Le ministre du Commerce, Said Djellab, a affirmé ,mardi à Alger, que le retard de l'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) était lié à des choix économiques stratégiques de l'Etat algérien et non pas à des raisons bureaucratiques, citant les mesures de soutien aux exportations nationales et les droits de douanes pour la protection du produit national. "L'OMC examine le système économique de tout Etat avant d'accepter son accession et chaque Etat doit observer les règles de l'Organisation durant les négociations, ce qui nécessite beaucoup de temps d'autant plus que la partie algérienne s'apprête à défendre ses intérêts durant ces négociations", a déclaré M. Djellab en réponse aux membres de la Commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN), présidée par Toufik Torche en présence du ministre des Relations avec le parlement, Mahdjoub Bedda, dans le cadre de l'examen du projet de loi de règlement budgétaire 2016. Répondant aux questions des membres de la commission, le ministre a indiqué que "l'OMC exige à titre d'exemple la réduction des droits de douanes à des taux très bas et la limitation du soutien aux exportations, alors que l'Algérie impose des droits de douanes pour protéger son produit national de la concurrence étrangère et soutient les exportations pour permettre au produit national d'accéder aux marchés étrangers". "Le retard accusé dans l'accession de l'Algérie à l'OMS est lié aux options stratégiques de l'Etat algérien, notamment en matière d'encouragement des exportations nationales et la protection du produit local ", a précisé M. Djellab niant, à ce propos, l'existence de tout problème d'ordre bureaucratique". Le premier responsable du secteur du commerce a fait état, également, de la stratégie de son secteur qui place le dossier des exportations en tête des priorités nationales, expliquant que "l'objectif est de parvenir au financement de toute ou partie des importations par les exportations nationales et non en puisant des recettes du pétrole". Le ministre s'est dit satisfait des mesures prises en termes de limitation des importations qui ont régressé, selon lui, de 58 milliards USD en 2015 à près 45 milliards USD en 2018. Actuellement, la priorité est focalisée sur la satisfaction des besoins nationaux tant par la production locale que par l'exportation des produits vers l'étranger, a fait savoir M. Djellab, d'où l'organisation récemment par son secteur de manifestations économiques dans plusieurs pays africains et arabes en vue de promouvoir le produit national au niveau des marchés étrangers. Concernant le marché local et les produits à large consommation, le ministre a avancé que la stratégie du secteur visait la généralisation des marchés de vente en gros, l'éradication des marchés parallèles et l'accélération de création de marchés de proximité permettant de garantir le produit au citoyen et contribuant ainsi à la baisse des prix. S'agissant de la hausse des prix des produits à large consommation, notamment les fruits et légumes, M. Djellab a fait savoir que "l'absence de traçabilité dont les factures et les documents sur toute la chaîne de vente et d'achat à partir du fellah à l'acheteur en passant par le vendeur de gros et de détail donne lieu à la spéculation d'où une hausse des prix". "L'absence de facturation au niveau des agriculteurs ne permet pas d'identifier les quantités d'approvisionnement disponibles au niveau des marchés de vente en gros, ce qui empêche de contrôler les prix", a-t-il ajouté. Pour ce faire, le ministre a affirmé que ses services ont lancé une campagne d'assainissement au niveau des marchés de gros où "ils ont découvert nombre de vendeurs qui ne disposent pas de registre de commerce et s'approvisionnent auprès des agriculteurs pour la revente au niveau de ces marchés", soulignant que de telles procédures "permettront de réguler les marchés et de contribuer au contrôle des prix". Les services de contrôle au niveau du ministère ont lancé également une campagne au niveau des marchés de vente en détail pour obliger les commerçants à afficher les prix d'achat et de vente de chaque produit, permettant au citoyen de connaître les prix réels de produits et d'exercer une pression sur les commerçants pour ne pas exagérer en terme de marge bénéficiaire". En ce qui concerne "la forte hausse" des prix de la banane (800 DA) enregistrée récemment sur le marché, le ministre a expliqué que cette situation était liée au système de quotas d'importation, notamment après l'épuisement des stocks importés ainsi que le monopole pratiqué par certains commerçants, indiquant qu'il avait été procédé à la saisie de deux dépôts contenant des quantités estimées respectivement à 80 et 60 tonnes de banane, qui, par la suite, avaient été distribuées aux écoles et établissements hospitaliers, tout en soumettant leurs auteurs à l'investigation, ce qui a mené, selon le ministre, à l'apparition de quantités considérables sur le marché, stockées auparavant par d'autres commerçants à des fins de monopole. M. Djellab a estimé en outre que la déclaration du ministère à propos de l'autorisation d'importer à nouveau la banane avait conduit au recul des prix sur le marché (400 DA), affirmant que les prix continueront de reculer dans la limite de 200 DA, avec l'arrivée des premières quantités de ce produit qu'il a considéré comme "organisateur" des prix de fruits qui baisseront grâce au recul du prix de ce fruit. Il a ajouté que toutes ces mesures initiées par le ministère du Commerce, au niveau des marchés de gros ou de détail, ainsi que celles relatives à la garantie de l'abondance du produit sur les marchés nationaux, donneront leur fruit dans les prochains mois et "permettront inévitablement aux prix de fruits et de légumes de revenir à leur niveau normal avant le mois de Ramadhan prochain".