Le projet si cher au président français, à savoir l'Union de la Méditerranée, suscite encore des interrogations, même si dans son ensemble l'idée est accueillie favorablement. En effet, après l'Allemagne qui réussi à décrocher certaines concessions en mettant le projet sous la coupe des 27 membres de l'Union européenne, c'est au tour du président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, de plaider, depuis Athènes, pour un «Euro-Med des résultats». A décoder, l'heure est venue pour passer du stade de paroles et de déclarations à celui des actes. Ce projet se veut en tout cas une passerelle entre les deux rives de la Méditerranée qui ne sont, faut-il le dire, pas encore arrivées à accorder leurs violons. Et pour cause, des questions sensibles sont en suspens et l'avenir de ce projet passe inéluctablement par leurs résolutions. La Méditerranée ne peut, en effet, faire abstraction du conflit au Proche Orient, tout comme celui qui dure depuis plus de trente ans au Sahara occidental. L'Algérie, dont la position a été à maintes reprises réaffirmée, met en avant la nécessité d'inclure ces dossiers dans les priorités de l'Union de la Méditerranée. En attendant «son contenu», comme l'a déjà souligné le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, lors de sa dernière visite à Bruxelles, Alger considère que «l'instauration de la paix et de la stabilité dans l'espace méditerranéen exige un règlement du conflit au Moyen-Orient et le recouvrement, par le peuple palestinien de ses droits conformément à la légalité internationale». Une position réaffirmée vendredi dernier par Miloud Chorfi, chef de la délégation algérienne aux travaux de la 4e session plénière de l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne (Apem). Une stabilité toujours recherchée, et c'est au cours de cette rencontre que le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, a souligné qu'«au cœur des relations entre l'UE et les pays partenaires méditerranéens se trouve le désir de promouvoir la sécurité, la croissance et la stabilité dans la région». «La résolution du conflit au Proche-Orient est essentielle si nous voulons avancer vers l'intégration régionale et à une paix durable», a-t-il déclaré. Par ailleurs, M. Barroso a affirmé que l'UE consultera tous les partenaires euro-méditerranéens au courant de la semaine à venir «pour voir comment nous pouvons répondre aux attentes de nos citoyens et de créer un véritable sentiment de communauté méditerranéenne». Les regards sont d'ores et déjà braqués sur le prochain sommet de Paris, le 13 juillet de l'année en cours, (date prévue pour annoncer officiellement la création de l'Union de la Méditerranée). Mais au préalable, l'écueil financier doit être impérativement pris en charge pour le lancement de projets communs. José Manuel Durao Barroso a, dans ce sens, souligné que «nous devons examiner ensemble les différentes options de cette coopération renforcée, en particulier les considérations budgétaires». A ce propos, le ministre des Affaires étrangères a abordé cette question des flux financiers de soutien à ces projets. Selon lui, le volume des financements de ces projets seront plus importants, «pas obligatoirement grâce aux fonds européens, mais grâce aussi à l'association du secteur privé, des banques et du système financier international ainsi que des capitaux qui cherchent à être employés». Des projets à mettre en œuvre pour tenter de rattraper les insuffisances constatées dans l'application du processus de Barcelone. José Manuel Barroso n'a pas manqué de les soulever. A l'image de la difficulté de concrétiser le projet de création d'une «zone de libre-échange dans la région Euromed, la plus grande du monde, d'ici à 2010». Selon Barroso, le facteur qui retarde la coopération Nord-Sud est «le potentiel inexploité pour une coopération accrue entre nos voisins méditerranéens». L'initiative de l'Union de la Méditerranée aura le mérite de relancer les projets inachevés, si une volonté des deux rives est mise à profit.