L'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a annoncé samedi, lors d'une conférence de presse, sa liste définitive de 26 candidats à la présidentielle anticipée du 15 septembre prochain. "Le conseil de l'instance réuni, aujourd'hui après l'expiration des délais de retrait des candidatures, a passé à l'examen les dossiers complets des candidats et les jugements rendus hier par le Tribunal administratif avant d'annoncer la liste définitive", a souligné le président de l'ISIE, Nabil Baffoun. A savoir dans ce sens que l'annonce de la liste définitive des candidats à la présidentielle anticipée coïncide avec le démarrage de la campagne électorale à l'étranger (ce samedi même). Sur le sol tunisien, le coup d'envoi de cette campagne est programmée pour lundi 2 septembre pour prendre fin le 13 du même mois. Outre l'actuel chef du gouvernement, Youssef Chahed, son ministre de la Défense, le président par intérim du Parlement, Abdelfattah Mourou, deux anciens Premiers ministres (Hamadi Jebali et Mahdi Jomaa) ainsi que bon nombre de chefs de partis et d'indépendants, cette liste définitive comporte deux femmes mais surtout deux candidats hommes d'affaires poursuivis en justice dont l'un, en fuite en France depuis novembre 2018, l'homme d'affaires Slim Riahi alors que l'autre, Nabil Karoui, récemment arrêté dans le nord-ouest tunisien et désormais incarcéré pour soupçons de corruption et blanchiment d'argent. Concernant ces deux candidats (Slim Riahi et Nabil Karoui), le chef de l'instance électorale, Nabil Baffoun, a expliqué que "les deux candidats ont plein droit de participer à la course électorale tant qu'aucun jugement n'a été rendu à leur encontre". Et d'insister que "la loi électorale n'avait pas évoqué des cas pareils, où le candidat mène sa campagne électorale depuis une prison (...) l'instance électorale ne se permette pas de s'immiscer dans le travail d'autres autorités et institutions, y compris celle du pouvoir judiciaire". M. Baffoun a assuré que son instance serait disposée à approuver le fait que le candidat arrêté devant le pouvoir judiciaire conduise sa campagne électorale "à condition si ce même judiciaire lui permet de mener à bien des activités en période de campagne". "Probablement, les candidats les plus en vue sont Youssef Chahed, Abdelkarim Zbidi, et Nabil Karoui: le premier est un Premier ministre, toujours en fonction et détient les moyens de l'Etat à sa faveur d'autant plus qu'il a l'apport des hommes d'affaires et d'un véritable lobby médiatique et financier, notamment dans la capitale", a confié à Xinhua l'analyste tunisien, Sabri Zghidi. Pour ce qui est du ministre de la Défense démissionnaire, Abdelkarim Zbidi, l'expert tunisien pense qu'il se présente comme étant un "légitime héritier" du défunt président Beji Caïd Essebsi, "et qui a les atouts pour relancer l'économie du pays et récupérer l'Etat de loi". "Quant au candidat en détention, Nabil Karoui, il n'épargnera aucun effort pout profiter de son propre média (une chaine de télévision privée) d'autant qu'il va, certes, compter sur sa rhétorique populiste qui touche la catégorie sociale démunie à travers l'activité de son association caritative". Sur un autre plan, le chef de l'instance électorale, Nabil Baffoun, a demandé aux candidats d'informer préalablement de leurs activités pour qu'elle (ISIE) puisse contrôler le financement de la campagne comme le stipule la loi en vigueur. Au sujet des déclarations faites par les candidats sur les chaines étrangères, le président de l'ISIE a affirmé que l'instance interdit aux candidats de se faire inviter sur les plateaux des chaines étrangères mais permet à ces médias la couverture de leurs activités par de courtes déclarations qui ne comportent pas un appel franc à choisir un candidat bien déterminé. D'après le chef de l'instance électorale tunisienne, un tirage au sort sera organisé ce dimanche concernant l'ordre des interventions télévisées des candidats.