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Guy Ryder, directeur de l'Organisation internationale du travail L'Afrique doit relever le défi de créer 26 millions d'emplois tous les ans d'ici à ...
Pour réduire la pauvreté et favoriser la justice sociale à laquelle aspirent ses populations, l'Afrique n'a pas d'autre choix que de créer des millions d'emplois chaque année. Un défi ardu qui s'impose au continent, mais pas impossible à relever. Décryptage. L'Afrique, c'est 1,3 milliard d'habitants et la région du monde la plus jeune avec 59% de moins de 25 ans et 40% de moins de 14 ans. Selon la Banque africaine de développement (BAD), tous les ans, 10 à 12 millions de jeunes Africains débarquent sur le marché du travail alors que seulement 3 millions d'emplois formels sont créés. Et toujours selon la BAD, la plupart des 420 millions de jeunes africains de 15 à 35 ans sont au chômage, occupent des emplois précaires ou alors occasionnels.La 14e réunion régionale africaine de l'OIT a réuni à Abidjan, du 3 au 6 décembre, les représentants de gouvernements, travailleurs et employeurs de 49 États africains. Ils ont passé en revue les progrès accomplis par les pays du continent au cours des quatre dernières années dans la mise en œuvre del'Agenda du développement durablequi promeut le travail décent, et ont examiné les actions à mener pour la décennie à venir. "Le plus grand défi du continent est la création d'emplois pour ces jeunes. Ceci implique que l'Afrique doit générer 26 millions d'emplois tous les ans d'ici à 2030, conformément à l'Agenda du développement durable adopté en 2015", a déclaré au micro de Sputnik le Britannique Guy Ryder, directeur de l'Organisation internationale du travail (OIT). L'Afrique a un potentiel certain mais une économie encore largement informelle. Afin de créer ces 26 millions d'emplois par an (soit le double du nombre d'emplois productifs existants), le directeur de l'OIT préconise, dans un rapport qui a fait l'objet de débats lors de la 14e réunion régionale africaine, "une croissance économique équilibrée, soutenue et substantielle, fondée sur des stratégies de transformation structurelle adaptées à chaque pays". "Cela implique que les activités peu rémunératrices et improductives soient progressivement remplacées par des emplois salariés formels et plus productifs", a-t-il expliqué dans le rapport. Mais plus que tout, pour Guy Ryder, "il est indispensable que ces emplois qui seront créés soient des emplois décents, c'est-à-dire qui génèrent des revenus suffisants pour vivre dignement". "Il faut aussi que les travailleurs bénéficient d'une protection sociale adéquate, que leurs droits soient respectés et que les conflits qui peuvent survenir avec leurs employeurs soient résolus par le dialogue et la négociation", a insisté le directeur de l'OIT.
La situation de l'emploi en Côte d'Ivoire En Côte d'Ivoire, pays hôte de cette 14e Réunion régionale africaine de l'OIT, comme dans la majorité des États d'Afrique, l'économie souterraine demeure très présente. Selon l'Institut national de la statistique (INS), le secteur informel pèse entre 30 et 40% du PIB. Une enquête menée en 2016 dans le pays établit une prédominance des emplois informels avec un taux de 93,9%, qui s'élève à 97,9% en milieu rural. "Cette situation expose une grande partie de la population active aux risques qui caractérisent ce secteur et qui génèrent bien souvent la précarité de l'emploi et des revenus, la pauvreté, l'absence de protection sociale, de sécurité juridique et de prévention contre les risques professionnels et donc un déficit de travail décent", a expliqué Pascal Abinan Kouakou, ministre ivoirien de l'Emploi et de la protection sociale, président de la 14e Réunion régionale africaine de l'OIT. Le gouvernement ivoirien affirme de son côté que sa politique de lutte contre le chômage - notamment celui des jeunes qui représentent un peu plus de deux tiers des 26 millions d'Ivoiriens - amorcée depuis la fin de la crise postélectorale de 2010-2011 a porté ses fruits.