Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, s'est dit opposé mercredi à la participation de certaines formations politiques dans le futur gouvernement, a rapporté l'agence TAP. Ennahdha apposera "un veto" sur la participation de certains partis politiques, a-t-il affirmé dans une déclaration à la presse à l'issue de sa rencontre avec le chef du gouvernement désigné, Habib Jamli. "J'ai perçu auprès du chef du gouvernement la volonté de former, au plus vite, son cabinet ministériel", a-t-il ajouté. M. Ghannouchi a qualifié de "positive" sa rencontre avec M. Jamli, précisant que "l'entretien n'a pas abordé la question des portefeuilles ministériels", indiquant dans ce sens que l'entrevue a porté sur les orientations générales du gouvernement ainsi que ses priorités en cette phase, notamment celles relatives aux domaines social et économique et en matière de lutte contre la corruption. Elu la semaine dernière comme président de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), M. Ghannouchi a fait savoir que Habib Jamli a "présenté à la délégation d'Ennahdha une idée d'ensemble sur ses premiers contacts avec les partis politiques et les organisations nationales". Selon le président d'Ennahda, M. Jamli s'est dit "satisfait" des résultats de ses premières rencontres avec les partis. Ces derniers, a-t-il relevé, ont exprimé "leur prédisposition à participer au futur gouvernement sur la base d'un programme". Ghannouchi a rappelé l'accord concernant la commission en charge des programmes du futur gouvernement, composée par les représentants des partis ayant accepté le principe de participer au gouvernement. "Cette commission aura pour mission de définir et d'adopter les programmes, ce qui permettra au prochain gouvernement d'entrer rapidement en fonction, loin de tout conflit sur les postes et les quotas partisans". Les forces politiques et sociales en Tunisie doivent entamer des négociations en vue de former le plut tôt possible un gouvernement inclusif, avait insisté, Ennahdha dans son appel, samedi, à l'endroit de toutes les forces vives du pays, appelant par la même occasion à soutenir M. Jamli, ancien secrétaire d'Etat. Mardi, le nouveau chef du gouvernement désigné a entamé les concertations officielles pour la formation du gouvernement en recevant une délégation de Qalb Tounes (Au coeur de la Tunisie), arrivé deuxième aux dernières législatives avec 38 sièges sur 217 de l'ARP. Le soutien de cette deuxième formation politique majoritaire au sein du parlement, au parti Ennahdha dans l'élection du chef du parlement en la personne de Rached Ghannouchi, suppose, affirme-t-on, que ce dernier va faire de même pour ce qui est du gouvernement de M.Jamli. Le parti Ennahdha n'a, pour rappel, pas bénéficié du soutien des autres formations politiques siégeant au sein de l'ARP s'agissant de l'élection de Ghannouchi. Plusieurs partis ont proposé leurs propres candidats pour le poste du chef du Parlement. Le rôle du Parlement est si important en Tunisie, compte tenu du régime politique en vigueur. Il est en effet, le lieu où la politique du gouvernement est adoptée et validée. C'est la raison pour laquelle le président de la République, Kaies Saied, ne cesse, d'ailleurs, d'appeler les formations politiques tunisiennes à "faire prévaloir l'intérêt de la Tunisie sur les intérêts partisans". Avant le lancement des concertations, M. Jamli a déclaré qu'il rencontrera dans une première étape les représentants des partis puis, dans une seconde étape, ceux des organisations nationales ainsi que des compétences nationales. Il avait affirmé, dans des déclarations précédentes, que ces concertations "concernent tous les partis sans exception sauf ceux qui s'excluent eux-mêmes. Elles seront menées selon le nombre de sièges obtenus au parlement, ajoutant que "la compétence et l'intégrité seront les critères de choix des membres du nouveau gouvernement". M. Jamli a été proposé au poste du chef du gouvernement par le parti Ennahdha, arrivé en tête des législatives du mois d'octobre en Tunisie, conformément à la Constitution. Son choix a été validé par le président Saied qui lui avait remis mi-novembre, une lettre de mission pour former le nouveau cabinet. L'ex-chef du gouvernement, Youcef Chahed, a quant à lui, été chargé, vendredi dernier par le président Kaies Saied, d'expédier les affaires courantes du pays en attendant la formation du nouveau gouvernement et l'obtention de la confiance de l'ARP.