Pour le troisième vendredi consécutif, les Algériens se sont unis pour participer à des marches pacifiques à Alger et dans plusieurs wilayas du pays, afin de revendiquer leurs droits de choisir en refusant un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Plusieurs milliers de citoyens ont revendiqué "des réformes politiques profondes" et "le changement ", a constaté l'APS. Les marches de ce vendredi ont été marquées par une présence remarquée de la gent féminine, coïncidant avec la célébration de la Journée mondiale de la femme. Des jeunes et moins jeunes, en familles ou entre amis, les Algériens ont tenu à participer à ces marches, certains étant accompagnés de leurs enfants, ce qui a créé une ambiance conviviale dans les rues. A cette occasion, plusieurs femmes ont donné des couleurs aux marches en arborant des tenues traditionnelles comme le haïk algérois ou les robes kabyles, tandis que d'autres manifestants, drapés de l'emblème national, ont immortalisé ces moments historiques par des "selfies" ou des vidéos qu'ils posteront et partageront sur les réseaux sociaux. Les premiers manifestants avaient commencé à converger, dès la matinée, vers Alger Centre où des rassemblements ont été constatés au niveau notamment de la Grande Poste, du 1er-Mai et de la place Maurice Audin, avant que les foules ne s'ébranlent, en début d'après-midi, à travers les principales artères de la capitale, entre autres, l'avenue Hassiba Benbouali, les boulevards Amirouche, Didouche-Mourad et Mohamed V, brandissant l'emblème national et scandant des slogans pour le "changement du système" et "contre la candidature du Président Abdelaziz Bouteflika pour un nouveau mandat". D'autres slogans appelant à la préservation de l'unité nationale et condamnant la corruption ont été brandis: "Algérie debout", "Algérie libre et démocratique", "Non à la corruption", "Pacifique, pacifique" et "djeich-chaâb khaoua khaoua" (Armée et peuple sont des frères). Des personnalités politiques et nationales ainsi que des figures du monde de la culture et du cinéma ont également pris part à ces manifestations, encadrées par un important dispositif des forces de l'ordre, lesquelles se sont vues contraintes, par moment, de recourir à l'usage de gaz lacrymogène afin d'éviter tout débordement. Dans d'autres wilayas du pays, des marches similaires ont été également organisées avec le même mot d'ordre, sous l'œil vigilant d'un dispositif de sécurité renforcé pour la circonstance. A l'est du pays, des citoyens, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes ont manifesté pour revendiquer des réformes politiques, notamment à Batna, Constantine, Tébessa, Guelma, Skikda, Oum El-Bouaghi, Annaba, El Tarf, Souk Ahras, Khenchela, Bordj Bou-Arreridj, M'sila et Mila ou Sétif. A l'Ouest, des milliers de citoyens, avec une forte présence de femmes, se sont rassemblés devant le siège de la wilaya d'Oran. Des marches ont été également organisées sans qu'aucun incident ne soit déploré à Tlemcen, Mostaganem, Mascara, Saïda, Sidi Bel-Abbes et Aïn Temouchent. A Blida, Tizi Ouzou et Béjaïa, des citoyens ont scandé les mêmes slogans, insistant plus particulièrement sur "la préservation de l'unité nationale". Même constat dans les wilayas du Sud où les manifestants, en majorité des jeunes, sont sortis dans la rue pour appeler au changement, comme ce fut le cas à Ouargla, à Ghardaïa, El-Oued, Laghouat et Adrar, mettant en garde contre "toute ingérence étrangère" ou la "récupération de ce mouvement populaire". A la fin de ces marches, des jeunes ont fait montre d'un sens civique exemplaire en se portant volontaires pour nettoyer les lieux des manifestations.
195 interpellations d'individus malveillants Quelque 195 individus ont été interpellés par la police à la fin des manifestations qu'a connues Alger vendredi, indique un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), précisant qu'un nombre important de délinquants s'est manifesté dans le but de commettre des actes de saccage et de vandalisme. "La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) informe qu'à la fin de cette journée du vendredi 8 mars 2019, au niveau des quartier de Krim Belkacem et de Didouche Mourad, un nombre important de délinquants s'est manifesté dans le but de commettre des actes de saccage et de vandalisme", note le communiqué. "L'intervention des services de police a permis l'interpellation de 195 individus, objet actuellement d'enquêtes approfondies", précise-t-on. "Par ailleurs, la DGSN déplore la blessure de 112 des ses hommes actuellement pris en charge au niveau des services de santé de la Sûreté nationale", conclut le même communiqué. La DGSN dément aussi des informations publiées sur les réseaux sociaux selon lesquelles un policier aurait été tué lors de ces manifestations. "La direction générale de la Sûreté nationale dément formellement les allégations partagées sur les réseaux sociaux annonçant la mort d'un policier lors des manifestations du vendredi", précise le même communiqué. Plusieurs milliers de citoyens ont participé à des marches populaires pacifiques à Alger et dans plusieurs wilayas du pays, pour le troisième vendredi consécutif, revendiquant "des réformes politiques profondes" et "le changement du système".