Les appréhensions autour du projet d'Union de la Méditerranée font l'actualité ces dernières semaines. La principale a trait au financement des projets qui auront à sceller une nouvelle dynamique entre les deux rives de la Méditerranée. Les craintes de voir l'initiative française suivre le chemin du processus de Barcelone sont soulevées à Paris, même par plusieurs participants à la rencontre organisée par le "Forum de Paris" sur l'Union pour la Méditerranée. De nombreux participants, dont des politiques et universitaires, se sont interrogé sur la finalité de ce projet. L'enjeu est d'éviter un "Barcelone bis tant il est assimilé, dans sa version actuelle, à un projet européen". En fait, ce qui est reproché aux initiateurs du projet d'Union de la Méditerranéenne c'est le travail en solo en reléguant au second plan la rive Sud. "Le projet doit absolument être co-décidé", a souligné le député français Pierre Moscovici (ancien ministre). Une approche qui corrobore avec les analyses des dirigeants du Sud de la Méditerranée qui demandent du concret pour voir plus clair. Leur souhait c'est d'être acteur dans la mise en place de ce projet, en prenant en compte des aspects non négligeables. L'ambassadeur d'Algérie en France, Missoum Sbih, avait insisté sur l'importance de la dimension humaine en tant "qu'élément structurant et porteur des rapports euro-méditerranéens". Des députés européens ont, de leur côté, mis en avant la nécessité de travailleur en collaboration avec les pays de la rive Sud de la méditerranée. "Le simple fait que les Européens aient réfléchi sur ce projet sans y associer les partenaires du Sud amène évidemment à se poser des questions" et "soulève des incompréhensions et des méfiances", a affirmé le député européen Pierre Schapira. Alain Le Roy, ambassadeur français chargé de ce projet, qui participait à la même session, a tenté d'apporter quelques éclaircissements en énumérant de nombreux champs de la future coopération euro-méditerranéenne comme "l'eau, l'électricité, l'énergie solaire, l'agriculture, ou encore la dépollution de la mer méditerranée", mais le point nodal n'est pas abordé, à savoir le financement et la faisabilité de tous ces projets. "Tout reste discutable", a-t-il, toutefois, assuré, soulignant que ce ne sont que des propositions européennes qui seront soumises aux pays du Sud, avant le sommet du 13 juillet à Paris. Des déclarations qui n'ont pas rassuré les participants, à l'image de l'ancien ministre français Jean-Pierre Chevènement. "L'UPM voit peser sur elle le risque d'être un Euromed bis, du fait des réticences de l'Allemagne", a estimé Jean-Pierre Chevènement. Ce dernier est revenu également sur la question de l'immigration, en soulignant que l'Europe doit "revoir sa politique d'immigration". Pour lui, "il n'y a pas de coexistence possible sans la création et le développement d'une culture commune". De son côté, l'ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Vedrine, a prévenu qu'"il faut une approche différente de 1995 avec un financement plus important". C'est dire si la question des moyens financiers inquiètes les observateurs car c'est de cet aspect dont dépend la réussite de l'initiative française. La rencontre de Paris a permis en tout état de cause d'apporter un débat contradictoire pour éviter les erreurs du passé. Celle de lancer un projet en grande pompe (processus de Barcelone) sans arriver à réaliser ses objectifs.