C'est avec un " ouf " général de soulagement que les Algériens, dans leur écrasante majorité, ont accueilli la fin de la carrière politique de l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika et de son pouvoir autoritaire. Soulagement général aussi parce l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia n'est plus aux commandes de l'Exécutif où il passait pour le maître d'œuvre de la gabegie économique et du climat socio-politique qui a caractérisé le régime pendant vint ans. Il était, avec l'accord de Saïd Bouteflika, frère du président démissionnaire, d'une part, le principal architecte de la gigantesque toile d'araignée de l'oligarchie qui a enserré la sphère économique et financière du pays, et d'autre part, l'artisan de l'atmosphère de suspicion, de peur et de délation qui règne jusqu'à présent au sein de la société algérienne. La réaction des Algériens rappellent celle des peuples qui descendirent massivement et joyeusement dans la rue pour fêter la chute des régimes dictatoriaux et autoritaires dans certains pays. Il y a aussi l'arrestation d'hommes d'affaires très proches du pouvoir, et celle de Saïd Bouteflika, également accueillie favorablement par l'opinion publique, de l'avis général, une détermination de la fin du régime de Bouteflika ou l'essence d'un pouvoir autoritaire et musclé. Au-delà, des phénomènes de la corruption, détournements de fonds publics, abus de pouvoir, abus de confiance et les multitudes malversations mis à jour par la justice et les enquêtes sur les mêmes dossiers qui sont en cours, c'est tout à fait la meilleure réponse qui est donnée aux interrogations et revendications du mouvement populaire et apporte aussi les éclaircissements sur le vrai visage prédateur du régime défunt qui tout au long de son règne de vingt ans n'a fait qu'ajouter à ses mystères les plus secrets et énigmatiques de la gouvernance unilatérale du pays. A présent, tout est là sur la place publique pour confirmer que beaucoup de hauts responsables de l'Etat, leurs acolytes, les oligarques mobilisés par l'argent du peuple ont grossi, accumulé des capitaux énormes source de corruption et de détournements de deniers publics. Pendant vingt ans, leurs exigences de profit illicite ont grossi en proportion. Face à un régime aux abois, tout le monde s'est transformé impunément en " voleurs " et " prédateurs ". Le gonflement, la multiplication des malversations se révèlent aujourd'hui qu'ils ont été facile à s'opérer avec un ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia , un ex-ministre de la Justice, Tayeb Louh, tous deux " tolérants ", complices, tous deux prédateurs et membres très influents de la " bande ". La manière d'agir de l'ex-Premier ministre sur la sphère économique, financière et sociale du pays, dans sa forme bureaucratique qu'il a imprimée aux institutions de l'Etat son implication avec les oligarques jusqu'à claironner qu'ils sont ses "amis ", la corruption comme le prouvent les dossiers dont il est impliqué, sa façon de manipuler le peuple sont actuellement une somme de dérives qui témoignent contre lui. Pour beaucoup d'experts, ce qui s'est produit pendant deux décennies de suite en Algérie comme dilapidation de l'économie nationale n'aurait jamais dû arriver, est arrivé dans la mesure où le régime pollué était incapable de gouverner de manière transparente et efficace. C'est donc tout le régime défunt qui est responsable de la mauvaise situation actuelle du pays. Un régime qui n'a jamais fonctionné selon les normes de l'Etat de droit, de la justice sociale, des principes de la démocratie, d'une société moderne. Ces critères n'ont jamais capté le sens du régime qui se refusait à la participation du peuple à son droit de disposer de la liberté de participation à la gestion de ses affaires, de la liberté d'organisation, d'expression, de manifestation. Tout cela a fait partie des " interdits ".Vint ans, le citoyen a assisté avec beaucoup de tristesse et d'angoisse à ce qui se passe dans le pays et parce qu'il suffit maintenant d'ouvrir les yeux chaque jour pour voir la dégringolade économique et sociale se maintenir avec beaucoup d'évidence et d'inquiétude. Il suffit aujourd'hui de se remémorer les discours de l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia qui faisait peur à la population pour la contraindre à plus de sacrifices, pour lui arracher davantage d'efforts et de ressources qui iraient bien sûr ailleurs plutôt qu'à la collectivité nationale, une situation qui n'a fait qu'accroître le malaise, la misère et le chômage et la perte de crédibilité de l'Etat algérien à l'étranger avec notamment l'émergence du phénomène de la " Harga " , l'affaiblissement du marché intérieur et l'aggravation du climat social. La vérité, c'est que le pays et son économie par le fait d'un régime autoritaire ne défendant que les intérêts étroits de sa composante et ses relais, s'est trouvé dans la formidable dilapidation des richesses, des moyens du pays. Les statistiques sont nettes à ce sujet ; le pouvoir d'achat a baissé, la production de même, les citoyens ne bénéficient pas des fruits de leur travail, ils ne vivent pas au-dessus des moyens qu'ils créent. Donc la vérité est ailleurs. Elle est que le régime, le grand patronat prédateur ont dilapidé les richesses du pays, détruit l'économie nationale dont les atouts sûrs ont fait l'objet de gaspillage à vaste échelle notamment avec la stagnation de la promotion des secteurs stratégiques et structurants qui devaient être le moteur de la croissance économique. Ce sont-là des choses, des handicaps sur lesquels les Algériens sont de plus en plus conscients, ça fait peur. Dans la vie quotidienne, en effet l'inflation se traduit à présent par la hausse des prix, qui s'accélère, la monnaie nationale se déprécie, la somme de dinars ne permet plus d'acheter la même quantité de produits utiles, etc. Ce qui signifie qu'il est urgent de réduire les inégalités sociales héritées du régime défunt car elles sont souvent profondément injustes, et injustifiables aussi au plan économique. Des milliers de citoyens vivent dans la pauvreté. C'est vraiment la pauvreté ; donc le premier moyen de réduire les inégalités c'est de revaloriser la situation sociale de tous les plus défavorisés, bas salaires, retraités. La deuxième inégalité fondamentale relevée au cours de ces dernières années est due à la domination excessive, totalitaire qu'a exercé l'oligarchie sur l'économie nationale, la sphère financière et les autres secteurs, c'est-à-dire le grand patronat, Ali Haddad et consorts et leurs commis qui ont disposé de pouvoirs mais aussi d'immenses privilèges exorbitants. Ce grand capital a détruit toutes forces économiques et sociales du pays au nom de l' " investissement " trompe-l'œil, une sorte d'anti-efficacité économique, une braderie sans précédent dans l'histoire de l'Algérie indépendante et qui n'a jamais permis de relancer la force économique et sociale et aussi l'affaiblissement de la société dans son épanouissement. A présent tout un chacun est convaincu que le programme politique de l'ex-président de la République a correspondu à des choix politique, économique, financier et social très nocifs pour la nation. Une nation du reste qui a été gouvernée pendant vingt ans par une " bande monopoliste " et de responsables véreux, perpétuant de fait la crise et ses fléaux dans la vie quotidienne des citoyens. Bref ? ce qui, en revanche ne souffle aucun point d'interrogation, c'est que l'Algérie vit aujourd'hui une double crise économique et politique qui, fatalement peut provoquer toutes sortes de dérives à risque. Avec l'avènement du mouvement populaire et tant que l'économie, le politique et la démocratie sont toute la vie de la société algérienne, il faut que s'amorce le changement. Il faut un grand rassemblement national autour des solutions à la crise, qui permettent d'engager l'Algérie dans le cours nouveau d'une démocratie politique et économique, que le peuple ait voix dans les décisions à l'échelle de la nation. Que la démocratie participative prenne corps. Ce sont des objectifs essentiels des revendications populaires, par la consultation, le dialogue et la participation de tous dans la politique économique elle-même et dans la solution idoine de la crise politique, c'est-à-dire que se pose comme règle l'intervention active du peuple dans la marche de ses propres affaires ; l'Algérie doit se relever d'une situation économique et politique catastrophique. Quelle autre voie serait meilleure et plus "compétente" que la démocratie la plus efficace surtout que dans la situation actuelle, la Constitution du pays tient à ce que le peuple devra avoir son mot à dire sur les échéances politiques à venir ? C'est seulement avec cette voie constitutionnelle et pour la démocratie que l'on pourra à la fois relever les défis et élire un nouveau président de la République qui aura toute la légitimité populaire.