L'injection massive par la Fed de morphine dans le système a fait voir la vie en rose aux investisseurs pendant quelques jours. Bonne humeur, jovialité, confiance, remontée impressionnante des marchés actions... tout y était. A nouveau le dollar perd du terrain contre l'euro (1,58 ce matin), à nouveau les marchés actions marquent le pas, à nouveau l'enlisement économique et la crise financière US se rappellent à nous -- les pertes liées au subprime s'élèveraient à 1 200 milliards de dollars selon les dernières estimations --, à nouveau les risques inflationnistes font reparler d'eux, à nouveau les banques prévoient des hausses de leurs provisions pour risques (la Deutsche Bank en tête), à nouveau Jean-Claude Trichet nous martèle que la crise est devant nous, et, last but not least, à nouveau les matières repartent à la hausse, or (950 $) et pétrole (106 $) en tête...Pas de doute : la spéculation est toujours aux commandes. Elle est seule pilote à bord, réagissant à l'actualité à la vitesse de l'éclair. C'est elle qui impose cet incessant mouvement de haut et bas, va-et-vient, aller et retour. De véritables montagnes russes ! Il faut avoir le cœur bien accroché...Si l'impulsif pilote au volant du bolide est clairement la spéculation, le coéquipier qui donne la direction pourrait bien être le dollar. Petit retour en arrière : ce qui s'est passé ces derniers mois ne vous a certainement pas échappé. Les matières premières qui progressaient tranquillement et conformément à leurs fondamentaux, ont vu leurs cours soudain s'envoler anormalement. Une bulle ? Oui, pour un certain nombre de matières en tout cas. Pourquoi cet incroyable mouvement ? Tout simplement parce que les capitaux ont fui le chaos, et se sont réfugiés dans le seul havre de paix disponible : les matières. Et l'un des principaux vecteurs de ce chaos est sans aucun doute l'affaiblissement très significatif et en un temps record du dollar US. Cette semaine, l'évolution des matières premières échangées sur les marchés mondiaux a été marquée, la semaine dernière, par le repli des cours du pétrole, la stabilité des produits alimentaires et la remontée des métaux précieux et de base. Dans ce contexte, les prix du pétrole brut ont fini la semaine en baisse sur les marchés de Londres et de New York après la progression enregistrée au cours de la semaine. Un repli survenu après la retombée des craintes concernant les exportations irakiennes de brut. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (livraison en mai) est monté jeudi jusqu'à 108,22 dollars pour clôturer vendredi à 105,62 dollars, contre 101,84 dollars la semaine d'auparavant. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord (livraison en mai) s'est également hissé jeudi à 105,60 dollars pour clôturer vendredi à 103,77 dollars contre 100,38 dollars sept jours plus tôt. D'autre part, les cours des produits alimentaires dont le cacao, le café et le sucre se sont tous stabilisés, après l'effondrement de la semaine d'avant dû au retrait des fonds d'investissement. Ainsi, les cours du café se sont modestement repris. Sur le Liffe, la tonne de cacao (livraison en mai) valait 1.320 livres sterling vendredi, contre 1.301 livres. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc (livraison en août) valait 337,50 livres vendredi, contre 325,50 livres. De leur côté, les prix des métaux précieux sont timidement repartis à la hausse la semaine dernière, par rapport à la flambée enregistrée la semaine d'avant, une remontée motivée par la rechute du dollar face aux autres monnaies. Sur le London Bullion Market, l'once d'or valait 934,25 dollars vendredi à la clôture, contre 925,75 dollars une semaine d'auparavant. L'once d'argent valait 18,36 dollars vendredi à la clôture, contre 17,53 dollars. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine valait 1.990 dollars vendredi, contre 1.823 dollars. Les métaux de base sont repartis la semaine dernière à la hausse à la faveur de craintes sur les approvisionnements et d'un accès de faiblesse du dollar. Sur le LME, une tonne de cuivre (livraison dans trois mois) coûtait 8.455 dollars vendredi, contre 7.979 dollars. L'aluminium valait 2.996 dollars la tonne contre 2.920 dollars. Le zinc valait 2.358 dollars la tonne contre 2.410 dollars. Le nickel valait 31.495 dollars la tonne contre 29.300 dollars. L'étain valait 20.650 dollars la tonne contre 20.575 dollars. Le plomb valait 2.885 dollars la tonne contre 2.835 dollars.