Washington s'applique à ne pas admettre d'issue positive des négociations entre les Kurdes et Damas, faisant tout pour empêcher l'entrée de l'armée syrienne gouvernementale dans les territoires à l'est de l'Euphrate et vers la frontière avec la Turquie, a indiqué à Sputnik Reizan Khedu, ancien porte-parole de la milice kurde d'Afrine. L'envoyé spécial du secrétaire d'État américain pour la Syrie James Jeffrey aurait transmis à la direction des collectivités kurdes plusieurs messages leur recommandant notamment de ne pas se presser de s'entendre avec Damas, car des changements seraient à venir après une réunion de l'Otan en février, a raconté à Sputnik Reizan Khedu, ancien porte-parole de la milice kurde d'Afrine, se référant à des informations qui lui étaient parvenues. "Selon ces messages, beaucoup pourrait changer et ce, dans l'intérêt des Kurdes. Une conversation sur une fermeture de l'espace aérien y a été aussi mentionnée. Je pense que toutes ces déclarations doivent toutefois nous mettre en garde et nous préoccuper", a estimé l'interlocuteur de l'agence. Et d'ajouter que l'atmosphère du dialogue entre la direction du Conseil démocratique syrien, aile politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), et des collectivités kurdes avec le gouvernement syrien était positive et que les négociations se poursuivaient toujours. "À mon avis, chaque atermoiement avec la prise de décision n'est pas dans l'intérêt du Conseil des Forces démocratiques et de l'auto-administration kurde. Malheureusement, une partie du Conseil et de la direction des collectivités kurdes attendent toujours des changements dans les décisions des États-Unis", a poursuivi l'homme politique. Il constate une division au sein de la direction kurde, dont une partie croit toujours aux promesses des États-Unis. "C'est une erreur stratégique", a estimé M. Khedu. Et d'expliquer que l'entrée de l'armée syrienne gouvernementale sur les territoires à l'est de l'Euphrate et son contrôle sur la ligne de la frontière permettrait d'exclure le scénario militaire de la Turquie dans le nord de la Syrie, car Ankara ne combattrait pas contre l'armée d'un pays, membre de l'Onu et allié de la Russie et de l'Iran. Alors que le Président turc menace de lancer une offensive militaire dans le nord de la Syrie pour chasser les miliciens des Unités de protection du peuple (YPG) que la Turquie considère comme des "terroristes", le gouvernement syrien a intensifié son dialogue avec les Kurdes qui se tournent désormais vers Damas. Le 19 décembre, Donald Trump a annoncé que les États-Unis avaient écrasé Daech en Syrie, notant que la lutte contre ce groupe terroriste était la seule raison de la présence des militaires américains dans le pays. La Maison-Blanche à plus tard publié une déclaration annonçant que les États-Unis avaient commencé à retirer leurs troupes de Syrie.
Trump menace de ruiner la Turquie si elle attaque les Kurdes Entamant le retrait des troupes états-uniennes de Syrie, le Président américain a mis en garde Ankara de ne pas préparer une éventuelle offensive contre les Kurdes dans le Nord de ce pays, promettant sinon de "dévaster la Turquie économiquement". Le porte-parole du Président turc a réagi. Le Président des États-Unis a menacé de "dévaster la Turquie économiquement si elle attaque les Kurdes", après le prochain retrait des troupes américaines de Syrie. "Nous commençons le retrait longtemps attendu de la Syrie et en frappant durement le petit califat territorial restant de Daech, et dans de nombreuses directions. Nous allons attaquer à nouveau depuis la base existante si elle se reforme. Nous dévasterons économiquement la Turquie si elle frappe les Kurdes. Nous créerons une zone de sécurité de 30 kilomètres… ", a tweeté Donald Trump. Parallèlement, les États-Unis demandent aux Kurdes de "ne pas provoquer la Turquie". "La Russie, l'Iran et la Syrie ont été les principaux bénéficiaires de la politique américaine à long terme de destruction de Daech en Syrie, ses ennemis naturels. Nous en bénéficions également, mais le moment est venu de ramener nos troupes à la maison. Arrêtez les GUERRES SANS FIN!", a-t-il également écrit. La Turquie combat les terroristes et non les Kurdes, a pour sa part déclaré le porte-parole du Président turc, Ibrahim Kalin. "Assimiler les Kurdes syriens au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui fait partie de la liste des organisations terroristes aux États-Unis, et à sa filiale syrienne YPG (Unités de protection du peuple) est une erreur fatale. La Turquie combat les terroristes et non les Kurdes. Nous protégerons les Kurdes et d'autres Syriens contre toutes les menaces terroristes. La Turquie s'attend à ce que les États-Unis respectent leur partenariat stratégique et ne veut pas qu'il soit assombri par une propagande terroriste", a-t-il tweeté en réponse. "Il n'y a pas de différence entre Daech*, PKK, PYD et YPG. Nous continuerons à nous battre contre eux tous", a ajouté le responsable. L'annonce, en décembre, du retrait des militaires américains déployés en Syrie pour combattre Daech* avait été saluée par la Turquie mais avait fragilisé la situation des combattants kurdes qui luttaient aux côtés des États-Unis contre le groupe djihadiste. Le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, a menacé de lancer une offensive militaire dans le nord de la Syrie pour chasser ces combattants, membres de la milice kurde YPG que la Turquie considère comme terroriste. Plus tard, après un entretien avec Donald Trump le 14 décembre, M.Erdogan a décidé de reporter le début de l'offensive en Syrie, après la décision de M.Trump de retirer les troupes américaines de Syrie.