Dans la subtile partie engagée par le duo Abdelkader Bensalah et Ahmed Gaïd Salah respectivement chef de l'Etat et vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP en vue d'une véritable et solide sortie de la crise politique actuelle que traverse l'Algérie, la réponse qui sera apportée dans les prochaines heures par M. Abdelkader Bensalah dans le discours qu'il adresse à la nation à l'occasion de la Fête de l'indépendance et de la jeunesse constituera assurément un test décisif quant à la baisse de tension. Selon les observateurs, le chef de l'Etat semble vouloir changer d'attitude pour accélérer les choses. Sans renier son engagement profond aux côtés des revendications du mouvement populaire qui continue à se mobiliser, l'intérimaire à la présidence de la République semble aussi vouloir fonder une nouvelle stratégie sur un éventuel dénominateur commun, c'est aller au plus vite droit au dialogue avec la classe politique, les personnalités et la société civile. Prendre en charge les revendications réalistes du Hirak, c'est déjà commencer à se positionner sur la crise et sur l'avenir immédiat du pays. Cela étant, si la crise et ses conséquences négatives constituent la toile de fond sur laquelle se déroulera le dialogue, les problèmes cruciaux qu'affronte la société algérienne ne doivent pas être ignorés. En reliant l'abondance de la littérature politique du présent qui, à la veille de cet appel au dialogue circule, on s'aperçoit, en effet que certains ne savent pas discerner ce que sont et ce que risquent d'être les résultats de cette crise, leur prolongement politique, leur influence négative sur la sphère économique et sociale en somme sur le climat social. Jusqu'ici, la quête d'une solution consensuelle n'est de fait que le pendant politique des décideurs actuels, suivie depuis la démission de l'ex-président de la République. Il est réellement ainsi, ce serait en tout cas une nouvelle passerelle de rapprochement de proximité entre le chef de l'Etat, d'une part, et d'autre part, la classe politique, les personnalités et la société civile. Il serait en tout cas bon pour ces élites de se manifester sans plus tarder pour le seul intérêt de la nation, autrement que par un silence, une passivité… Dans cette perspective décisive à la sortie de l'impasse politique actuelle, le chef de l'Etat, M. Abdelkader Bensalah, a reçu mardi, le Premier ministre, Noureddine Bedoui, avec lequel il a passé en revue les dispositions qui seront " incessamment mises en place pour le lancement d'un " dialogue inclusif " portant sur l'élection présidentielle, indique un communiqué de la présidence de la République. Noureddine Bedoui lui a fait un exposé sur la situation politique, économique et sociale du pays, précise la même source. A cette occasion, il a été procédé, notamment à " l'évaluation du contexte politique en prévision de la relance du processus électoral ".A cet effet, il a été passé en revue l'ensemble des dispositions qui seront incessamment mises en place dans la perspective d'un dialogue inclusif portant sur toutes les préoccupations concernant les prochaines élections présidentielles, dans le cadre d'une nouvelle approche qui sera annoncée dans les prochaines heures et qui sera de nature à permettre l'organisation du prochain scrutin présidentiel dans un climat d''entente et de sérénité ", souligne la Présidence de la République. " A cet effet, le chef de l'Etat a instruit le Premier ministre pour que l'ensemble du gouvernement puisse se mobiliser afin de réunir toutes les conditions de succès de ce processus de portée stratégique pour notre pays ", conclut le communiqué. On apprend de source crédible qu'outre les ministres, les walis, chefs de daïra et présidents d'APC n'auront pas droit à leur congé annuel durant cette période de mobilisation. Pour les observateurs, le chef de l'Etat en instruisant le Premier ministre à veiller à la mobilisation du gouvernement, il a du coup apporté un démenti indirect quant à un éventuel remaniement ministériel. Mieux encore, il a mis fin à une rumeur faisant état de la convocation de M. Noureddine Bedoui par la Gendarmerie nationale ; source de stabilité du pays dans tous les domaines, tous les secteurs, le dialogue inclusif à une proportion très voisine et les mêmes propriétés de la solidarité nationale et en pareilles circonstances graves que traverse le pays, il est devenu une " obligation ". A son niveau le plus élémentaire rendrait nécessaire la participation de tous pour mettre fin à ces longues semaines d'attente de sortie de crise mais aussi d'inventer de nouvelles dispositions qui garantissent l'organisation crédible de la prochaine élection présidentielle pluraliste. Sur les mêmes pas du chef de l'Etat, le président du Conseil de la nation, M. Salah Goudjil lors de la clôture de la séance plénière de la session parlementaire 2018-19 qui s'est ouverte le mois de septembre dernier, a, avec une clarté dans la parole, prononcé un discours destiné à capter l'attention de toute la communauté nationale. Le message de M. Salah Goudjil, le premier qu'il a prononcé et consacré à la crise politique actuelle, a surtout mis l'accent sur les efforts à fournir pour sortir de cette situation et un fort encouragement à l'amorce du dialogue, élevant au plus haut le moral du peuple afin qu'il se procure un enthousiasme nécessaire dans ses revendications légitimes. Pour M. Goudjil, il y a urgence de débloquer la situation. C'est dans ce contexte qu'il a insisté à ce que le dialogue soit replacé au grand espoir du peuple algérien. Le président du Conseil de la nation a dit que le 22 février dernier, les Algériens sont sortis dans les rues pour dire " ça suffit et ce, dans le calme et la sérénité. Notre peuple a fait preuve d'un grand éveil en refusant toute forme d'ingérence étrangère dans les affaires intérieures de notre pays et en restant attaché fidèlement à la stabilité et l'unité du pays ", a-t-il fait savoir avant de saluer et de rendre un vibrant hommage à l'Armée nationale populaire (ANP) et à son Haut commandement qui a " pris ses responsabilités historiques en demandant l'application de l'article 102 de la Constitution ". " L'ANP est la digne héritière de l'Armée de libération nationale (ALN), car elle est restée attachée au peuple et à la patrie, a souligné cet ancien moudjahid qui a également mis a profit cette opportunité pour mettre en exergue le fait que la Constitution accorde au chef de l'Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah, la mission de préparer une élection présidentielle, libre et transparente, qui sera entièrement supervisée par une commission indépendante ". Goudjil a déclaré " que le changement exigé ne veut pas dire le changement de personnes, mais du système. En effet, pour construire un Etat il faut savoir différencier entre gouvernement et Etat. Les gouvernements viennent et partent tandis que l'Etat reste ", explique-t-il non sans déclarer que la notion de Nation, est la chose commune qui appartient à l'ensemble des citoyens. Abordant plus en détail l'amorce du dialogue, le président du Conseil de la nation, a mis en exergue l'impérieuse nécessité du dialogue : " Il faut dépasser les divergences pour l'intérêt suprême de notre pays et ce, par le dialogue. L'Algérie avant tout ", a-t-il réaffirmé avant de rappeler le fait que " nous ne devons laisser personne s'ingérer dans nos affaires intérieures et nous nous devons de préserver l'indépendance de notre décision politique ". Dans cet esprit, M. Goudjil a lancé, un appel à toutes les formations et personnalités de l'opposition à œuvrer ensemble à préserver le pays. "L'unité nationale ainsi que la non-ingérence sont des lignes rouges non négociables ", a-t-il clamé d'un ton fort. S'étalant sur les prochaines échéances, le président du Conseil de la nation annonce : " le futur président de la République aura pour premier chantier la rédaction d'une nouvelle Constitution, avec le concours de l'ensemble des forces vives, qu'il présentera au suffrage du peuple. ". Il a précisé que cette nouvelle loi fondamentale devra protéger nos constantes nationales tels que les valeurs de Novembre 1954, notre hymne et l'emblème national. Plus explicite M. Goudjil revient pour dire que " l'adoption d'une nouvelle Constitution par le prochain président de la République, permettra d''avoir des institutions fortes et débouchera sur de futures élections législatives..Et de prévenir, enfin que " la démocratie dans notre pays dérange énormément les puissances étrangères. Ces puissances redoutent la démocratie véritable en Algérie car cette dernière, faut-il le dire, immunisera notre nation contre l'ensemble des dangers ", a-t-il conclu.