La crise que connaît la Libye depuis 2011 nécessite d'amorcer un processus de dialogue inclusif en vue de parvenir à une "solution consensuelle" de ce conflit, a indiqué dimanche à Niamey (Niger) le Premier ministre Noureddine Bedoui. "La crise majeure que connaît ce pays frère (Libye) depuis 2011 et ses répercussions sur la région soulignent la nécessité de tout entreprendre afin d'amorcer un processus de dialogue inclusif entre les parties libyennes, avec pour objectif de parvenir à une solution consensuelle de ce conflit, dans le cadre du respect de la souveraineté de la Libye, de son intégrité territoriale et de l'unité de son peuple, loin de toute ingérence étrangère", a souligné M. Bedoui. M. Bedoui intervenait lors de la réunion du Comité de haut niveau des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine sur la Libye, qui s'est tenue en marge du 12ème sommet de l'UA qui se tient dans la capitale nigérienne. Cette réunion a été convoquée par le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguessou, en sa qualité de président du Comité de Haut niveau de l'UA sur la Libye. A ce propos, M. Bedoui a relevé que "la dégradation continue de la situation sécuritaire que nous observons en Libye, appelle de notre part une mobilisation accrue afin de contribuer réellement à rapprocher les positions de nos sœurs et frères libyens autour d'une solution qui leur permet de transcender leurs divergences et privilégier l'intérêt suprême du pays". Il a ajouté que "ce contexte sécuritaire fragile qui prévaut en Libye, en particulier, l'absence d'un contrôle effectif des autorités sur l'ensemble du territoire, est malheureusement mis à profit pour la prolifération des activités illicites et criminelles notamment le terrorisme et les trafics de drogues, d'armes et d'êtres humains". M. Bedoui a observé que "la crise libyenne est avant tout une crise africaine", ajoutant que "c'est dans cet esprit qu'il faudra réitérer, avec force, l'impératif de placer notre Organisation panafricaine et notre Comité, au centre des efforts internationaux visant à accompagner les libyens sur la voie d'une solution politique, basée sur le dialogue et de la réconciliation, seule à même de mettre un terme à la souffrance du peuple libyen frère". "En effet, nous devons mettre à profit le partenariat qui existe entre l'Union africaine et les Nations Unies, guidé par les principes de subsidiarité et de complémentarité, notamment s'agissant de la préservation de la paix et de la sécurité en Afrique, pour donner un contenu plus visible et plus effectif à nos efforts dans le règlement de la crise libyenne", a-t-il soutenu. Pour le Premier ministre, "il est clair que toute approche en dehors de la solution politique ne peut qu'aggraver davantage la situation en Libye. Dès lors, toute action militaire est de nature à compliquer davantage la situation en Libye et éloigner les perspectives de son dénouement", a-t-il insisté. Il a appelé les parties libyennes à "saisir la mobilisation de l'Union africaine à leur côté, en vue de parvenir à une solution politique à même d'aboutir à l'objectif ultime de l'organisation d'élections transparentes, sous l'égide de l'Union Africaine et de l'Organisation des Nations Unies". M.Bedoui a estimé, à cet égard, que la tenue de telles élections "contribuerait à l'instauration d'un climat de confiance et la mise en place d'institutions gouvernementales démocratiques pérennes, dont une armée nationale unifiée et seule responsable d'assurer la sécurité du pays", réitérant, par la même occasion, l'engagement de l'Algérie à "poursuivre et intensifier ses efforts (...) en vue de contribuer au règlement définitif" du conflit dans ce pays. Tout en condamnant l'attaque qui a ciblé récemment un centre d'hébergement de migrants en Libye, M. Bedoui a réitéré l'appel de l'Algérie en vue de situer les responsabilités et identifier les auteurs de ce crime.
L'action militaire "ne pourra guère aboutir" Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum a indiqué vendredi à Niamey que l'action militaire "ne pourra guère aboutir à la résolution de la crise en Libye soulignant que "seule une solution politique négociée et acceptée par l'ensemble des protagonistes est à même de rétablir la paix dans ce pays. "Il est clair que l'action militaire ne pourra guère aboutir à la résolution de la crise. En effet, seule une solution politique négociée et acceptée par l'ensemble des protagonistes, est à même de rétablir la paix et de préserver l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Libye", a-t-il indiqué dans son intervention lors de la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA). La réunion du CPS s'est tenue en marge de la 35ème session du Conseil exécutif de l'UA. M. Boukadoum conduit la délégation algérienne aux travaux de ce Conseil exécutif, préparatoire à la tenue du 12 sommet extraordinaire de l'UA prévue dimanche prochain. Il a ajouté qu'il appartenait "dès lors aux Libyens d'engager dans les meilleurs délais, un processus inclusif de réconciliation nationale, comme cadre indispensable, devant mettre un terme à la division et aboutir à l'objectif ultime de l'organisation d'élections transparentes sous l'égide de l'UA et de l'ONU". M. Boukadoum a soutenu que la tenue de ces élections, dont "les résultats devraient être respectés par toutes les parties prenantes, contribuerait à l'instauration d'un climat de confiance et à la mise en place d'institutions gouvernementales démocratiques pérennes, dont une armée nationale unifiée et seule responsable d'assurer la sécurité du pays". Il a rappelé que l'Algérie qui a "toujours encouragé les frères libyens à s'engager sur la voie du dialogue inclusif et de l'entente nationale, est convaincue que les parties libyennes sauront faire montre de sagesse pour dépasser leurs différences et faire prévaloir les intérêts nationaux suprêmes". Il a également rappelé que l'Algérie avait condamné avec "la plus grande force" l'attaque ayant ciblé un centre d'hébergement de migrants et a appelé à "situer les responsabilités et à identifier les auteurs de ce crime abject". Il a relevé que la situation des migrants africains en Libye est "intrinsèquement liée à la crise majeure que connaît ce pays frère depuis 2011 et souligne la nécessité d'un retour sans délai au processus de dialogue inclusif entre l'ensemble des parties libyennes afin de parvenir à une solution consensuelle de ce conflit qui n'a que trop duré". M. Boukadoum a observé que la situation sécuritaire en Libye "ne cesse de se dégrader", ajoutant que "l'absence de contrôle des autorités sur tout le territoire et, plus particulièrement, dans les zones frontières du pays, a été mis à profit par les groupes terroristes, notamment, Daech, pour s'implanter et se développer dans un environnement marqué par le trafic de drogue, d'armes et d'êtres humains". Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que le règlement de cette "crise qui affecte le Continent africain nous interpelle", ajoutant que "le conflit libyen reste avant tout un conflit africain, et le rôle de l'UA doit être, à notre sens, plus visible en tant que partenaire privilégié de l'ONU dans le règlement des crises en Afrique, et ce dans le cadre d'une approche de subsidiarité et de complémentarité". Il revient, a-t-il dit, par conséquent, "à l'UA et à l'ONU de travailler en étroite collaboration afin de mettre en place une feuille de route commune pour une résolution de la crise en Libye, et œuvrer à une "meilleure synergie" entre les efforts et initiatives déployées par les deux Organisations afin de converger vers "le seul objectif que nous devons nous assigner, celui de réunir tous les frères et sœurs libyens dans le cadre d'un processus de dialogue et de réconciliation nationale franc et responsable".