La période 1999/2004 a été consacrée à la stabilisation politique et au retour de l'Algérie sur la scène internationale qui a été en partie réussie,encore que toute voix est écoutée durablement , en ce XXIème siècle, selon la puissance économique . Aussi, avec les retombées économiques et sociales des principales monnaies et des matières cotées journellement à la bourse comme le blé, le soja, le mais, (la facture alimentaire de l'Algérie étant de plus de 4,5 milliards de dollars fin 2007, selon le rapport de la FAO en janvier 2008 risquant d'aller vers 7/8 milliards de dollars horizon 2010/2012) le rond à béton etc,… du fait de l'extraversion de l'économie ,algérienne ,(important presque tout), il s'avère urgent la création d' un institut permanent de conjoncture indépendant composé d'experts de hauts niveaux, auprès de la Présidence de la République . Il suffit de rappeler les fluctuations boursières dues à la crise du 11 septembre, et récemment depuis août 2007 les effets de la crise des prêts immobiliers à risques incitant les spéculateurs en quête d'argent frais à liquider leurs positions. Cette crise pourrait selon la Deutsche Bank dans sa note de conjoncture de début mars 2008 entraîner une perte d'environ 600 milliards d'euros, soit plus de 900 milliards de dollars US (après l'avoir estimé à 400 en novembre 2007) ces prêts représentant environ 1200 milliards de dollars US sur un total de prêts hypothécaires de 10.000 milliards d'euros au niveau mondial. 2.1- Appréciation des organismes internationaux : un bilan mitigé (3)Pour les organismes internationaux, il y a effritement du système algérien d'information, les statistiques algériennes officielles étant peu crédibles, selon les tests de cohérence et les comparaisons avec des pays similaires. Le FMI l'a fait savoir au gouvernement algérien dans un mémorandum adressé en septembre 2005 sur l'effritement du système d'information algérien rappelant que le développement n'est pas une question seulement de textes juridiques et d'argent mais de cohérence, de visibilité dans la démarche impliquant une moralité des institutions et une meilleure gestion. Le dernier renvoi du dossier Algérie de l'adhésion à l'OMC, en janvier 2008, et les remarques de Monsieur Mandelson commissaire européen à la concurrence lors de sa visite à Alger en février 2008 en est l'illustration "La balle est dans le camp du gouvernement algérien ; beaucoup de travail attend l'Algérie si elle veut adhérer à l'organisation mondiale du Commerce (OMC)…..les négociations piétinent et deviennent interminables depuis plus de 20 ans. L'Algérie peut mieux faire mais veut-elle véritablement adhérer à l'OMC?". Telle est la conclusion de la dernière réunion de l'OMC consacrée à l'Algérie à Genève où la majorité des pays développés lui ont soumis des questions sans réponses liées à l'approfondissement de la réforme globale par la mise en place de véritables mécanismes concurrentiels de l'économie de marché et de l'Etat de droit, concernant notamment la libéralisation du transport aérien, celui des médias lourds, du pourquoi de l'assainissement répété des entreprises publiques, du bilan mitigé de la privatisation, la réforme du système financier , de la levée du dumping à l'exportation du fait de la dualité des prix des entrants notamment celui du gaz pour les produits exportables faussant la concurrence internationale et d'une manière générale la problématique du timing de la libéralisation tenant compte d'une période transitoire raisonnable . Ces analyses se reflètent dans le rapport diffusé en janvier 2008 de la Fondation Héritage en collaboration avec le journal financier de référence mondiale le Wall Street Journal sur les libertés économiques, où l'Algérie a été classée en 2008 102ème contre 137ème sur 157 pays, en 2007, l'économie algérienne,bien qu'en amélioration de 0,6% de l'indice global , étant une des économies les moins libres avec la République du Congo,le Zimbabwe et la Birmanie. Pour le classement de World Economic Forum 2007/2008 (Davos) regroupant la majorité des milieux économiques et financiers mondiaux, sur 131 pays, l'Algérie perd 4 places par rapport à 2006/2007, occupant la place 81ème. L'Algérie a obtenu des notes mitigées en matière d'efficacité du marché de la main d'œuvre( 124ème place) ; du développent technologique (105ème ), la santé 67ème rang où il est constaté des maladies et épidémies des pays en voie de développement pauvres, et même développés à la fois et le faible rendement du secteur public qui a contribué à la croissance du secteur privé. La banque mondiale a considéré dans son rapport sur la santé en Algérie que les objectifs tracés par les Nations Unies dans ce cadre n'ont pas été réalisés; l' enseignement supérieur 94ème rang corroborant le dernier classement international de 2007 de l'Université de Shanghai des meilleures universités à travers le monde où l'Algérie et classée 6995ème sur 7000 . Mais le rapport s'appesantit sur la sclérose du marché financier algérien, poumon des réformes (127ème place), qui tire pour plus de 75% de son PNB de la seule Sonatrach ,avec une importante thésaurisation (crédits bancaires sur le PIB étant en moyenne de 25% contre 76% au Maroc, 78% en Tunisie) Ce rapport rejoint le diagnostic du mois de décembre 2007 du cercle des économistes méditerranéens qui met en relief que le secteur public algérien absorbe plus de 87% des crédits bancaires contre 30% au Maroc et 32% en Tunisie et l'on compte un(1) guichet pour 30.000 habitants contre 15.000 au Maroc et 2.400 en France. Le rapport de septembre 2007 de " Doing Business " de la banque mondiale classe l'Algérie pour le climat des affaires à la 125ème position sur 178 pays contre la 116ème position en 2006/2007 reculant de 9 points ; 131ème position ( contre 120 en 2006 )pour la création d'entreprises ; 117ème position pour l'octroi des licences (108 en 2006) ; 118ème position pour l'embauche des travailleurs ; 156ème position pour le transfert de la propriété ; 115ème position pour l'octroi des prêts ; 64ème position pour la protection des investissements ; 157ème position pour le paiement des impôts et à la 117ème position pour l'exécution des contrats. Sur 150 pays, le classement pour l'efficacité des procédures de dédouanement et autres autorités frontalières, l'Algérie arrive à la 148ème position (le dernier étant l'Afghanistan) ; pour la qualité des infrastructures de transport et de technologies de l'information à la 139ème position ; la facilitation des expéditions internationales à un coût abordable à la 139ème position ; la capacité à suivre et à localiser les chargements internationaux à la 108ème position et enfin le respect du délai des livraisons 103ème position. En ce qui concerne la logistique commerciale, l'Algérie est classée 140ème devançant seulement des pays pauvres comme le Togo et le Niger. Lié à cet aspect concernant les contraintes d'environnement dont le commerce extérieur, le coût à l'export (en dollars par container), pour l'Algérie le coût est de 1886 dollars contre 883dollars pour l' OCDE , soit plus du double des normes internationales et le coût à l'importation dollars par container est 1606 et seulement 811 dollars pour l'OCDE soit également 50% de surcoût. Le rapport 2006 de l'agence française pour les investissements internationaux classe l'Algérie, malgré ses potentialités, pour l'activité touristique dans sa contribution au PIB à la 147ème place sur 177 pays,( le Maroc et la Tunisie respectivement 42 et 39ème place), 90% des hôtels ne répondant pas aux normes mondiales . En ce qui concerne le taux de chômage selon le rapport 2007 réalisé par l'économiste Kangni Kpolar , au sein de l'administration du FMI, sans le travail informel , il serait de 22% en 2004, 21% en 2005 et 20% en 2006 , la probabilité d'être chômeur augmentant avec le niveau de qualification renvoyant à un échec relatif de la réforme de l'école. En matière de corruption, liée à l'Etat de droit et à la bonne gouvernance, Transparency International dans son rapport de 2007 où l'Algérie qui était classée à la 84ème position en 2005/2006, régresse à la 99ème position en 2006/2007. Pour l'organisme financier mondial,de novembre 2007 , The Economist, en matière de la maîtrise urbanistique l'Algérie était classée à la 125ème position en 2005 et régresse à la 129ème positon en 2006. Et pour la préservation de l'environnement et du bien être des populations, elle est classée 72ème position sur 141 pays en 2006/2007 selon le Reader's Digest (62ème position 2005/2006). Quant à l'indice de développement humain réalisé par le PNUD, beaucoup plus fiable que le PNB par tête d'habitant incluant les aspects sociaux (éducation, santé) l'Algérie pour 2006 est classée 102ème sur 177 contre 103ème place en 2005/2006. Bien plus si l'on s'en tient à l'indicateur classique, le PIB, incluant la sphère informelle contrôlant entre 30 et 40% de la masse monétaire en circulation, renvoyant à la construction de l'Etat de droit et l'économie de marché, serait selon le dernier rapport de la banque mondiale de janvier 2008, en 2006, que de 1,8%( clôturé ) , de 3,1% en 2007 (non clôturé) avec une prévision inférieure à 4% entre 2008 et 2009 soit un des plus faible de la région Afrique Moyen orient, en régression par rapport au taux de croissance 2004/2005 ( plus de 5%)., les autorités algériennes dans leurs dernières prévisions de janvier février 2008 corroborant ces données internationales. Et pour clôturer cette rétrospective,le rapport élaboré à la demande du gouvernement algérien sur le fonds de régulation et le bilan du programme de soutien à la relance économique 2004/2009 par la banque mondiale sous la direction de Théodore O. Ahlers ex-directeur du département Maghreb Moyen Orient en 2007, (4) dont le montant est passé successivement de 55 en 2004, à 100 fin 2005, à 140 fin 2006 et selon la déclaration du chef de gouvernement algérien en date du 12 novembre 2007 à 180 milliards de dollars US, les résultats sont mitigés. Concernant le Fonds de régulation, qui n'est pas un fonds pour les générations futures comme en Norvège mais un Fonds de stabilisation de l'économie pour prévenir les retours conjoncturels du cours du brent, la banque mondiale préconise une vision à long terme afin de déterminer la part des recettes que l'Etat doit épargner chaque année pour maintenir la richesse par habitant provenant des hydrocarbures. Aussi, la modification des règles de gestion du Fonds de régulation des recettes (FRR) requiert l'adoption d'un cadre à long terme permettant de décider chaque année du niveau approprié des dépenses à effectuer à partir des recettes des hydrocarbures. La Banque mondiale préconise la transformation de ce Fonds en un compte épargne/financement totalement intégré au budget afin d'éviter les obstacles au financement des niveaux viables des dépenses publiques. Concernant le bilan du plan de soutien à la relance économique, le rapport souligne que malgré les dépenses publiques qui sont passées de 62% du PIB fin 2007 contre 34% fin 1999, du fait de l'inefficacité des institutions où l'Algérie a été classée au 64ème rang (avec une note de3,88 sur 10) sur 131 pays recensés, ce dernier n'a pas réussi, à inverser les tendances profondes de la crise économique que connaît l'Algérie assistant à un gaspillage des ressources financières et à un renforcement de la dynamique rentière. Le constat est que chaque projet a fait l'objet de six (6) réévaluations en moyenne avec des retards de 6,5 ans. La Banque mondiale doute que ce programme, qui n'a pas de cohérence mais serait une compilation de projets avec des affectations budgétaires spécifiques sans objectifs précis sur les impacts économiques et sociaux puisse pérenniser la croissance , de promouvoir un développement fiable à moyen et long terme,avec le risque d'un gaspillage croissant, faute d'une bonne gouvernance et d'un secteur privé algérien concurrentiel dont l'émergence est freinée par de multiples contraintes d'environnement (bureaucratie), système socio-éducatif et financier inadaptés et l'inexistence d'un marché du foncier libre. Abderrahmane MEBTOUL Expert international