Depuis une semaine, les cours du pétrole alignent presque quotidiennement les records. Lundi, ils avaient déjà dépassé coup sur coup la barre des 107 et des 108 dollars à New York.Hier matin, Le baril a dépassé pour la première fois le seuil des 109 dollars à New York, et à Londres la barre des 105 dollars. A New York, le “light sweet crude” pour livraison en avril a inscrit vers 10H30 GMT un nouveau record historique à 109,20 dollars. Au même moment, les cours du Brent se sont propulsés jusqu'à 105,40 dollars, un record également. Cette hausse est intervenue dans la foulée d'un nouvel accès de faiblesse du dollar, tombé à 1,5489 dollar pour un euro, un nouveau plus bas face à la monnaie européenne. En effet, L'euro a atteint un nouveau record face au dollar après un rebond surprise d'un indicateur allemand, alors qu'il était déjà soutenu par des rumeurs sur une possible intervention de la Réserve fédérale (Fed) sur fond de craintes quant à une récession américaine. Le dollar reste en effet sous pression alors que les craintes de voir l'économie américaine entrer en récession se font de plus en plus fortes et que les analystes anticipent une baisse de la Fed de son taux directeur d'au moins 0,50% lors de sa réunion du 18 mars. Cette situation pousse les investisseurs à chercher à se protéger de l'inflation et de la baisse du dollar en misant les matières premières et notamment l'or noir. Pour Patrick Artus, directeur des études économiques de Natixis, “la hausse actuelle est totalement déconnectée de ce qu'on appelle les “fondamentaux“. La demande mondiale de pétrole est quasiment stable depuis 2005, quand le prix du brut tournait autour des 50 dollars le baril”. Cette flambée, M. Artus l'explique pas le fait que “les hedge funds, ces fonds spéculatifs dont les actionnaires réclament des rendements de 15 à 20%, ont abandonné toute idée d'investir dans ce qui ressemble à l'immobilier, aux marchés actions ou aux obligations d'entreprises. Ils jouent désormais sur le marché des matières premières, qu'ils ont massivement investi. D'où cette hausse du prix du pétrole, qui est donc purement spéculative”. L'Agence internationale de l'énergie avait estimé un peu plus tôt qu'il n'y aurait probablement pas de baisse sensible par rapport aux cours actuels, notamment en raison de la demande chinoise et des autres marchés émergents. Pourtant l'offre en brut augmente, soulignent de nombreux investisseurs. Pour Thierry Lefrançois, analyste pétrolier de Natixis, “l'AIE était partie d'un chiffre irréaliste de prévision de demande au début de l'année donc cette révision était largement attendue”. Il juge au contraire cet ajustement “très limité”.“Je vois pour le moment un marché bien approvisionné, la question est de savoir si ce sera toujours vrai au 3e trimestre”, avec le pic de demande au moment des déplacements estivaux aux Etats-Unis, puis l'entrée dans l'hiver, souligne Thierry Lefrançois. Faisant référence aux déclarations récentes du ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Nouaïmi selon lesquelles le baril ne retombera plus sous les 60 dollars, le rapport de l'AIE juge que “seule une récession mondiale sévère et prolongée justifierait un baisse durable des prix pétroliers sous ce niveau”. “Les matières premières sont dorénavant utilisées comme une classe d'actifs par les investisseurs, et la faiblesse du dollar” contribue aussi à l'envolée des prix, reconnaît Lawrence Eagles, qui cite comme autres responsables les tensions géopolitiques et une production des raffineries “sous pression”.