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Une transition inachevée
L'Algérie d'avril 1999 à avril 2008
Publié dans Le Maghreb le 15 - 04 - 2008

La période 1999/2004 a été consacrée à la stabilisation politique et au retour de l'Algérie sur la scène internationale qui a été en partie réussie,encore que toute voix est écoutée durablement , en ce XXIème siècle, selon la puissance économique .
II- bilan socio- politique : une démobilisation populaire
2.1.- le résultat de la participation lors des élections législatives et communales de 2007
Les élections à la fois du 17 mai (élections législatives ) et du 29 novembre 2007 ( élections locales) ont été caractérisées par une participation citoyenne mitigée qui risque de se répercuter sur la future élection présidentielle d'avril 2009 (5) et ce contrairement au taux de participation à l'élection présidentielle du 08 avril 2004 qui a connu une augmentation assez considérable par rapport aux précédentes consultations électorales : 59, 26% contre 47% lors des législatives de 2002 et 50,11% lors des locales . Le taux de participation des grandes villes a été le suivant : Blida- 54,71% ; Tlemcen 74,47% ; Tizi Ouzou 18,38% ; Alger 43,59% ;Annaba 67,32% ; Constantine 52,08%, ; Oran 64,01% ; Bejaia 16,10% ; Batna 49,90%1, des wilayas comme le Sud Bechar et Ouargla 72,08% et 54,72% . Ces taux contrastent avec le taux de participation des élections locales du 29 novembre 2007 qui ont vu surtout les grandes villes connaître un taux d'abstention inégalé : Blida 29%- Boumerdès 37% ; Alger 23% Constantine 29%, Oran 37% et une wilaya du Sud réputée voter Ouargla seulement 46% y compris les bulletins nuls. Concernant les élections locales du 29 novembre 2007 le taux de participation officiel a été pour les APC de 44% et de 43% pour les APW (conseil de préfecture) assistant à une petite amélioration par rapport aux élections législatives passées. Les bulletins nuls représentent respectivement environ 4% et 5% du nombre d'inscrits, les voix partisanes étant donc 41% pour les APC et 38% pour les APW soit une moyenne globale de participation de 40% du nombre total des inscrits, plus de 60% de la population inscrite ne faisant pas confiance aux partis traduisant un divorce Etat- citoyens. Si l'on soustrait le FFS pour avoir une comparaison correcte, du fait qu'il s'est abstenu lors des dernières élections ,ayant représenté environ 4% des voix par rapport aux inscrits, nous avons 36% de taux de participation partisane hors FFS, un taux de participation équivalent aux législatives. En nous en tenant aux APC, globalement le FLN représente approximativement 12% avec seulement 2.094.000 voix, le RND 9,8% avec 1.602..000 voix, HMS 4,3% avec 842.000 voix soit un total pour les partis de la coalition de 26% soit le un quart des inscrits et beaucoup plus faible si l'on totalise par rapport à la population totale active en âge de voter qui dépasse fin 2007 20 millions alors que le nombre d'inscrits déclarés a été de 18.446.000. Par rapport aux votants , le FLN représente 26%, le RND 20%,, MSP 10% soit un total pour les partis de la coalition de 66%, et un parti protestataire le PT a eu 3% par rapport aux inscrits et 7%par rapport aux votants. Ce qui donne pour le nombre de sièges 30% pour le FLN, 24% pour le RND ; HMS 10% ; le FNA 11%, le PT approchant 7% ; le RCD un taux supérieur à 4% et le FFS 4%. Il est utile de signaler qu'au sein de la structure de la coalition , nous assistons à une perte d'influence relative du FLN,perdant plus de 500.000 voix ( régression de plus de 16% alors que le nombre d'inscrits a augmenté de plus de 700.000 passant de 16.726.000 à plus de 18.446.000) et une percée du RND. Quant aux partis dits d'opposition RCD-FNA-PT-FFS, ils représentent un total de 10,50% avec une nette percée du FNA par rapport aux inscrits (avec ce paradoxe de la loi électorale ayant obtenu 832.000 voix, ayant eu 11,29% des sièges contre 10,69% pour le MSP qui a eu 842.000 voix. Et pour les élections législatives du 17 mai 2007, qui constitue une référence pour toute élection présidentielle , le taux de participation selon l'officiel a été de 35% soit un taux d'abstention de près de 65%, avec les plus grandes villes d'Algérie comme Tizi - Ouzou 16%, Bejaia 17%, Alger 18%, %, Boumerdes 24%, Blida 26%, Jijel 27%, Oran 31%.Les bulletins nuls représentent plus de 960.000 soit 5% des votants inscrits et près de 13% des votants exprimés donnant ainsi une participation partisane de 22% le 1/5ème des inscrits . Pour les membres de la coalition gouvernementale, par rapport au nombre d'inscrits , le FLN représente 7,5%, le RND 3,1% et le MSP 2,1% soit un total de 12, 7% . Par rapport au nombre de votants ,exclus les bulletins blancs, le FLN a 23%, le RND 10% et le MSP 9% soit au total 41%, cela par rapport au nombre de voix partisanes et non de sièges où ils sont majoritaires(64%). Par rapport à 2002 le FLN passe pour le nombre de sièges de 51 % à 35%, le RND de 12% à 16% et le MSP de près de 10% à 13%, et par rapport au nombre de voix exprimées les partis de la coalition perdent plus de 34% de voix . Les autres partis , sont négligeables , puisque le Parti des travailleurs ( PT) qui a par rapport au nombre d'inscrits 1,5% et le RCD 1% avec une concentration Bejaia- Tizi Ouzou et Alger) et par rapport au total des voix partisanes exprimées 5,5% et 3,1%. Quelles leçons tirer de cette démobilisation populaire ? La leçon première fondamentale est la prise en compte tant des mutations mondiales qu'internes à la société algérienne avec le poids de la jeunesse qui parabolée a une autre notion des valeurs de la société. Cela se constate à travers le poids les indépendants et la baisse progressive du poids des tribus , de certaines confréries et de certaines organisations syndicales,( ces dernières mobilisant uniquement pour des revendications sociales et non pour des actions politiques), du fait de discours en déphasage par rapport aux nouvelles réalités mondiales et locales. La deuxième leçon est l'urgence de revoir le fonctionnement du système partisan et de la société civile.
2.2- situation du système partisan et de la société civile
2.2.1. Un système partisan inefficient
La Constitution de 1989 et la loi du 5 juillet de la même année ayant consacré et codifié le droit des citoyens à créer des partis politiques, appelés pudiquement ''associations à caractère politique'', un nombre considérable de formations politiques ont vu le jour dans des conditions souvent contestables. Ainsi a-t-on vu naître des partis n'ayant ni véritable programme, ni perspectives sérieuses à offrir et constituant souvent une source préoccupante de perturbation du champ politique national et de discrédit du pluralisme partisan, se manifestant ponctuellement principalement à l'occasion de rendez-vous électoraux du fait des subventions de l'Etat(instrumentalisation de l'administration). En raison des crises internes qui les secouent périodiquement, du discrédit qui frappe la majorité d'entre eux, de la défiance nourrie à leur égard et à l'endroit du militantisme partisan, les formations politiques actuelles sont dans l'incapacité aujourd'hui de faire un travail de mobilisation et d'encadrement efficient, de contribuer significativement à la socialisation politique et donc d'apporter une contribution efficace à l'œuvre de redressement national qui est en cours.
Ce sont là des raisons suffisamment importantes pour envisager sérieusement de réorganiser le système partisan en vue de lui donner les moyens dont il a besoin pour remplir la fonction qui est la sienne dans tout système politique démocratique. Aussi convient-il de se poser la question : quelle restructuration ? Plusieurs axes peuvent être retenus pour atteindre cet objectif. Premièrement la réhabilitation des partis doit être un acte de reconnaissance de leur rôle institutionnel. Le discrédit qui a frappé les formations politiques nationales, pour les raisons que nous avons brièvement évoquées, doit laisser la place à une appréciation plus juste et pragmatique du statut et du rôle qui doivent être les leurs dans une société qui ambitionne de rejoindre le rang des sociétés démocratiques et modernes. Deuxièmement, doivent être abordées les questions relatives à la création et à la représentativité. Il s'agit, de mon point de vue, d'introduire davantage de rigueur dans la procédure relative à la création des partis, sans pour cela verser dans l'excès qu'induit inévitablement toute approche bureaucratique de la chose politique. S'agissant de la question de la représentativité, il est sans doute utile, voire nécessaire de s'intéresser à la représentativité des partis avant de décider de leur avenir. D'une part, celui de l'implantation territoriale qui, lorsqu'elle est réduite, donne d'un parti l'image d'un appareil sans ancrage national et sans base militante significative ; dans ce cas précis, un effort doit être exigé de ces partis, sans que cela prête à conséquence pour leur avenir. D'autre part, celui de l'apport qualitatif puisque l'importance d'un parti peut se mesurer aussi à sa contribution au débat d'idées, à la formation ou à la formalisation des opinions politiques, à sa capacité à exprimer et à porter des préoccupations et des aspirations qui ne sont pas nécessairement celles du plus grand nombre. Troisièmement, le marché politique doit être conçu comme axe central de la restructuration. Car la notion de marché me semble appropriée pour faire une approche correcte de la question de la restructuration. En tout état de cause, il nous semble plus équitable, et plus juste politiquement, de raisonner en termes de marché électoral et de laisser, dès lors, les règles du jeu politique et le nombre d'acteurs qui s'y adonnent, se fixer de manière concurrentielle. Le rôle des pouvoirs publics consistera alors à mettre en place les garde-fous indispensables et à veiller au respect strict des lois et des règles qui régissent le fonctionnement de ce marché. Mais lié à cette restructuration nécessaire, un autre segment est à dynamiser, c'est celui de la société civile.
2.2.2. Une société civile impotente
La confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend malaisée l'élaboration d'une stratégie visant à sa prise en charge et à sa mobilisation. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui le traverse et sa relation complexe à la société ajoutent à cette confusion, qui est en grande partie liée au contexte politique actuel, et rendent impératif une réflexion qui dépasse le simple cadre de cette contribution. En raison de la jeunesse très grande de la société civile, des conditions historiques qui ont présidé à sa naissance et des évènements tragiques qu'a connus l'Algérie et auxquels elle a été directement ou indirectement associée, la question qui touche à sa mobilisation doit être traitée avec une attention et une vigilance soutenues. Héritière, dans une certaine mesure, des anciennes organisations de masses du parti unique du FLN - puisqu'elle y puisera une partie substantielle de ses cadres et de ses militants - elle va littéralement exploser dans les tous premiers mois qui ont suivi l'avènement du multipartisme. Paradoxe : malgré un contexte sécuritaire particulièrement difficile et dissuasif, elle va connaître, à l'instar du système des partis, un développement intensif et débridé durant la décennie écoulée. Constituée dans la foulée des luttes politiques qui ont dominé les premières années de l'ouverture démocratique, elle reflètera les grandes fractures survenues dans le système politique algérien. Ainsi la verra-t-on rapidement se scinder en deux sociétés civiles fondamentalement différentes et antagoniques, porteuses chacune d'un projet de société spécifique : d'une part, une société civile ancrée franchement dans la mouvance islamiste, particulièrement active, formant un maillage dense ; d'autre part, une société civile se réclamant de la mouvance démocratique, faiblement structurée, en dépit du nombre relativement important des associations qui la composent, et minée par des contradictions en rapport, entre autres, avec la question du leadership. Sollicitée à maintes reprises, et à l'occasion d'échéances parfois cruciales, et souvent instrumentalisée à l'instar des micro-partis créés artificiellement, elle manifestera souvent sa présence d'une manière formelle et ostentatoire, impuissante presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. Aujourd'hui, l'état de désorganisation et de léthargie dans lequel se trouve la société civile nécessite une action vigoureuse de réorganisation et de redynamisation qui ne pourra être que salutaire pour elle. Cette action permettra, entre autres à la fois d'offrir un cadre adéquat d'expression collective à des centaines de milliers de jeunes et de moins jeunes qui ne sont pas structurés et qui ne demandent qu'à être utiles et à mettre au service de la communauté leur bonne volonté et leur générosité.
Abderrahmane MEBTOUL Expert international


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