Le président du Parlement européen (PE), Antonio Tajani, a été interpellé pour enquêter sur une possible violation du code de conduite de l'institution par les députés européens, dont nombre d'entre eux travaillent en étroite collaboration avec des hommes politiques marocains parmi eux d'anciens ministres. La demande d'engager cette enquête intervient suite aux dernières informations révélées dans l'article d'EUobserver, "Exposé: comment le Maroc fait pression sur l'UE pour sa revendication sur le Sahara occidental". Le co-président du groupe des Verts, Philippe Lamberts, a officiellement demandé, dans une lettre envoyée mardi à M. Tajani, de renvoyer l'affaire à un conseil de surveillance interne appelé "comité consultatif sur la conduite des membres", expliquant que les informations révélées dernièrement par l'article d'EUobserver, justifient des mesures supplémentaires à l'encontre de plusieurs députés, compte tenu de leurs liens étroits avec des hommes politiques marocains. L'article montrait comment les eurodéputés avaient créé une fondation avec d'anciens ministres marocains dans le cabinet de lobbying Hill + Knowlton Strategies, situé à environ 150 mètres du Parlement européen. Les mêmes eurodéputés travaillent également à entériner un accord commercial controversé entre l'UE et le Maroc, qui doit être voté en plénière en janvier prochain. Trois des députés européens de la fondation avaient collectivement déposé un amendement à l'accord tendant à inclure le territoire du Sahara occidental et ses eaux territoriales dans l'accord commercial entre l'UE et le Maroc, transgressant ainsi les arrêts de la Cour de justice européenne, qui fait la distinction entre les territoires marocain et sahraoui. La fondation, connue sous le nom d'EuroMeda, ne figure pas dans le registre des lobbyistes de l'UE. Le socialiste français Gilles Pargneaux, la libérale française Patricia Lalonde, le centre-droit roumain Romona Manescu et la libérale belge Frédérique Ries font partie des personnes interrogées.
La légitimité de Patricia Lalonde contestée Dénoncée par plusieurs parlementaires européens, notamment pour ses prises de positions favorables au Maroc, Patricia Lalonde, rapporteur du Parlement européen (PE), chargée du dossier de renégociation de l'accord commercial Union Européenne-Maroc, est membre du Conseil d'administration de la dite fondation pro-marocaine. Elle compte parmi les membres influents au sein de la fondation marocaine, au sein de laquelle elle occupe un poste dans le Conseil d'administration d'EuroMedA, aux côtés d'anciens et actuels hauts responsables marocains du ministère de l'Agriculture et de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, M'barka Bouaida, ex secrétaire d'Etat auprès du ministère marocain des Affaires étrangères, qui avait représenté le Maroc à l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne, avait révélé samedi le site Euobserver, dénonçant un conflit d'intérêt "majeur". Alors que l'Ong Western Sahara Resource Watch (WSRW) s'interroge sur la "légitimité" et le "rôle" de cette parlementaire qui s'était déjà distinguée par sa "partialité". Dans une enquête exclusive, Euobserver, a rapporté, avec documents officiels à l'appui, l'existence de liens entre le rapporteur de la Commission du commerce international du parlement européen et des groupes pro-marocains, notamment avec la "Fondation EuroMedA", une organisation de "façade" pour le Maroc, installée dans les locaux du bureau bruxellois du cabinet de lobby "Hill + Knowlton Strategies", dont les principaux clients sont l'Etat marocain. Patricia Lalonde, femme politique française, avait effectué en septembre dernier, une mission parlementaire dans les territoires sahraouis occupés pour s'enquérir des retombées de l'accord de pêche UE-Maroc allait être élargi illégalement aux eaux territoriales sahraouies, alors que les arrêts de la Cour de justice de l'union européenne (CJUE) avaient statué que le Maroc n'a aucune souveraineté sur les territoires sahraouis et que les deux territoires sont distincts. La Cour avait ainsi rejeté tout accord commercial impliquant le Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui. WSRW avait souligné que la délégation européenne, conduite par Patricia Lalonde dans les territoires sahraouis occupés était "controversée en ce sens que l'eurodéputée passait tout son temps à recevoir des représentants marocains et à soutenir l'accord commercial UE-Maroc dès le premier jour de la mission, sans même avoir rencontré les Sahraouis". Lamberts a également noté que Mme Lalonde n'avait pas révélé ses relations avec la fondation lors de ses interventions devant plusieurs instances parlementaires, notamment la commission du commerce international et la commission des affaires étrangères. Les règles du code de conduite exigent des rapporteurs tels que Lalonde qu'ils divulguent, avant de parler, "tout conflit d'intérêts réel ou potentiel lié à la question à l'examen". Lamberts a tiré la même conclusion sur Pargneaux, compte tenu de sa position de co-auteur du rapport sur le commerce UE-Maroc au nom du groupe socialiste.