Le constructeur chinois, qui détient 12, 3 % de PSA depuis 2012, pourrait réduire sa participation au capital du groupe au Lion, qui doit fusionner avec Fiat Chrysler. De quoi favoriser un feu vert des Etats-Unis à l'opération - et la montée au tour de table de la famille Peugeot. C'est l'un des dossiers sensibles à traiter dans le cadre du projet de fusion entre PSA et Fiat Chrysler. Pour faciliter l'approbation de l'opération par les autorités américaines, il va falloir réduire la participation du constructeur chinois Dongfeng dans PSA. La question est clairement sur la table, indiquent plusieurs sources proches du dossier. Selon l'agence Reuters, le constructeur chinois a contacté des banques, et devrait présenter un plan à son conseil d'administration dans les jours qui viennent. Entré au capital de PSA en 2014 dans le cadre d'une vaste opération de sauvetage du groupe, alors au bord de la faillite, Dongfeng en détient aujourd'hui 12,23 % du capital (et 19,5 % des droits de vote) - un niveau identique à celui des deux autres actionnaires de référence Bpifrance et la famille Peugeot.
Qui attend Carlos Tavares Après la fusion avec Fiat Chrysler (FCA), cette participation serait diluée à 6,1 %. Mais compte tenu du poids de Chrysler aux Etats-Unis, ce niveau est susceptible de faire tiquer l'administration américaine, en plein conflit commercial entre les deux pays.
Sécurité nationale " Nous regarderons [le deal] avec attention ", avait prévenu Larry Kudlow, le conseiller économique de Donald Trump, dès l'annonce du projet. " Nous devons nous assurer que les mouvements des entreprises chinoises ne se fassent pas au détriment ni de notre économie, ni de notre sécurité nationale ". Selon Reuters, l'objectif serait de descendre sous les 5 % du nouveau groupe, afin de supprimer toute prétention de la part de Dongfeng à un siège d'administrateur. Même si Dongfeng est un partenaire industriel de longue date du groupe au Lion , il n'a jamais eu vocation à rester indéfiniment à son tour de table. Des rumeurs de cessions avaient déjà circulé, notamment cet été. Une opération d'autant plus tentante que cette participation, valorisée 800 millions d'euros lors de son arrivée en 2014, vaut aujourd'hui plus de 2 milliards d'euros. " Dongfeng peut avoir envie de réaliser une partie de sa plus-value ", souligne un connaisseur du dossier.
Rééquilibrer les intérêts Le projet de fusion entre Fiat Chrysler et PSA, publié fin octobre prévoit précisément un tel cas de figure: les deux groupes ont inclus des clauses selon lesquelles aucun des trois actionnaires de référence de PSA (Dongfeng, Bpifrance, et la famille Peugeot) ne pourra céder sa participation dans les trois ans qui suivent le " closing ". Le plan choc de PSA pour sortir du rouge en Chine Avec toutefois une exception : la famille Peugeot sera autorisée à racheter jusqu'à 2,5 % du nouveau groupe à l'un des deux autres actionnaires de référence. Une clause qu'elle compte bien utiliser. " Il y a une volonté affichée, après il faudra voir les valorisations, le délai… ", note une source au fait du dossier. La cession par Dongfeng aux Peugeot de 2,5 % du nouveau groupe permettrait ainsi également d'atteindre un autre objectif : rééquilibrer les intérêts français au capital du nouvel ensemble, par rapport à ceux de la famille Agnelli, qui en détiendra alors 14,5%. La famille Peugeot et Bpifrance en détiendraient alors justement 14,7% -ce qui n'est sans doute pas un hasard. Si le transfert devait se faire avant la clôture de l'opération, il faudrait que le constructeur chinois cède 5% de PSA à la famille Peugeot pour parvenir au même résultat.