Nombre de participants, nombre de contrats signés, montant des contrats signés, 145 pays… Le Forum économique de Saint-Pétersbourg 2019 qui s'est tenu du 6 au 8 juin vient de battre tous les records. Cet évènement se tient pourtant depuis 1997. Le Forum économique de Saint-Pétersbourg édition 2019 a fermé ses portes le week-end dernier. Le bilan tiré en chiffres établit des records dans tous les domaines. 19.000 personnes ont ainsi participé à l'évènement. Les étrangers, venus de 145 pays différents pour négocier avec des entreprises russes, ont représenté 3.500 personnes de ce total. Sans surprise, la plus grande délégation est chinoise avec 1.000 membres. Les USA suivent avec un contingent deux fois moins fourni, de 520 personnes. La France et l'Allemagne ont fermé ce peloton de tête. Mais c'est principalement dans le domaine des contrats conclus, qui est l'objectif même de ce Forum, que les chiffres sont inédits. Le conseiller de Vladimir Poutine Anton Kobiakov, l'a lui-même annoncé en conférence de presse. "Nous avons battu un record en terme de quantité de contrats signés lors du Forum. Le nombre de contrats signés, n'incluant pas les accords secrets, est de 650 pour un montant total de 3 billards 100 milliards de roubles (42, 4 milliards d'euros)". Vladimir Poutine a comme chaque année depuis 2005 participé au forum. Xi Jinping, le leadeur chinois, ainsi que le Président Bulgare, ont eux aussi été officiellement présents. Nicolas Sarkozy a discrètement eu une rencontre avec l'Ambassadeur de France en Russie et des hommes d'affaires français sur place. Cette année, le Forum économique international de Saint-Pétersbourg, surnommé le Davos russe, a lieu du 6 au 8 juin. Plus de 150 événements sont prévus autour de 1.000 modérateurs et intervenants sur des sujets économiques aussi divers que l'écologie et le secteur de l'énergie. Un an après la visite d'Emmanuel Macron à cet événement annuel, la délégation française est l'une des plus importantes.
Partenariat Russie-France Les autorités françaises jugent positifs les investissements à long terme en Russie tout en soutenant les sanctions contre Moscou. Un employé de l'ambassade de France a expliqué cette position à Sputnik en marge du Forum international de Saint-Pétersbourg 2019 (SPIEF) où la délégation française est l'une des plus importantes. Le prolongement des sanctions contre Moscou n'influera pas sur l'évolution du partenariat économique entre la France et la Russie, Paris encourage les entreprises françaises à investir dans ce pays, a déclaré à Sputnik un employé de l'ambassade de France en Russie lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg. "On ne divorce pas parce qu'on se dispute. C'est important. D'ailleurs -on le répète toujours- depuis les sanctions, aucune entreprise française n'est partie. […]. On est ici pour durer. On est de très gros investisseurs, quand on investit ce n'est pas pour cinq ans. On investit pour 15 ans, 20 ans […]. C'est positif pour la Russie, c'est positif pour la France", a indiqué le Français. À la question de savoir si la décision de prolonger les sanctions antirusses prise une semaine après l'appel d'Emmanuel Macron à investir en Russie n'allait pas déstabiliser les entreprises françaises qui ne connaissent pas la Russie, l'employé de l'ambassade a noté: "Ne mélangeons pas tout, c'est ça le message. Cela peut être compliqué à comprendre, mais la politique, c'est la politique et l'économie, c'est l'économie. Les sanctions sont des choses ciblées. Il y a certaines choses qu'on ne peut pas faire, sur le reste on dit: "allez-y!" […]. C'est vrai qu'on ne va pas dire à l'industrie de défense: "collaborez plus", mais si Bonduelle veut ouvrir une nouvelle usine agroalimentaire ici, c'est encouragé". Selon lui, ce n'est pas la politique, mais des situations pareilles à celle qui s'est créée autour du fonds d'investissement Baring Vostok, qui peuvent décourager les entreprises étrangères, y compris françaises. Après l'arrestation en février de plusieurs dirigeants du fonds, dont un Français, Philippe Delpal, accusés d'être à l'origine d'une fraude d'au moins 2,5 milliards de roubles (environ 33 millions d'euros), il y a eu des projets qui "ont été annulés totalement", a-t-il indiqué. Mais cette tendance n'a touché que les entreprises qui ne connaissent pas la Russie, "ce qui est important est que les entreprises, qui sont en Russie, ne partent pas". Le fonctionnaire a en outre rappelé que les Français étaient "très réguliers" avec "plus d'un milliard de dollars par an" investi en Russie. "Année après année, on s'aperçoit qu'on est le deuxième plus grand investisseur en flux", a-t-il déclaré. Or chez les investisseurs d'autres pays, notamment les Allemands, "des allers-retours" sont constatés: parfois ils sont les premiers investisseurs, mais en 2018 "c'était négatif, il y a eu plus de sorties d'argent allemand que d'entrées". En 2018, les investissements venus de France dans l'économie russe se sont chiffrés à 15 milliards d'euros. Emmanuel Macron avait fait part de sa volonté de les augmenter lors de sa venue au Forum en 2018, en appelant les entreprises françaises à investir dans le pays.
Le dialogue de Trianon a "pris son élan" Pierre Morel, ex-ambassadeur de France en Russie et co-président du dialogue de Trianon entre la France et la Russie à l'initiative des Présidents français et russe, a dressé dans une interview à Sputnik, en marge du Forum économique de Saint-Pétersbourg, le bilan des deux premières années d'existence de cette plateforme. Le dialogue de Trianon est une plateforme d'échange entre la France et la Russie créée par la volonté d'Emmanuel Macron et Vladimir Poutine en 2017. L'objectif est de rapprocher les peuples de France et de Russie. Pierre Morel, diplomate français et ex-ambassadeur de France en Russie, russophone, a été désigné co-président de cette institution. Présent lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg afin de parler des résultats obtenus en deux ans, il a expliqué à Sputnik la situation actuelle. "En deux ans, nous avons organisé des dizaines d'événements, soit à notre initiative soit avec notre soutien. Tout ceci vient d'un cadre qui a commencé il y a juste deux ans sur décisions des dirigeants [Macron et Poutine, ndlr]. Nous avons rencontré les deux Présidents lors de la précédente édition du Forum de Saint-Pétersbourg.", explique-t-il. Il estime que l'initiative a démarré de manière positive et construite, indiquant qu'"on est encore tout jeune, mais en deux ans c'est une période de croissance. Nous avons pris notre élan". Globalement, le dialogue de Trianon organise "tous les mois un, deux, trois événements pour élargir notre public". Le public visé avait été expliqué par Emmanuel Macron en 2017 lors de la présentation de cette nouvelle plateforme d'échange. "Permettre à notre jeunesse, nos acteurs économiques, culturels, nos penseurs de dialoguer, de se rapprocher et de surmonter les éventuelles incompréhensions", expliquait alors le Président français.
Grand investisseur africain Isabel Dos Santos, grand investisseur et entrepreneur africain, a expliqué dans une interview à Sputnik en marge du Forum économique de Saint-Pétersbourg les perspectives des relations africaines avec la Russie, l'Europe, et les conditions de création d'un marché uni africain. En marge du Forum économique de Saint-Pétersbourg, Isabel Dos Santos, grand entrepreneur et investisseur en Afrique, a expliqué à Sputnik l'état des relations entre ce continent et la Russie. Elle estime qu'il faut construire des ponts de rapprochement tout en faisant la promotion de la Russie en Afrique et inversement. "Le chiffre d'affaires entre la Russie et l'Afrique en 2017 était de 17 milliards de dollars. C'est un chiffre relativement petit si l'on compare avec l'Inde qui est passé de sept milliards à 80 milliards de chiffre d'affaires en dix ans, ou la Chine avec 130 milliards. La Russie a encore un grand chemin à faire." Elle estime que le travail le plus long qui attend la Russie dans ce domaine est d'apprendre à travailler avec chaque pays africain indépendamment, les langues et les cultures du travail variant d'un pays à l'autre. Sur la relation de l'Afrique et de l'Europe, la femme d'affaires dresse un constat sans appel. "Le continent africain a traditionnellement une très forte relation avec l'Europe, cela vient de l'époque coloniale. C'est un lien naturel Nord-Sud qui existe depuis longtemps. Mais l'Afrique a beaucoup changé, elle a enregistré beaucoup de succès économiques. Ces changements demandent que des partenaires comme la France changent aussi leur vision de l'Afrique. "L'Europe est aujourd'hui beaucoup plus focussée sur elle-même, on voit une grande diminution des investissements par exemple français sur le continent." Interrogée sur la multiplication d'initiatives visant à créer des marchés communs et des unions douanières sur le continent africain, comme c'est le cas en Afrique de l'Est ou entre l'Afrique centrale et australe, Mme Dos Santos estime que la création d'un marché unique africain est un objectif à atteindre. "Pour que l'Afrique devienne un marché uni il faut créer les infrastructures, des banques centrales, régler la question de la monnaie. Mais cela doit être un objectif, on y arrivera."
Le Burundi veut "aller au-delà des relations politiques" avec la Russie Dans un entretien accordé à Sputnik en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF), l'ambassadeur du Burundi en Russie a évoqué les priorités dans les relations entre les deux pays, expliquant qu'une place de choix y était accordée à l'économie. Depuis bientôt trois ans, la Russie et le Burundi ont franchi une nouvelle étape dans leurs relations, cherchant à aller au-delà des liens politiques et diplomatiques pour renforcer leurs liens économiques, a déclaré Édouard Bizimana, ambassadeur de ce pays de l'Afrique de l'est en Russie, dans une interview accordée à Sputnik. Cette stratégie est en train de porter ses fruits. En effet, plusieurs entreprises russes opèrent déjà au Burundi. Et les autorités du pays cherchent à accroître leur nombre. "Nous sommes toujours en train de chercher d'autres débouchés, d'autres partenaires", explique Édouard Bizimana venu au Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF) qui se déroule actuellement dans la capitale culturelle russe. C'est là qu'un accord de partenariat a été signé entre la province de Gitega et une ville de la région de Moscou. Ce renforcement des relations avec le Burundi arrive au moment où la Russie développe ses liens commerciaux avec plusieurs pays d'Afrique. Une série de projets économiques lient désormais Moscou à la Guinée équatoriale, à l'Ouganda et au Zimbabwe. "La Russie est en train de s'intéresser davantage à l'Afrique, peut-être un peu derrière les autres, en retard", estime Édouard Bizimana. Et d'ajouter: "Mais je pense qu'il n'y a pas de concurrence et qu'il y a de la place pour tout le monde".