Israël a concentré des forces supplémentaires à la frontière avec le Liban par crainte que le Hezbollah lance une attaque. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a promis que l'État hébreu paierait le prix fort pour sa récente opération dans les banlieues de Beyrouth. D'après lui, l'usage de drones par Israël "change les règles du jeu". Les experts estiment que face à l'activité accrue d'Israël dans la lutte contre les groupes pro-iraniens, Téhéran va renforcer son potentiel militaire dans les pays voisins de l'État hébreu, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta. L'armée israélienne, Tsahal, a officiellement annoncé que les services de renseignement, les forces navales, terrestres et aériennes se trouvaient en état d'alerte au Nord du pays. Cette déclaration faisait suite à celle du cheikh Nasrallah dans un nouveau message télévisé dans lequel il a promis que ses partisans "feraient payer à l'État hébreu ses attaques contre Beyrouth et les positions des groupes pro-iraniens en Syrie et en Irak". "Nous sommes confrontés à une agression israélienne ouverte et nous ne pouvons pas la laisser sans réaction", a-t-il déclaré. Et d'ajouter que la branche armée du Hezbollah allait décider d'où et quand sera lancée la riposte contre Israël. Le leader du parti a insinué qu'il pourrait s'agir de n'importe quelle partie de la frontière. Par ailleurs, il a balayé les accusations israéliennes selon lesquelles la capitale libanaise abriterait des usines de production de missiles de haute précision. Samedi, des combattants de Tsahal ont lancé des tirs d'artillerie contre une zone frontalière au Sud du Liban. Des médias arabes ont rapporté que des militaires avaient bombardé ce territoire avec des mitrailleuses et des canons pendant deux heures. Selon ces informations, les Israéliens auraient bombardé la frontière par crainte que les unités du Hezbollah puissent lancer une attaque dans cette zone. Les casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (ou FINUL) ont dû renforcer le 31 août leurs patrouilles le long de la frontière. La veille, des chasseurs israéliens avaient pénétré dans l'espace aérien du Liban pour effectuer des vols de reconnaissance à basse altitude dans les régions du Sud. Les médias arabes avaient noté que les avions israéliens simulaient des attaques contre les zones d'habitation. Le 28 août, plusieurs drones israéliens ont violé la frontière en provoquant des tirs de l'armée libanaise. Tous sont revenus intacts à leur base. Il a été ordonné aux forces libanaises d'abattre les drones qui pénétreraient encore dans l'espace aérien du pays. Ces dernières semaines, il est devenu clair qu'Israël changeait de stratégie par rapport aux groupes pro-iraniens au Moyen-Orient. Par exemple, les autorités irakiennes se plaignent que les explosions, qui se produisent désormais régulièrement sur les bases de la milice chiite, soient le résultat d'attaques de drones israéliens. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne s'empresse pas de nier l'implication de Tsahal. L'intensité des frappes israéliennes contre le territoire libanais et syrien a aussi nettement augmenté. Il se pourrait qu'à présent l'État hébreu parie sur les mesures préventives. Sans oublier que des législatives anticipées sont attendues en Israël cet automne, et que le thème de la sécurité joue un rôle majeur dans la campagne électorale. "L'Iran pourrait réagir par le renforcement de l'aide militaire à ses "forces proxy" (par procuration, ndlr) au Liban et en Syrie. Cela concerne aussi bien leur dotation en missiles et en lance-roquettes multiples capables de frapper en profondeur sur le territoire israélien, que leur déploiement le long de la frontière. En même temps, il convient de noter que l'usage de la force par l'Iran a peu de chances d'apporter le résultat escompté: il pourrait seulement provoquer le renforcement de l'intensité des frappes israéliennes. Néanmoins, tôt ou tard tout peut arriver", analyse Kirill Semenov, expert du Conseil russe pour les affaires internationales et directeur du Centre d'études islamiques de l'Institut du développement innovant, en commentant l'éventuelle réaction de Téhéran aux nouvelles démarches d'Israël.