Ahmed Boucena, Président-directeur général de l'ANEP, (Entreprise nationale de communication et de publicité), et président du comité d'organisation du XIe SILA (Salon international du livre d'Alger) est un homme satisfait. Non pas un satisfecit au sens ordinaire du terme, mais celui d'un sentiment de sérénité lié à la rigueur, à la ponctualité et surtout à la richesse qui a caractérisé cette année l'un des rendez-vous éditoriaux les plus attendus en Algérie, le XIe SILA. En exclusivité, Ahmed Boucena nous dresse le bilan encore précoce des grands moments qui ont accompagné cette manifestation qu'il considère d'ailleurs comme “la plus importante du Maghreb”. Le Maghreb : Nous somme à J-2 de la clôture du XIe SILA, un salon dont vous avez présidé le comité d'organisation. Qu'elles sont vos appréciations du moment ? Ahmed Boucena : J'ai une appréciation concernant les visiteurs, les invités du salon, l'organisation bref….et je vous en donne la preuve puisque j'ai engagé une équipe pour faire un sondage sur le comportement de tous les gens qui fréquentent le salon, donc qui vont vers la chose livresque. Les Algériens et le livre à travers les visiteurs du Xe Sila est le titre de l'ouvrage fraîchement sortie chez une filiale de l'ANEP. (IPSOFIM), et dans ce dernier, l'on retrouve, chiffres à l'appui, le rapport intime qui caractérise nos citoyens par rapport à tout le secteur livresque. Cela pour vous dire que cette étude a été également engagée pour le XIe Sila que je préside et, le bilan que je communiquerai plus tard à la presse approchera de façon "scientifique" la réalité de ce XIe salon.
Qu'est ce qu'il en ressort ? Personnellement je pense qu'il y a une nette amélioration entre le Xe et le XIe SILA. Ça se développe !
Etes-vous satisfait ? Oui. Mais nous n'avons pas encore atteint tous les objectifs que nous nous sommes assigné. Nous avons un salon d'un standing international. En tant que responsable qui a eu à aller à la rencontre d'autres salons, je peux vous dire que le SILA peut être classé comme le premier rendez-vous livresque du Maghreb et l'un des premiers dans le monde arabe.
Quels sont les objectifs pour lesquels vous œuvrez ? Nous voulons que ce salon soit d'une perfection irréprochable, dans le sens où nous n'aurons pas à recevoir des constats d'insuffisance de la part de quiconque. C'est vrai que des insuffisances il y en a eu, cette année, sur le registre des retards de l'arrivage des produits, de la mise en place de ces derniers…..et même si ce fait ne dépend pas directement du comité d'organisation nous voulons tout faire pour éviter ces désagréments.
Il y a un constat général fait et par la presse et par les visiteurs…. Le livre religieux envahit le salon. Personne n'est contre le livre religieux. Nous sommes plutôt contre le livre subversif, celui qui va à l'encontre des lois de la République. Au niveau du règlement intérieur, nous avons prévu le refus catégorique d'accepter au salon les K7 et CD, autres supports du genre qui concernent la religion. Nous avons également prévu de refuser les livres qui dépassent les 5 ans d'âge.
Mais de nombreux stands ne proposent justement que ces CD et K7 pour une bouchée de pain ! Nous avons été tolérants cette année. Les exposants n'ont peut-être pas lu le règlement intérieur du salon et sont arrivés à Alger avec leur marchandise, nous ne pouvions les bloquer. Cela dit, tous ces produits sont sous le contrôle du ministère des Affaires religieuses ainsi que du ministère de la Culture que nous remercions au passage.
Pouvez-vous d'avance affirmer que ces produits seront introuvables lors des prochaines éditions ? C'est notre souhait. Et nous allons veiller à ce que le règlement soit respecté par tous.
Concrètement, quel a été l'apport de ce salon par rapport au public ? D'abord il y a eu une nette amélioration sur le plan organisationnel, de la participation qui a augmenté de 20%. Le nombre de titres, toutes spécialités confondues exposé, est passé de 85 000 à 90 000. Quoi que le livre religieux reste dominant, il y a eu dans le salon une extraordinaire nouveauté et diversité de titres exposés. De plus, le public que nous avons reçu était un public charmant, et les Algériens nous ont étonné par leur comportement serein. D'autre part, le salon a été pour la première fois placé sous un thème générique, et cette année c'était, Ecriture et émancipation. Sur la base de ce thème nous avions programmé de nombreuses rencontres au café littéraire ; des rencontres que nous avions réalisées pratiquement à 100%. Avec les éditeurs nous avons également installé des ventes dédicaces très riches, sans oublier le traditionnel prix des libraires qui est allé cette année à Waciny Laaâredj. Les enfants n'ont pas été oubliés à ce rendez-vous qui leur consacre à peu près, 30% de son espace. Sur le plan sécuritaire, le salon était parfait. Sur le plan communicatif également puisque les médias sont venus en force et nous ont accompagnés du début jusqu'à la fin de cette manifestation. Nous avons relevé, par ailleurs, la magnifique disponibilité de l'ensemble des institutions telles les Affaires religieuses, la Culture, la Safex, les douanes, la DGSN, la Protection civile,…. qui nous ont facilité de nombreuses opérations.
Etes-vous déjà sur le chantier des préparatifs du XIIe SILA ? Il sera lancé juste après le rapport sur le bilan du XIe SILA. Dans notre planning, on commence d'abord par une conférence bilan qui permet d'évaluer les lacunes et les forces de ce rendez- vous, et dès janvier prochain nous nous mettrons sur le chantier du XIIème SILA.
Quelle a été selon vous la nouveauté de cette édition ? En plus du thème, de l'organisation …..il y a une augmentation du nombre d'éditeurs algériens qui sont passés de 60 l'an dernier à 120 cette année. D'ailleurs les éditeurs algériens prennent de plus en plus contact avec les éditeurs étrangers, et dans ce sens, beaucoup de contrats de coédition et autre ont été passés ou projetés. La nouveauté, en dehors de la magnifique publication du livre se rapportant à notre Histoire, c'est que cette année nous avons initié et appliqué le principe d'un pays invité d'honneur. Cette année c'est l'Italie qui a reçu tout les égards, en s'installant de façon confortable et gratuite dans nos espaces. N'oublions surtout pas que la date du XIe SILA nous l'avions repositionnée afin qu'elle coïncide cette fois avec la date du 1ère Novembre. Une date que nous avons définitivement inscrit dans notre agenda. A ce titre, 50% des conférences que nous avions arrêtées ont concerné justement l'histoire de l'Algérie. Des conférences animés par des auteurs connus, tels Vergès, Henry Alleg Yasmina Khadra …..et tant d'autres que nous remercions vivement de leur présence. Toujours dans le cadre de ce salon, l'ANEP a publié un coffret de livres dont certains titres ont été préfacés par Son Excellence le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Ce coffret concerne les écrits universels sur l'anticolonialisme et c'est notre Président lui-même qui en a souhaité l'édition dans le cadre d'une collection qui s'intitule, "Voix de l'anticolonialisme". Le coffret contient dix titres, dont les auteurs sont entre autres, Albert Mémi, Henry Alleg, Jean Paul Sartre, Ferhat Abbas, l'Emir Khaled, Vergès…
Nous vous laissons conclure…. Pour terminer, je tiens, avant tout, à remercier la Safex, notre partenaire pour les efforts qu'elle a accomplie tout au long de ce salon. Nous remercions, également, nos sponsors tels, l'ENTV, l'ENRS, Mobilis, Algérie Télécom, la CAAR, Air Algérie, l'hôtel Hilton, ainsi que toutes les structures qui nous ont apporté et leur aide et leur contribution. Je remercie, aussi, toute la presse nationale pour sa présence effective. M.M
Les Algériens et le livre à travers les visiteurs du Xe SILA chez IPSOFIM (filiale de l'ANEP) Tout sur... qui lit, quoi, comment ? Si vous avez des lacunes concernant le comportement des Algériens à la chose livresque vous serez comblé. Pour la première fois dans les annales éditoriales , un livre qui concerne cette question est né. L'ouvrage fraîchement sorti de IPSOFIM, une filiale de l'ANEP à l'occasion du XIe Salon international du livre d'Alger, s'intitule Les Algériens et le livre à travers les visiteurs du Xe SILA. Comme vous l'avez sans doute compris, ce livre s'appuie essentiellement sur le comportement du public qui s'est rendu au Xe SILA, un espace de concentration et d'attraction du produit éditorial. La nouvelle publication de IPSOFIM est, en fait, une enquête sociologique qui s'appuie sur un sondage réalisé sur la base de questions incontournables comme : "qui visite le SILA ? pourquoi ? qu'elles sont ses motivations ? Quel est leur degré de satisfaction ? Quelles sont ses attentes ? Les Algériens et le livre à travers les visiteurs du Xe SILA peut, à ce titre, d'avance être classé parmi les livres de référence, indispensables et pour la communauté estudiantine et pour les éditeurs et pour tous les curieux qui veulent, davantage, connaître les rapports souvent incompris entre l'Algérien et le livre.
