Après la dernière décision relative à l'imposition d'une taxe aux bénéficiaires de terrains inexploités depuis plus de 3 ans, le ministre de l'Industrie, Youcef Yousfi, vient d'annoncer que le secteur privé pourrait à l'avenir réaliser et gérer ses propres zones industrielles. Ainsi, les pouvoirs publics prévoient donc une levée du monopole de l'Etat sur cette activité économique. "Il y a une réflexion sur la possibilité de la création de zones industrielles par le secteur privé ", a déclaré M. Yousfi, qui était l'invité du forum du journal public Echâab. Interrogé sur le sort des concessions de terrain attribuées à des opérateurs qui n'ont pas réalisé leur investissement, M. Yousfi a expliqué que passée une période de 3 ans, les opérateurs qui n'auront pas concrétisé leurs projets devront " payer une taxe annuelle de 5% de la valeur actuel du terrain ". Le ministre de l'Industrie a informé, également, que " les wilayas sont en train d'ester en justice les personnes qui ont une concession de terrain qu'ils n'ont pas encore investie ". D'ailleurs et dans ce même ordre d'idées, il y a une dizaine de jours, M. Youcef Yousfi a affirmé que son département ministériel avait donné des instructions fermes à l'ensemble des Directeurs de l'industrie et des mines de wilayas (DIM), pour l'application de l'article 104 de la loi de finances 2018. L'article en question est relatif à l'institution d'une taxe à la charge de tout bénéficiaire de terrain viabilisé à vocation industrielle, situé en zones industrielles ou en zones d'activités, mis sur le marché par voie de cession par des organismes aménageurs publics, demeuré inexploité pendant une période supérieure à trois (3) ans, à compter de la date de son attribution. Le ministère de l'Industrie et des Mines a élaboré un projet de décret exécutif fixant les conditions et modalités d'application de cette taxe, a expliqué le ministre, indiquant que "ce projet a été adopté par le gouvernement, en sus du lancement de poursuites judiciaires pour la résiliation de l'acte de concession".
Décret exécutif D'ailleurs, il est très important de rappeler que le décret exécutif publié au Journal officiel no 77, indique parfaitement que tout bénéficiaire d'un terrain à vocation industrielle demeuré inexploité pendant plus de trois (3) ans est soumis à une taxe annuelle de 5% de la valeur vénale du terrain concerné. Ce nouveau texte définit les conditions et les modalités d'application des dispositions de l'article 76 de la loi de finances complémentaire pour 2015, modifié et complété, instituant une taxe à la charge de tout bénéficiaire de terrain viabilisé à vocation industrielle situé en zones industrielles ou en zones d'activités, mis sur le marché par voie de cession par les organismes aménageurs publics, demeuré inexploité. Le décret exécutif précise que la taxe visée est due annuellement par tout bénéficiaire de terrain demeuré inexploité pendant une période supérieure à trois (3) ans, à compter de la date de son attribution. Le montant de cette taxe est fixé à 5% de la valeur vénale du terrain, précise le texte. Ce décret définit le terrain viabilisé comme "tout terrain desservi par un réseau de voirie, d'assainissement et d'alimentation en eau potable". Est considéré terrain inexploité "tout terrain dont le projet d'investissement prévu n'est pas entré en exploitation totale ou partielle". L'exploitation partielle étant pour sa part définie par tout projet dont le niveau des acquisitions de moyens de production permet de produire, même partiellement, dans les conditions et normes fixées par la législation et la réglementation régissant l'activité exercée et pour laquelle le terrain a été affecté. De plus, le texte indique que les services de la Direction chargée de l'industrie, territorialement compétente, sont tenus d'effectuer des visites aux niveaux des zones industrielles et des zones d'activités pour procéder aux vérifications et aux contrôles qu'ils jugent utiles, à l'effet de recenser annuellement les terrains inexploités. Ces services sont habilités à recueillir toute information auprès des administrations et organismes compétents permettant d'identifier le propriétaire du terrain inexploité. En outre, le décret exécutif avise que la perception de cette taxe de 5% "n'exempte pas le bénéficiaire du terrain des éventuelles poursuites judiciaires pour la résiliation de la transaction".
Des investissements d'une valeur de 8.000 milliards DA Le ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi a affirmé, mardi à Alger, que son secteur avait enregistré durant la période allant de 2002 à 2018 des investissements d'une valeur de 8.000 milliards DA, dont plus de 5.200 milliards de DA dans le seul secteur de l'industrie. Intervenant au forum du quotidien Echaab, M. Yousfi a précisé que "le secteur de l'industrie et des mines a connu une dynamique durant les dernières années par une grande demande interne et une volonté politique pour la diversification de l'économie, qui s'est manifestée par le souci permanent du gouvernement d'assurer un cadre légal et un climat d'affaires conforté par des incitations attractives pour les investissements locaux et étrangers". A cet effet, "8.000 milliards de DA d'investissements ont été enregistrés durant la période allant de 2002 à 2018 (55.000 projets), dont plus de 5.200 milliards de DA dans le seul secteur de l'industrie (plus de 10.200 projets industriels), ce qui a permis de créer 634.000 postes d'emploi", a fait savoir le ministre. Près de 2.300 projets industriels ont été enregistrés sur un total de 4.100 projets inscrits auprès de l'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI), d'une valeur de 1.000 milliards de DA, a encore fait savoir le ministre qui a ajouté que cela a permis de créer plus de 92.000 emplois.
Ciment : les exportations s'élèvent à 25 millions USD en 2018 Le premier responsable du secteur a évoqué la dynamique industrielle enregistrée dans le secteur de l'industrie du ciment où l'Algérie à pu passer de grand pays importateur de ciment (6 millions de tonnes importés en 2015) à celui d'exportateur à partir de 2017 pour que la valeur des exportations de cette matière s'élève à 25 millions USD en 2018, en attendant d'atteindre entre 80 à 100 millions USD en 2019 et 500 millions USD dans les cinq prochaines années. Quant aux investissements dans la filière des industries sidérurgique, mécanique, électrique et électronique, le ministre a indiqué qu'ils s'élèvent à près de 300 milliards de DA, alors que ceux des industries agroalimentaires à 240 milliards de DA suivis de la filière des industries chimique et plastique à 230 milliards de DA. Les exportations des industries alimentaires s'élèvent à 370 millions USD contre 261 millions USD en 2017, selon les chiffres donnés par le ministre.
Industrie sidérurgique En ce qui concerne l'industrie sidérurgique, la production a atteint environ 4 millions de tonnes en 2018 contre 3 millions en 2017, et ce après l'entrée en service de plusieurs nouveaux projets, ce qui a permis l'exportation de 67 millions USD en 2018 des produits sidérurgiques dont "60 millions USD des exportations ont été acheminés par le Complexe d'El Hadjar en dépit des difficultés auxquelles il est confronté". S'agissant des industries mécaniques, le ministre a indiqué que la production s'était élevée à 180.000 véhicules en 2018 contre 110.000 en 2017, en sus de la production de 4.500 véhicules industriels en 2018, ajoutant que le volume de production de véhicules au niveau local atteindrait 400.000 unités dans les années à venir. Pour ce qui est des matériaux de construction, le ministre a fait savoir que leurs exportations durant 2018 avaient dépassé 54 millions USD contre 36 millions USD en 2017. Le ministre de l'Industrie et des Mines a indiqué également que le secteur du textile avait vu l'inauguration du méga complexe de textile de Relizane "Tayal", le plus grand du genre en Afrique, dont la capacité de production a atteint 30 millions de pièces/an, dont 60% destinés à l'exportation, ajoutant que l'usine avait démarré sa première opération d'exportations vers les pays européens et asiatiques. Concernant la filière cuir, le ministre a rappelé le lancement de la campagne de récupération des peaux de moutons durant l'Aïd El Adha 2018 à travers six (6) wilayas, à savoir Alger, Oran, Sétif, Jijel, Batna, et Constantine, ce qui a permis de récupérer plus de 900.000 peaux et 500 tonnes de laine, faisant état de la généralisation, à partir de 2019, de l'opération à travers les wilayas du pays.
Hausse à 70% des exportations de produits électroniques En ce qui concerne les industries électroniques, le ministre a indiqué que cette filière avait enregistré un progrès remarquable d'année en année avec des taux d'intégration élevés, ajoutant que les exportations dans ce créneau avaient connu un saut en 2018, s'élevant à 100 millions USD contre 60 millions en 2017, soit une augmentation de 70%. Pour ce qui est des mines, le même responsable a fait savoir qu'en dépit du retard accusé, le secteur avait connu durant l'année 2018 une dynamique à travers le lancement de méga projets et la relance d'autres projets à même de donner un nouveau souffle à cette filière vitale. Parmi les projets inscrits, poursuit le ministre, figure le projet d'exploitation et de transformation du phosphate à l'est du pays, à la faveur de la signature d'un accord de partenariat entre des entreprises algériennes et des entreprises chinoises.
La production nationale en phosphate passera à environ 12 millions de tonnes La concrétisation de ce mégaprojet, dont le montant d'investissement, s'élève à 6 Mds USD, permettra à l'Algérie d'être l'un des pôles mondiaux pour l'exportation des engrais, devant atteindre 2 Mds USD annuellement, après sa mise en service en 2022, a-t-il ajouté. La production nationale en phosphate passera substantiellement de 1.200.000 tonnes actuellement, à environ 12 millions de tonnes, d'autant plus qu'une grande partie de cette production sera transformée en engrais, tandis que la partie restante sera exportée, a fait savoir le ministre qui évoque l'éventuelle création, à l'avenir, d'un autre complexe d'engrais. Le ministre a, d'autre part, annoncé, l'entame en 2019, de la modernisation de l'exploitation des mines de fer d'El Ouenza et de Boukhadra (w.Tébessa), dans l'objectif d'augmenter la production pour passer de 1,2 million de tonnes/an à 3,5 ou 4 millions de tonne/an, en vue de répondre à la demande croissante de la part des usines sidérurgiques. Néanmoins, poursuit le ministre, " la production des deux mines d'El Ouenza et de Boukhadra n'est pas suffisante, c'est pourquoi, une étude a été entamée aux fins de l'exploitation de la mine de Ghar Djebilat et il sera procédé, par la suite, dès l'achèvement de ladite étude, à la création d'une usine-type dans la région", outre l'exploitation du gisement de manganèse. En revanche, le ministre a relevé " un retard dans l'industrie chimique, mais une étude du secteur vise à déterminer les mécanismes, à même d'encourager l'investissement dans cette filière et son développement", annonçant par là même, la valorisation, à l'avenir, du sel et de sa transformation en produits chimiques entrant dans plusieurs industries.
PME : 1.100.000 entreprises ont été enregistrées au 1er semestre de 2018 Pour ce qui est des petites et moyennes entreprises (PME), 1.100.000 entreprises ont été enregistrées au 1er semestre de 2018, a révélé le ministre qui a fait remarquer qu'au cours des dernières années, une baisse du nombre d'entreprises qui ont fermé, a été enregistrée. Répondant aux questions de la presse concernant la règle 51/49 régissant l'investissement, le ministre a affirmé que cette règle sera maintenue pour le moment, de même que son application à tous les domaines. S'agissant des prix des véhicules montés localement et qui demeurent élevés, M. Yousfi a souligné que les prix sont tributaires du degré de compétitivité du marché, ajoutant qu'il n'y a pas d'autre choix pour répondre à la demande nationale croissante sur les véhicules, que par le développement de cette industrie, au niveau local.