Les réformes du secteur bancaire et financier en Algérie, maintes fois évoquées en conjoncture de crise économique sont comparées par l'économiste algérien Rachid Sekak dans l'une de ses contributions à l'Arlésienne d'Alphonse Daudet: une nouvelledestinée au théâtre et qui ne s'est jamais présentée sur scène. Cet économiste a étayé la réalité de ce système bancaire, tout en tentant de le décortiquer afin d'établir un diagnostic et de suggérer des réformes ou restructurations adéquates, conditions sine qua none de sa contribution efficiente à une croissance économique. Structure et état des lieux L'économiste a élucidéque le secteur bancaire algérien joue un rôle axial dans le système financier algérien et reste dominé par 6 grandes banques publiques dont une caisse d'épargne : BNA, BEA, BADR, BDL, CPA et CNEP. Les banques publiques jouent un rôle clé en contrôlant une part importante du marché : elles collectent 87% des dépôts et octroient 89% des crédits. Le secteur bancaire compte aussi 14 banques à capitaux étrangers, soit 10 filiales et 3 succursales de banques internationales et une banque à capitaux mixtes. Aucune banque privée à capitaux algériens n'active sur le marché local depuis plus de 10 ans( L'ex-Khalifa Bank). Les succursales de banques multinationales sont Citibank Algeria, HSBC Algeria et Arab Bank Plc. Les filiales regroupent Société Générale, BNP Paribas, Natixis Algérie, Crédit Agricole CIB Algérie, Arab Banking Corporation, Housing Bank for Trade and Finance, Fransabank Al Djazaïr, Gulf Bank Algeria, Al Salam Bank et Trust Bank Algeria. Une banque à capitaux mixtes complète le dispositif : Banque Al Baraka. Comparativement au Maroc où les banques privées à capitaux étrangers détiennent plus de 66% de parts de marché, les banques publiques 18% et les banques à intérêts étrangers 16%.Selonle même expert économiste : "Les fonds propres globaux des banques étrangères étaient de 294 milliards de DZD (2,55 milliards de US$) à la fin de 2017. Le secteur bancaire est donc le second secteur, après celui des hydrocarbures, quant aux montants des investissements directs étrangers (IDE) qui ont été réalisés. Les parts de marché des banques étrangères restent faibles. En 2017, elles contrôlaient 11% des crédits et un peu plus de 14% des dépôts. "
Répercussion des variations de taux de change sur le PNB " Le produit net bancaire (PNB) global dégagé par les banques privées était de 87 milliards de dinars en 2017 soit environ 750 millions de US$. Pour mémoire, ce PNB était proche de 1 milliard de US$ en 2011. Très clairement, le glissement continu du dinar et certaines évolutions réglementaires ont substantiellement réduit l'attractivité du secteur pour les banques étrangères. La hausse en dinar des PNB n'a pas compensé les effets négatifs associés aux variations de taux de change. En grosso modo, ce PNB se compose en 2017 à 75% par la marge d'intérêt et à 25% par les commissions. Une telle structure est bien différente de celle qui était observée en 2011 et qui est décrite plus en avant dans ce papier. Les banques étrangères ont dégagé un résultat net global de 24 milliards de dinars en 2017 soit environ 208 millions de US$. À titre d'illustration quant aux poids respectifs des banques étrangères sur le marché local, les parts de marché des banques étrangères les plus impliquées étaient les suivantes : * Société Générale : 2.54% des encours de crédit et 3.02% des dépôts, * Gulf Bank Algeria (AGB) : 1.73% des encours de crédit et 2.29% des dépôts, * BNP Paribas : 1.85% des encours de crédits et 2.18% des dépôts, * Natixis : 0.89% des crédits et 1.47% des dépôts. ", a-t-il ajouté. Les critiques des entreprises à l'endroit des banques * La mauvaise connaissance des entreprises et des contraintes qui pèsent sur elles. * La lenteur dans la prise de décision. * L'excès de centralisation et l'opacité des circuits de décision. * Les difficultés à obtenir les motifs d'un refus. * Un traitement identique de la PME et de la grande entreprise en matière d'exigence d'information / Absence de différenciation dans le traitement des dossiers. * Une trop grande frilosité dans la prise de risque et le sentiment d'un soupçon systématique à leur égard. * Des exigences trop fortes en matière de garanties. Religion des garanties (prêteurs à gage). * Trop forte rotation des interlocuteurs et qualité de ces derniers. * Une faible capacité d'écoute et de conseil. o Opacité de la grille tarifaire. Et de conclure in fine que Le contexte semble être celui d'une incompréhension réciproque et d'un manque de communication entre les parties et les contraintes soulevées ne sont pas insurmontables…si la volonté politique est là et si un effort de formation est déployé pour accroître "la capacité financière" de nos banques et de nos entreprises. Au terme de cette analyse apparaissent trois " défauts ", selon notre économiste, il s'agit, en effet de "la faiblesse du niveau de son intermédiation, la prédominance des banques publiques et la faiblesse des crédits accordés au secteur privé." Une telle configuration n'a pas permis au pays de réaliser son potentiel de croissance et ce malgré une abondance de ressources et un excès de liquidité bancaire pendant une période relativement longue. C'est voient d'autre économistes algériens : " e sous développement financier reflète et accentue les dérèglements structurels de l'économie et la dérive budgétaire".
La croissance économique pérenne du pays viendra du secteur privé Cet expert a assuré, par ailleurs, que " la croissance pérenne pour le pays viendra du secteur privé ou ne viendra pas ", pour lui, " c'est une conviction ". A travers cette étude, il tente de donner un contenu concret aux proclamations politiques récurrentes sur la nécessité de moderniser notre secteur bancaire et de proposer les recommandations et des orientations les plus pertinentes en vue d'une politique générale novatrice et tenant comptent des spécificités locales.
Un projet de réforme Il a élucidé : " Le processus de mise en œuvre de ce projet de réforme, d'une grande ampleur technique et humaine, sera complexe et ne pourra donc s'appuyer que sur une autorité gouvernementale reconnue. Un organisme ad hoc et adéquat pourrait aussi "chapeauter" l'opération. Mais il faudra aussi convaincre. Aussi, ce processus devra s'appuyer sur une campagne d'explication et de formation qui montrera que les collaborateurs du secteur ont intérêt à y participer pour améliorer leur condition d'emploi et leur statut. Nous aurons l'occasion de revenir sur ce volet important.Et d'ajouter : " Notre analyse est largement influencée par les travaux de grande qualité produits en 2012 par l'initiative MFW4A (Make Finance Work For Africa) supportée par la Banque africaine de développement et par les constats et recommandations du rapport Financial system stability assessment du FMI de juin 2014.