Crise économique, crise politique, crise de confiance, menaces extérieures, c'est désormais le quotidien socio-politique des Algériens. C'est là incontestablement la grande preuve de l'échec du programme politique qui a survécu durant deux décennies en gouvernant le pays selon les circonstances, les événements et les pressions sans trop de soucis pour l'avenir de la nation. Un pouvoir qui s'est donné comme mot d'ordre de biaiser le développement économique et social, à favoriser la corruption, la dilapidation des deniers publics, le laisser-aller ambiant dans tous les secteurs, l'inexploitation rationnelle des richesses naturelles, etc. Des méthodes de plus pour les tenants d'une autorité unilatérale. Cela dit, tous les doutes qui étaient émis par la population quant à la concrétisation du fameux slogan pour " une Algérie prospère et de progrès ", la diversification de l'économie nationale, la préparation de l'après-pétrole, le parachèvement de l'Etat de droit par lequel l'ex-président de la République proclamé sa " détermination "à mettre tout en œuvre pour plus de richesses, d'emplois, de croissance, d'émergence économique et une démocratie apaisée sont aujourd'hui une longue et interminable liste de fausses promesses, un discour trompeur qui ne s'est jamais appliqué pour bien conduire les affaires de la nation et pour mieux gérer le pays. Malheureusement, il y avait loin entre une " détermination " politique et la réalité entre l'affirmation et les moyens de traduire cette détermination dans les faits. C'est qu'il y avait loin, aussi, entre prospérité et progrès politiquement symbolisé par un discours populiste, des programmes de développement dense sans rentabilité, les multiples lois et textes qui s'avèrent aujourd'hui contradictoires et divergentes et qui ont " flaché " le pays dans la case insurmontable du sous-développement pendant vint ans. Un fossé difficile à présent à combler.. C'est qu'il y a loin, enfin, entre les oligarques, la nouvelle bourgeoisie crés par le cercle présidentiel, l'import-export, la sous-traitance au profit d'une " bande " au pouvoir, et le petit peuple qui était opposé à des " chefs d'écurie ", de clans ou de partis à la tête du pays. Une somme de dirigeants qui ne pensaient qu'à eux-mêmes et aux leurs, en ignorant l'écrasante majorité du peuple, sa jeunesse et l'intérêt général et totalement intéressé par la richesse personnelle. Petit à petit que la décantation se fait sur la gestion du pays durant les deux décennies passées, les citoyens s'aperçoivent chaque jour qu'ils avaient affaire à une bande qui a utilisé les richesses du pays qui leur on été confiées par la nation. Cette bande au pouvoir ne s'est jamais départie totalement des fastes de la mondanité et s'autorisant la folie des grandeurs pour son prestige. Grâce à l'avènement du mouvement citoyen, c'est toute la société algérienne qui vient de trouver réponse à ses interrogations et de prendre connaissance et de savoir avec exactitude qui, réellement, a trouvé son compte dans la série de marasme que vivait le pays depuis 1999 : corruption généralisée, dilapidation de deniers publics, des richesses naturelles, ceux qui ont bénéficié de crédits bancaires avantageux sans jamais les rembourser : cela est fort bien une réalité et illustre le " principe " d'une ostension bien calculée pour un pillage du pays à grande échelle. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que la prédation voulue par le biais des banques et autres organismes financiers et économiques, avait pour but de participer d'une volonté d'ancrer l'économie nationale dans la mouvance de la bourgeoisie, des oligarques, des hommes d'affaires et des capitaux étrangers. Cette volonté, ni l'ex-Président Abdelaziz Bouteflika, ni l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia ni la majorité parlementaire, ni les exécutants du sommet de l'Etat à la base, ne s'en cachaient pas. Comment concilier les besoins nouveaux politiques, économiques sociaux, et apparemment contradictoires qui interpellent tout le monde, les décideurs, ceux d'une concertation indispensable, ceux d'une rapidité accélérée dans la prise de décision pour une sortie de crise consensuelle ? Essentiellement par le développement d'une capacité d'imagination, de prévision politique, qui s'impose aussi à tout le monde à l'ère du changement. Le pouvoir pendant deux décennies de suite, par vocation, voire par routine se complaisait dans la gestion. Désormais, la voix du peuple exige de consacrer la meilleure partie des forces à déceler les virtualités de la société et à favoriser leur épanouissement. Pour éviter d'^être débordés, les décideurs politiques du moment devront faire un effort de prévision et d'imagination, sans commune mesure avec celui qu'a entrepris le pouvoir dans le passé.