La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, se rend une nouvelle fois ce week-end au Proche-Orient pour tenter de débloquer le processus de paix israélo-palestinien, suspendu à d'incertaines discussions avec le Hamas. Durant son séjour de samedi à lundi, Mme Rice doit s'entretenir avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas, qui n'ont toujours pas repris leurs négociations de paix suspendues depuis le 1er mars. MM. Abbas et Olmert, qui avaient suspendu leurs négociations le 2 mars en raison d'une opération israélienne meurtrière dans la bande de Gaza, avaient promis quelques jours plus tard à Mme Rice de les reprendre. Mais ils ne l'ont toujours pas fait et le Fatah de M. Abbas a mené des négociations avec le Hamas pour tenter de parvenir à une réconciliation, au grand dam de Washington qui ne veut pas entendre parler d'un retour au pouvoir du mouvement radical, vainqueur des élections de janvier 2006. Mais pour les experts du Proche-Orient à Washington, ces discussions avec le Hamas, même indigestes, sont indispensables si l'on veut débloquer le processus de paix et sécuriser la frontière entre Gaza et l'Egypte, l'une des exigences d'Israël. "Si rien n'est fait à propos de Gaza, il y aura tôt ou tard un incident fatal qui exclura tout progrès dans les négociations de paix", a prévenu Dennis Ross, ancien négociateur de Bill Clinton au Proche-Orient, au cours d'une récente table-ronde. "Cela ne ferait que donner raison au Hamas qui affirme que la diplomatie ne donne jamais rien mais que la violence donne toujours des résultats", a ajouté M. Ross, aujourd'hui expert au Washington Institute for Near East policy. "Et la dernière chose que l'administration Bush devrait souhaiter, c'est de laisser en héritage un Hamas plus fort qu'il y a huit ans", a-t-il conclu. Un avis partagé par Daniel Levy, de la New America Foundation, selon lequel "les Palestiniens sont tellement divisés que cela complique les efforts de paix, peut-être fatalement". "L'opportunité représentée par un gouvernement d'unité nationale, avec un Hamas qui soutiendrait à la fois le cessez-le-feu et les négociations israélo-palestiniennes, doit être ressuscitée d'une façon ou d'une autre", estime M. Levy dans le dernier numéro du bi-mensuel The American Prospect. Washington considérant le Hamas comme un mouvement terroriste, les négociations ne pourront être qu'indirectes, a souligné pour sa part Gaith al-Omari, un autre expert du Washington Institute, rappelant que c'est grâce à des discussions entre Israël et Hamas par l'intermédiaire des Egyptiens --avec la bénédiction de Mme Rice-- qu'un calme relatif a été ramené à Gaza ces dernières semaines. "De telles discussions devraient être menées par l'intermédiaire d'une tierce partie qui a déjà des liens avec le Hamas", a ajouté M. al-Omari, estimant que la Turquie ou la Jordanie "seraient de bons partenaires. Mme Rice doit justement faire escale à Amman ce week-end, pour y rencontrer le roi Abdallah II de Jordanie. Elle a déjà évoqué la situation à Gaza mardi à Washington avec le ministre égyptien de la Défense, Mohammed Hussein Tantaoui, notamment la question de la frontière avec l'Egypte et la nécessité d'améliorer la situation humanitaire à Gaza, pour éviter une radicalisation de l'opinion palestinienne, a indiqué mercredi le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. Ils ont parlé "de l'importance d'avoir une frontière sûre pour éviter la contrebande, toutes sortes de contrebande, mais aussi pour s'assurer que la sécurité de la frontière n'empêche pas le passage de livraisons humanitaires", a-t-il souligné. Après ses entretiens avec Abdallah II, Mme Rice devrait se rendre à Kiev pour y rejoindre le président George W. Bush.