons un volume global des importations de 30,39 milliards de dollars US soit une baisse de 2,40 % par rapport aux résultats des huit premiers mois 2017 et un volume global des exportations de 28,34 milliards de dollars US, en augmentation de 23,48% par rapport aux résultats des huit premiers mois 2017. Cela s'est traduit par un déficit de la balance commerciale de l'ordre de 2,05 milliards de dollars US, contre un déficit de 8,19 milliards de dollars US enregistré durant les huit mois 2017,soit une diminution de près de 74,9% avec un taux de couverture des importations par les exportations de 93% contre un taux de 74% au cours des huit premiers mois 2017 toujours grâce à l'envolée sur cours des hydrocarbures, facteur exogène qui échappe à la gouvernance interne. Dans la structure des exportations, les hydrocarbures continuent à représenter l'essentiel des ventes à l'étranger avec une part de 92,90% du volume global des exportations, et une hausse de 21,23% par rapport à la même période 2017. Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles demeurent toujours marginales, avec seulement 7,10% du volume global des exportations soit une valeur plus de 2 milliards de dollars US, enregistrant une hausse de 63,13% par rapport aux huit premiers mois 2017. Les principaux produits hors hydrocarbures exportés, sont constitués essentiellement par le groupe " demi-produits " qui représente une part de 5,70% du volume global des exportations soit l'équivalent de 1,62 milliard de dollars US. Le groupe " biens alimentaires" vient en seconde position avec une part de 0,88% soit 250 millions de dollars US suivi par le groupe "produits bruts " avec la part de 0,24% soit en valeur absolue 67 millions de dollars US, et enfin les groupes " biens d'équipement industriels" et "biens de consommations non alimentaires " avec les parts respectives de 0,20% et 0,08%. Si l'on prend la structure par produits, nous avons pour un total de 2,013 milliards de dollars : pour les huit premiers mois de 2018, les groupes de produits exportés en dehors des hydrocarbures 2016/2017, sont constituées essentiellement de dérivées d'hydrocarbures -les engrais minéraux 33,62% -huiles et autres produits provenant de distillation du goudron 24,14% -l'ammoniacs anhydres 15,51%. Ce qui nous donne 73,27% soit 1,548 milliards de dollars, restant aux autres produit seulement 465 millions de dollars. Mais comme rappelé précédemment, le document le plus fiable est la balance des paiements qui retrace le flux de biens (commerce extérieur des marchandises), de services, de revenus, de transferts de capitaux et les flux financiers réalisés entre l'Algérie et le reste du monde, représentant l'ensemble des entrées et sorties de devises entre l'Algérie et les autres pays . Dans ce cadre faute d'une véritable politique industrielle, il est utile de rappeler les données récentes qui accroit la facture d'importation et donc les sorties de devises de la facture d'importation des collections CKD destinées à l'industrie de montage des véhicules de tourisme s'est établie à plus de 1,83 milliard de dollars sur les huit premiers mois de 2018, contre 936,86 millions de dollars durant la même période de 2017,selon le Centre national des transmission et du système d'information des Douanes et les importations des véhicules de Transport de Personnes et de Marchandises et de collections CKD de cette catégorie de véhicules, s'établissant à 386,2 millions de dollars sur les huit premiers mois de 2018 contre 323,65 millions de dollars à la même période de 2017, donnant une facture globale à 2,22 milliards de dollars entre janvier et fin août 2018 contre 1,26 milliard de dollars à la même période de 2017, plus de 3 milliards de dollars fin 2018.
3.- Le PLF 2019 fonction du cours des hydrocarbures L'amélioration du solde de la balance commerciale entre 2018/2020/2022 sera fonction essentiellement des recettes de Sonatrach d'où l'importance de comprendre les mutations énergétiques mondiales. Par rapport au volume global des exportations en 2017, évaluées à 34,76 milliards de dollars nous avons hors hydrocarbures net 1,93% et hydrocarbures/dérivées 98,07% et pour les huit premiers mois de 2018, évaluées à 28,34 milliards de dollars , nous avons 1,64% hors hydrocarbures net et hydrocarbures/dérivées 98,36% ( source calcul à partir des statistiques douanières). Les réserves de pétrole en Algérie selon des données contradictoires fluctuent entre 10/12 milliards de barils et pour le gaz entre 2500/3000 milliards de mètres cubes gazeux, où lors du conseil des ministres du 6 octobre 2015, il avait été déclaré 10,17 milliards de baril et 2745 milliards de m3 de gaz toute forme confondue. Mais l'Algérie possède le troisième réservoir mondial selon des études américaines en pétrole/gaz de schistes, 812 TCF dont 230 techniquement récupérables, soit respectivement 22980 et 6505 milliards de mètres cubes gazeux, mais en n'oubliant pas nous ne sommes pas dans le cas des gisements traditionnels comme Hassi R'Mel ou Hassi Messaoud , sous réserve de la protection de l'environnement, il faudrait perforer environ 5000 ( le nombre variant selon la géologie ) dont la durée de vie n'excède pas cinq ans pour avoir dix milliard de mètres cubes gazeux. Selon les Echos.fr cela nécessiterait environ 10.000 à 15.000 m3 d'eau par puits ainsi que des additifs chimiques .Mais d'autres techniques sont en cours horizon 2020/2025 qui économiserait plus de 90% d'eau et de produits chimiques (voir l'étude pour le gouvernement (de 620 pages) qui a été remis au premier ministre le 25 février 2015, " pétrole et gaz de schiste, opportunités et risques ". Pour l'Algérie, l'énergie étant au cœur de la sécurité nationale, avec une très forte consommation intérieure le risque pour le gaz conventionnel est d'être équivalent aux exportations actuelles horizon 2030, posant la problématique des subventions généralisées et de l'urgence d'un nouveau modèle de consommation énergétique (efficacité énergétique, et énergies renouvelables). Selon le bilan officiel de Sonatrach 2017, la production et les exportations se structurent ainsi : la production de Gaz naturel en millions de mètres cubes a été de 96599 (1,7%) pour une exportation de 37594 (-2,2%), la production et les exportations de gaz naturel GNL en millions de mètres cubes 16410(+5,7%), la production de pétrole brut a été 49468 Kt (-2,9%) et l'exportation de 24677( -2,2%), la production et les exportations de condensat en K tonnes a été 9219 (_0,1%), le Gpl aux champs a été de 7980 Kt (-3,2%) et les exportations de 6932 (-5,2%),les produits raffinés en KT 15941 (-1,8%), autres Gnw( électricité 880 (-71,2%), soit un total de production 165861 en Kt (_0,2%) pour une exportation de 108.257 (-2,2%) contre une production 166184 (2016) et une exportation de110643 en 2016. Ce qui donne en pourcentage pour les exportations : GN, 32,9%, GNL, 14,4%,( au total gaz 47,3%) pétrole brut 25,2%, condensat, 4,4%, produits raffinés 15,6%, Gpl 7,6%, d'où l'importance d'être attentif à l'évolution du prix tant du gaz (le cours le 10/11/2018 étant à 3,5 dollars le MBTU inferieur par rapport aux années 2008/2009 représentant, selon les données physiques de Sonatrach, pour 2017 plus de 47% des exportations) -l'essentiel des exportations, facteurs exogènes (Voir contribution internationale - Mena/Forum- diffusion internationale Londres/Bruxelles " The eight factors determining the price of oil by Dr A. Mebtoul | Nov 1, 2018).. Selon l'agence Reuters en moyenne octobre 2018, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a extrait 33,31 millions de barils par jour (bpj) soit 390.000 bpj de plus qu'en septembre. une partie du supplément de production de l'Opep provenant de l'Irak seconde réserve mondiale de pétrole (léger) à un cout inférieur à 20% de celui de l'Arabie Saoudite et en cas de stabilité pouvant facilement produire plus de 5/6 millions de barils /jour, , de la République du Congo et de la Guinée Equatoriale, qui ont rejoint l'organisation en 2018 et 2017, mais certains pays de l'OPEP n'ont pas respecté les quotas. Ainsi, les EAU a connu une augmentation de la production de 200.000 bpj à 3,25 millions de bpj, la Libye avec une production de 1,22 million de bpj en moyenne, en hausse de 170.000 bpj, qui pourrait en cas de stabilité produire environ 2 millions de barils/j. Les experts prévoient également une augmentation de la production au Kazakhstan et au Brésil. La production de l'Iran (5% des reserves mondiales de petrole et quatrième rang dans le monde avec environ 150 milliards de barils et deuxième reservoir de gaz naturel après la Russie avec 34.000 milliards de mètres cubes gazeux ) a connu une production de 1,85 millions barils/j en octobre 2018,l largement inférieur du quota fixé par l'OPEP, ses principaux clients étant la Chine, l'Inde et la Turquie, recul inférieur aux anticipations du moins pour l'instant. Hors Opep, la Russie a produit 11,41 millions de bpj, avec 11,36 millions de bpj en septembre 2018. Le ministre de l'Energie de l'Arabie saoudite a fait savoir le 30 octobre 2018 sous pression américaine de porter la production d'or noir à 12 millions de barils par jour contre 10,7 millions actuellement, pour combler la production iranienne et dans ce cas il sera suivi par la Russie qui ne veut pas perdre des parts de marché. Et paradoxe lors d'une réunion à Abou Dhabi de pays membres de l'Opep le 11 novembre 2018, le même ministre annonce une réduction pour décembre de 500.000 barils par jour moins élevées qu'en novembre, tout e précisant qu'il n'y avait " pas encore de consensus " entre grands pays producteurs de pétrole pour réduire la production de brut d'un commun accord. La récente diminution des prix de pétrole est le résultat d'une part d'une demande en baisse de la Chine, le plus grand importateur, qui connaît un ralentissement de sa croissance, selon Cailin Birch, analyste à l'Economist Intelligence Unit et d'autre part, les sanctions américaines contre l'Iran qui menaçaient de faire baisser l'offre mondiale et de faire grimper les prix se sont avérées moins sévères que prévu, huit pays principaux importateurs de l'Iran n'ayant pas été touchés par les sanctions( Chine, Inde, Turquie notamment), sans compter l'écoulement au marché noir à un prix inferieur à celui du marché.
Mais en cas où les pays OPEP et non OPEP ne combleraient pas le déficit iranien, selon les analystes de Bank of America Merrill Lynch, sauf crise mondiale majeure où le prix pourrait descendre en dessous de 60 dollars, le prix du Brent pourrait augmenter, d'environ 8 à 9 dollars par baril, au dessus de 70 dollars le baril, étant le prix d'équilibre afin de ne pas pénaliser ni les pays consommateurs ni les pays producteurs. En cas d'accroissement de la production et une croissance de 2/3%, le cours du Brent devrait fluctuer, entre 65/75 dollars en 2019. Tout en rappelant qu'un prix supérieur à 60 dollars devrait entrainer l'entrée massive du pétrole et du gaz de schiste US dont les gisements marginaux, qui sont les plus nombreux, deviennent rentables avec une production supérieure à 10 millions de barils/jour. En août 2018, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), les USA sont devenus le premier producteur mondial de pétrole, devant la Russie et l'Arabie saoudite, avec 10,9 millions de barils par jour et cette production devrait même dépasser 11,5 millions de barils par jour en 2019.
4.- Une vision stratégique condition du redressement national La situation socio-économique actuelle exige une action vigoureuse de redressement national qui doit constituer la principale priorité au vu des tensions géostratégiques au niveau de la région et budgétaires inévitables entre 2019/2020/2025, avec des incidences sur le cours du pétrole, principale source de devises du pays, les principaux indicateurs de la PLF2019 analysés précédemment ont un impact sur la dynamique ou le ralentissement économique et sociale du pays, sur l'évolution du niveau des réserves de change et la cotation officielle du dinar, existant un écart d'environ 50% avec la cotation sur le marché parallèle. Du fait du manque de vision stratégique, les principales mesures, la règle des 49/51% instaurée en 2009, le passage du Remdoc au Credoc, les licences d'importation, la règle 49/51% et maintenant fin 2018 et 2019 , les taxes à l'importation dont les taux devront être négocié avec les institutions internationales, n'ont pas permis de faire baisser sensiblement la facture d'importation de biens et services. Comme impact du cours du pétrole, le prix de cession du gaz étant depuis quelques années déconnecté du prix du pétrole (abondance de l'offre), une hausse d'un dollar en moyenne annuelle procurerait à l'Algérie pour une exportation de 1,4-1,5 millions de barils/jour, environ 500 millions de dollars supplémentaires soit à 70 dollars entre 10 milliards de dollars/an en référence au plancher de la loi de finances établie à 50 dollars, soit 1180 milliards de dinars au cours de 118 dinars un dollar, permettant de limiter le financement non conventionnel. Pour une production d'un million de barils/jour nous aurons un gain de 370/400 millions de dollars et donc par an et toujours en référence au cours plancher de 50 dollars entre 7/8 milliards de dollars. Aussi, quel que soit le scénario, ce montant est insuffisant, sauf plus de rigueur budgétaire, meilleure allocation des ressources financières, ciblage des subventions, lutte contre les surcoûts, et la corruption à travers les surfacturations. Par exemple et sous réserve d'une stabilité cours dinar/dollar, car l'artifice comptable du dérapage du dinar par rapport au dollar réduit artificiellement le déficit du Trésor, avec un cours de 100 dinars un dollar, le déficit serait en augmentation de près de 20% avoisinant 21,24 milliards de dollars par rapport au PLF2019 où le déficit du trésor serait d'environ 18 milliards de dollars (au cours achat de 118 dinars un dollar ) , ce qui laisse prévoir le recours à sa monétisation par le biais de la planche à billets. Selon la Banque centrale l'encours du financement conventionnel, communément connu sous le nom de " planche à billets", du Trésor par la Banque d'Algérie " est demeuré, à fin juin 2018, identique à celui de fin mars 2018 ", soit 3585 milliards de dinars, dont 2185 milliards de dinars au 4e trimestre de 2017 et 1400 milliards de dinars au premier trimestre de 2018. Certes, la poussée inflationniste n'est pas encore perceptible en 2018, mais les sondes de chocs ne se font sentir qu'après deux à trois années comme au Venezuela. Selon le FMI des mesures conjoncturelles sans vision stratégique, ce mode de financement aura aussi atteint ses limites à partir de 2020 avec le risque des taux d'inflation et de chômage élevés. Selon le ministre des finances devant l'APN le 28 octobre 2018, le gouvernement a dépensé 1000 milliards de dinars pour rembourser les dettes de Sonatrach et de Sonelgaz et le reste a été exploité pour booster l'investissement et pallier le déficit du Trésor public. Aussi, contrairement aux prévisions du directeur général du Trésor, il faudrait en 2019 un cours d'environ 95/100 dollars le baril pour ne pas puiser dans les réserves de change et ne pas utiliser le financement non conventionnel (voir contribution www.algerie1.com). Et également contrairement aux discours politiques, existent des liens, outre l'impact inflationniste à terme,(déséquilibre offre/demande) entre le financement non conventionnel et la baisse des réserves de change puisque plus de 80% des matières premières et équipements sont importés et en mettant à la disposition des opérateurs des dinars, ceux-ci peuvent importer impactant la balance devises. Par une nouvelle gouvernance et une plus grande rigueur budgétaire qui permettraient la réduction des coûts par une bonne gestion, la lutte contre la corruption, un meilleur choix de l'allocation des investissements et donc un changement de cap de la politique, économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l'Algérie peut sens sortir, possédant des atouts avec un endettement extérieur faible, moins de 7 milliards de dollars et surtout la ressource humaine, richesse bien plus importante que toutes les ressources naturelles ( voir notre interview à American Herald Tribune 11 aout 2018). Cela implique d'éviter à tout prix de vivre de l'illusion de la rente éternelle et penser en urgence, pour des raisons de sécurité nationale à un nouveau modèle de consommation énergétique (mix énergétique dont l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables dont le coût a diminué de plus de 50%) et surtout à une stratégie de développement hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, supposant de profondes réformes structurelles. Trois paramètres stratégiques déterminent l'avenir de l'économie algérienne : le cours du pétrole, l'évolution des réserves de change et la pression démographique (plus de 50 millions d'habitants en 2030), devant créer minimum 300.000/400.000 postes de travail nouveaux par an, nécessitant un taux de croissance annuel sur plusieurs années de 8/9% en termes réel. Pour relever les défis futurs, se projeter sur l'avenir, loin de tout populisme dévastateur, une nouvelle gouvernance, un langage de vérité et la moralité des gouvernants s'imposent. En ce mois de novembre 2018 et cela depuis des décennies, l'Algérie souffre actuellement d'une crise de gouvernance et non d'une crise financière. Mais cette crise de gouvernance risque de se transformer dans trois années en crise financière, économique et politique avec l'épuisement des réserves de change. L'Algérie, pays à fortes potentialités acteur déterminant de la stabilité de la région, a besoin d'une stratégie d'adaptation, face aux nouvelles mutations mondiales et énergétiques avec l'avènement de la quatrième révolution économique qui se fondera essentiellement sur l'économie de la connaissance à travers le digital et l'intelligence artificielle afin d'éviter la cessation de paiement horizon 2022 avec les risques de tensions sociales et la déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine avec des interférences étrangères, du fait que l'Algérie est un enjeu géostratégique, ce qu'aucun patriote algérien ne souhaite. Aussi, l'Algérie a besoin d'une nouvelle stratégie, loin des slogans creux populistes, s'adaptant au nouveau monde , d'un retour à la confiance pour sécuriser son avenir, de s'éloigner des aléas de la mentalité rentière, de réhabiliter le travail et l'intelligence , de rassembler tous ses enfants et toutes les forces politiques, économiques et sociales, évitant la division sur des sujets secondaires Le devenir de l'Algérie doit l'emporter sur les intérêts personnels et partisans étroits. Il y va de la sécurité nationale. 11 novembre 2018 [email protected]
Références Interview du Pr Abderrahmane Mebtoul aux quotidiens arabophones El Bilad et Mahwar Youmi 12/11/2018 sur ce sujet - à Radio Algérie Internationale - 04 octobre 2018 " contenu de l'avant-projet de loi de finances 2019 et rapport de la mondiale en date du 02 octobre 2018 -Ouvrage collectif pluridisciplinaire (juristes, sociologues- économistes-politologues) sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul " réformes et démocratie en Algérie " Casbah Edition (2 volumes 500 pages 2005) - Contributions du Pr Abderrahmane Mebtoul parues ParisFrance dans le quotidien économique français les Echos.fr (2013/2014) sur l'économie algérienne face aux mutations mondiales Pr Abderrahmane Mebtoul l'American Herald tribune 11 aout 2018 " Dr. Abderrahmane Mebtoul: "Algeria Still Faces Significant Challenges " - pour lire l'original en, anglais ( 15 pages) site -https://ahtribune.com/interview/2424-abderrahmane-mebtoul.html - s à l'American Herald Tribune 28 décembre 2016 (58 pages) et au quotidien financier français la Tribune.fr mars 2017 " toute déstabilisation de l'Algérie aurait un impact sur l'espace méditerranéen et africain "- -Contribution Londres/Bruxelles Site Mena Forum " Algeria, in an unfinished transition period Challenges of 2018, 2020 & 2030 Algeria: Reform " by Dr A. Mebtoul | Aug 5, 2018 -Institut Français des Relations Internationales - IFRI- " La coopération Europe/Maghreb face aux enjeux géostratégiques 55 pages 04 avril 2011 " et du même auteur " la problématique de la sphère informelle au Maghreb (IFRI 28 pages 03 décembre 2013). - L'Afrique, le Maghreb face aux enjeux des flux migratoires " site Afrik Press ParisFrance deux parties 24/27 juin 2018 et pour une nouvelles stratégie de développement de l'Algérie (trois parties) 8/9/10 août 2018 -interview du Professeur Abderrahmane Mebtoul débat 13/11/2017-radio algérienne publique chaine 3 et interview à la télévision internationale ParisFrance Africa24 le 13/11/2017 - Mena/Forum diffusion internationale Amérique-Europe-Asie-Afrique Moyen Orient- -Londres/Bruxelles en deux parties 11 et 13 novembre 2017- by Dr A. Mebtoul" Urgency of a strategic vision articulating the functions of the State, Local Authorities and the Market " 2.-Dossier sous la direction du Professeur des Universités-Expert International, le Dr Abderrahmane Mebtoul assisté de 20 experts internationaux ( 620 pages) remis au premier ministre le 25 février 2015 sous le titre " pétrole et gaz de schiste en Algérie-opportunités et risques " Ci-joint le plan sommaire du rapport et pour éviter toutes mauvaises interprétations sans aucune rémunération, Volume I : Synthèse à partir de la sélection de rapports transmis de managers de différents horizons d'experts internationaux et nationaux -Volume II- Données technico-économiques Sur le gaz de schiste par les experts internationaux Volume III- Ceux qui mettent en relief le danger -contre l'environnement et prônent la maîtrise technologique -Volume IV- Ceux qui prônent son exploitation mais sous condition d'une formation pointue -Volume V- Les nouvelles techniques comme alternatives à la fracturation hydraulique -Volume VI - Etudes sur la rentabilité économique du pétrole-gaz de schiste aux USA et dans le monde -Volume VII- Avis des experts de Sonatrach et du Ministère de l'Energie et débats contradictoires entre experts algériens -Volume VIII- Annexe -Extrait du rapport pour le gouvernement américain en date du 27 octobre 2014 sur les mutations des filières énergétiques dont le pétrole-gaz de schiste : 2015/2040- (plus de 100 experts-480 pages) A Reality Check On US. Governement Forecasts For A Lasting Tight Oi, Shale Gas Bom. 3.-Dans le cadre du programme prévisionnel de la 2ème édition de la Conférence Internationale des ONG Africaines Membres de l'ECOSOC des Nations Unies où la rencontre se déroulera au Centre International de Conférences Abdelatif Rahal sis au Club des Pins, Staouèli, Alger du 19 au 21 novembre 2018, j'interviendrai la première Journée le 19/11/2018 à 10h 45 sur le Théme1 : " la crise Migratoire en Afrique, état des lieux, défis, enjeux et perspectives ", après le représentant du ministère des affaires étrangères, du Président de l'ANEJ, de l'Intervention de l'Invité d'honneur Mr. BENTOUNES Khaled. du Président du Parlement Africain et du Président de l'Amicale des Etudiants Africains Etrangers en Algérie, ne pouvant assister aux deux journées suivantes. .-Dans le cadre de la rencontre internationale organisée en décembre 2018 par le Ministère de la Défense Nationale Institut Militaire de Documentation, d'Evaluation et de Prospective IMDEP sur le thème définitif retenu " sécurité collective et nouvelles conflictualités : les défis contemporains de la construction de la paix, j'interviendrai sur le thème " mutations géostratégiques, conflictualités et sécurité collective au Sahel et en Méditerranée ". A l'invitation du P-DG de Sonatrach, et pensant objectivement que l'actuelle direction fait un excellent travail, j'ai assisté ce jeudi 08 novembre 2018 à Oran à la présentation de Sonatrach horizon 2030 et de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures ayant moi-même dirigé plusieurs audits sur Sonatrach au niveau des différents gouvernements de 1974 à 2008