C'est sous le thème “Commerce et développement pour la prospérité de l'Afrique: actions et orientations” que s'est ouverte à Accra (Ghana), hier, la 12e conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). La délégation algérienne est conduite par M. Ahmed Ouyahia, représentant personnel du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Cette rencontre regroupera une dizaine de chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon. En outre, la réunion se tiendra dans une conjoncture difficile caractérisée par la crise financière mondiale, l'envolée des prix des produits alimentaires et l'explosion des cours du pétrole. Ajouté à cela les négociations du cycle de Doha de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui sont toujours bloquées en raison d'un affrontement Nord-Sud à propos du commerce des produits agricoles. C'est également dans un contexte de course abusive aux matières premières, pétrole et gaz notamment que la Cnuced va étudier “l'impact des besoins énergétiques croissants de l'Asie” et s'efforcer, selon son secrétaire général de “mettre des rênes à la mondialisation pour élever le niveau de vie, réduire la pauvreté et assurer un développement durable”. En effet, le doublement des prix des principales céréales depuis la mi-2007 a fortement augmenté le risque de famine et de pauvreté dans les pays en voie de développement et, a d'ores et déjà, provoqué des émeutes de la faim en Asie et en Afrique. Grosso modo, cette session intervient à “un moment où le monde est dans une période d´incertitude et où les craintes de récession sont crédibles”, avait d'ailleurs averti dès la mi-mars le secrétaire général de la Cnuced, le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi. Ainsi dans son discours inaugural, le secrétaire général s'est étalé sur l'objectif de cette réunion. “Nous allons étudier les impacts - y compris sur la réduction de la pauvreté - la richesse, l'emploi, et nous tirerons les leçons du fait que certains pays bénéficient de la mondialisation et d'autres pas”, a-t-il dit. Dans le même sillage, les questions qu'évoqueront les délégués s'articulent sur la recherche des options pour améliorer les systèmes monétaires et financiers internationaux et ainsi éviter de futures crises ? Comment acquérir les capacités commerciales et de productions nécessaires à la compétition mondiale ? Le boom des prix des matières premières peut-il créer plus d'emplois, ce sont des questions qu'évoqueront également les participants. D'autre part, la conférence vise à éliminer les distorsions Nord-Sud. A cet effet, une action urgente est nécessaire pour fournir une aide alimentaire à des populations en situation de pénurie, mais pour trouver une solution à long terme. Il est donc nécessaire de prendre en compte l'existence de zones où existent des surplus alimentaires. Pour sa part, le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, a dit que l'organisation pouvait s'attaquer aux distorsions systématiques des prix des denrées alimentaires sur le marché international liées aux taxes et aux subventions, mais qu'elle ne pouvait rien faire pour résoudre la crise actuelle. Pour rappel, la Banque mondiale a mis en garde, il y a quelques jours, contre le risque de voir la croissance actuelle de 5,8% de l'Afrique cassée par cette flambée mondiale des prix des denrées alimentaires et de l'énergie. Par ailleurs, la réduction de moitié de la pauvreté en Afrique d'ici 2015 prévue par les objectifs de développement du Millénaire de l'ONU, risque d'être retardée de sept ans par la hausse des prix alimentaires, avertit la BM. Il y a lieu de souligner que les aides octroyées par les pays du G8 pour les pays pauvres sont en baisse de 8,4%. Cependant, et selon le guide des investissements mondiaux en Afrique, publié en marge des réunions de la 12e session de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), plusieurs pays africains ont enregistré des flux d'IDE dans les domaines essentiels grâce à l'exploitation des ressources naturelles du continent et aux programmes de privatisation. Le rapport précise que les IDE se sont passés de 2,4 milliards de dollars en 1985 à 36 milliards de dollars en 2006. Selon le même rapport, les pays de l'Afrique du Nord ont attiré 37% de ces IDE, alors que ceux de l'Afrique de l'Ouest ont drainé 20 %. Par ailleurs, 7% des IDE ont été réalisés dans les pays de l'Afrique Centrale, 5 % dans les pays de l'Afrique de l'Est et 33 % dans les pays du sud du continent. Dans ce contexte, le rapport précise que 6400 multinationales, notamment européennes et américaines, se sont installées en Afrique. Néanmoins, l'Afrique est exposée à la menace de passer d'une crise à une autre si la communauté internationale ne s'attaque pas au problème majeur de la restructuration de l'allocation de l'aide internationale