Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohammed Laksaci, a souligné mardi lors d'une intervention faite à l'occasion de la tenue d'une conférence régionale sur la globalisation et les défis et opportunités auxquels font face les institutions financières maghrébines, que " les économies maghrébines doivent œuvrer à la mise en place et au développement de systèmes économiques et financiers à même de limiter les effets pervers inhérents au processus d'intégration dans le système financier mondial. "Dans son exposé le gouverneur de la Banque d'Algérie a développé son analyse en rappelant le contexte mondial actuel marqué par les effets de la crise financière internationale liée à la crise du marché des subprimes aux Etats-Unis, dont les pays maghrébins doivent tirer la leçon. Il a alors estimé crucial le renforcement continu des systèmes financiers maghrébins pour en assurer la stabilité, améliorer les performances et la compétitivité. Il n'a pas manqué dans ce même sillage, de rappeler la mise en œuvre de ces réformes financières qui s'effectue en situation de renforcement de la stabilité macroéconomique ayant favorisé une croissance économique forte, notamment dans le secteur hors hydrocarbures et une forte réduction du chômage. Il a, de ce fait, mis en exergue les indicateurs clés de cette stabilité macroéconomique en Algérie en matière de maîtrise de l'inflation, le renforcement des situations budgétaires et extérieure et la stabilisation du taux de change effectif réel à son niveau d'équilibre. Dans ce sens, il a souligné que " la poursuite de politiques budgétaires et monétaire prudentes a permis de contenir l'inflation à un niveau inférieur à 3% sur les cinq dernières années et de réaliser une accumulation d'épargne budgétaire dans le fonds de régulation des recettes. " " L'excès de l'épargne sur l'investissement s'est progressivement renforcé pour atteindre un ratio de 22% en 2007 contre 25% en 2006 et 13% en 2004 ", a noté le gouverneur de la Banque d'Algérie, soulignant que " l'augmentation des réserves officielles de change et la forte réduction de la dette extérieure ont permis une amélioration considérable de la position financière extérieur de l'Algérie ". Insistant sur les réformes bancaires, M. Laksaci a relevé la mise en place d'une réglementation bancaire aux standards internationaux, le renforcement des conditions d'agrément des banques, le renforcement du rôle du secteur privé bancaire, l'assainissement des banques publiques pour accroître leurs capacités concurrentielles, l'amélioration de leur gouvernance et le renforcement de la supervision. A fin 2007, le secteur bancaire algérien se compose de 26 institutions dont six banques publiques, 13 banques privées, six établissements financiers et une banque de développement en cours de restructuration. Le réseau des banques et établissements financiers comprend 1 290 agences dont 1 045 pour les banques publiques et 190 pour les banques privées. Ces réformes, ajoute le responsable, " ont également porté sur le renforcement continu de la supervision bancaire, la modernisation des centrales d'information sur les risques crédit, ainsi que la modernisation et développement des systèmes de paiement ". A noter que les banques se préparent activement pour appliquer les nouvelles normes comptables internationales pour lesquelles le cadre légal est promulgué ; la mise en place de ces normes étant un préalable incontournable pour le passage aux normes de Bâle II. La Banque d'Algérie s'est donc tracée comme objectif pour l'année 2008 d'accorder une importance particulière à la préparation de l'introduction de ces normes. S'agissant des performances financières globales, M. Laksaci a noté que " la structure de l'épargne financière auprès des banques montre une augmentation rapide de l'épargne du secteur des hydrocarbures, mais aussi celle des entreprises privées et des ménages ". Ainsi, le ratio dépôts auprès des banques par rapport au PIB est passé de 39% en 2005 à 46% en 2007.Le ratio de distribution des crédits à l'Etat et à l'économie s'est situé par rapport au PIB à 37,5% en 2005, 36,8% en 2006 et 35% en 2007, a-t-il rappelé en précisant que l'activité de financement des projets s'est sensiblement développée au cours de l'année 2007, notamment dans le secteur de l'énergie et de l'eau. En somme, le renforcement des systèmes financiers s'impose même pour les pays à un stade modéré d'intégration car les effets de la crise financière qui secouent actuellement les places financières mondiales ne se répercute pas sur les économies à forte intégration mais se transmet également à des économies moins intégrées dans un contexte mondial marqué par les effets de la crise financière internationale.