L'agriculture irriguée a été l'élément moteur d'une grande partie de la hausse de la production agricole dans beaucoup de pays dans le monde ces dernières décennies. Si 20% seulement des terres agricoles dans le monde sont irriguées, elles produiraient maintenant 40% de notre approvisionnement alimentaire. Les rendements les plus élevés obtenus par l'irrigation sont deux fois plus supérieurs à ceux obtenus dans l'agriculture pluviale et même l'irrigation à faible apport d'intrants est plus productive que l'agriculture pluviale à fort apport d'intrants. En Algérie, l'intérêt porté à l'irrigation et aux ressources en eau est de plus en plus grandissant. Une gestion rationnelle de l'eau est plus que jamais nécessaire dans la mesure où l'Algérie est considérée comme un pays semi-aride. Comment donc améliorer la gestion de l'eau tout en valorisant le rendement agricole ? La maîtrise des différents systèmes d'irrigation, à l'image du goutte à goutte, s'avère ainsi incontournable. L'Algérie s'est déjà lancée dans cette bataille. L'irrigation au goutte à goutte, commence déjà à donner ses fruits. C'est un système sous pression qui pousse l'eau dans des tuyaux perforés qui courent au-dessus du sol qui n'est appliqué que dans une petite partie des zones pour lesquelles il convient. La technologie est relativement simple mais elle demande des investissements et de l'entretien, les émetteurs se bouchant facilement. Les résultats obtenus montrent que les agriculteurs qui sont passés à l'irrigation par aspersion au goutte-à-goutte ont réduit leur consommation d'eau de 30 à 60%, les plantes recevant "à la cuillère près" la quantité d'eau optimale (et souvent d'engrais) quand elles en ont besoin. Quant aux rendements, ils sont souvent en hausse. Toujours dans un souci de gestion rationnelle de la ressource en eau, l'Algérie s'est lancée dans un projet régional aux côtés de la Tunisie et du Maroc. Il s'agit d'un projet fédérateur maghrébin appelé Sirma, dont la finalité est d'aider les acteurs de la gestion de l'eau à la mise en œuvre des procédures d'économie de cette ressource dans des systèmes irrigués en pleine mutation. L'objectif de ce projet, financé à hauteur de 2 millions d'euros par la France dans le cadre des Fonds de solidarité prioritaire (FSP), est la contribution de la recherche dans la production de méthodologies et d'outils de gestion de l'eau pour accompagner ces mutations en les analysant et en cherchant, concevoir et expérimenter des voies d'amélioration de la valorisation et de l'économie de l'eau. En Algérie justement, les ressources en eau sont limitées, vulnérables et inégalement réparties. De plus, elles ont subi de plein fouet durant ces dernières décennies les effets négatifs de la sécheresse, de la pollution et d'une utilisation irrationnelle. Pour rappel, les potentialités globales de l'Algérie sont estimées à 19,4 milliards de m3/an dont seulement 12 milliards sont mobilisables, avec respectivement 6,8 milliards pour le Nord et 5,2 pour le Sud. Le secteur de l'agriculture, lui, est le premier consommateur de la ressource hydrique puisque l'irrigation en Algérie et dans le Maghreb se situe entre 60 et 80% des capacités mobilisées.