La deuxième et dernière journée de la réunion gouvernement-walis, placée sous le thème "Pour une Algérie nouvelle", consacrée aux travaux en ateliers s'est clôturée, hier, par des recommandations consistant en la nécessité d'adopter une nouvelle approche privilégiant un mode de gestion à objectifs des collectivités locales ainsi que la généralisation de la digitalisation de l'administration. La rencontre, dont l'ouverture dimanche a été présidée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a été donc sanctionnée par des recommandations issues des débats de 6 ateliers ayant regroupé des walis, chefs de daïra, cadres centraux et locaux, élus ainsi que des partenaires économiques. Les intervenants se sont penchés sur six thématiques liées à une nouvelle démarche performante de gestion des collectivités locales en vue de concrétiser l'ensemble des actions de développement pour lesquelles s'est engagé le Président de la République et qui sont contenues dans le plan d'action du gouvernement. Et c'est ainsi que des recommandations ont été suggérées à l'issue des ateliers ayant planché sur plusieurs thématiques dont la cérémonie de clôture a été présidée, hier, par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad. C'est ainsi que concernant l'atelier dont le thème est "Améliorer la vie du citoyen", les participants ont appelé à adopter "l'approche d'une gestion à objectifs dans le but d'améliorer le cadre de vie du citoyen et d'accentuer la relance économique". Ils ont, par la même souligné la nécessité de mettre en place un "plan de développement local, à même de servir de plan stratégique pour le développement à court et à moyen termes". Les participants ont également appelé à adopter une vision économique créatrice de richesses et d'emploi, tout en encourageant le partenariat entre les secteurs public et privé ainsi que l'université et les instituts de recherche. Ils ont insisté sur la création d'un mécanisme pour le financement des programmes de développement local ainsi que la recherche de mécanismes nouveaux à même d'améliorer le recouvrement des impôts. De plus, des recommandations de cet atelier on notera celle suggérant l'adoption des dispositions législatives "plus claires" et "plus strictes" dans la perspective d'amener les collectivités locales à préparer, dans les meilleures conditions, leurs plans de développement. Il s'agit aussi de mettre en place les mécanismes nécessaires afin d'aboutir à une banque de données d'indicateurs économiques et sociaux et de numériser en même temps la base de données relative aux besoins et préoccupations des citoyens. Les participants à l'atelier ont appelé en outre à "clarifier la responsabilité des différentes parties au niveau local et à conférer un rôle plus important aux élus", soulignant la nécessité de "renforcer la décentralisation et impliquer les citoyens à la prise de décisions". Quant à l'autre atelier intitulé "La digitalisation et l'intelligence collective, leviers d'un nouveau service public local", les recommandations ont porté notamment sur la mise en place d'une nouvelle politique relative à l'amélioration de la qualité du service public et la généralisation de la numérisation de l'administration locale. Il a été ainsi proposé la mise en place d'un cadre législatif et réglementaire favorable à une gestion moderne et intelligente du service public local, et de lancer, en parallèle, un programme de modernisation des collectivités locales visant à édifier une administration électronique. L'objectif de la numérisation tous azimuts des services des collectivités locales consiste à permettre aux citoyens de retirer les documents de l'état civil en ligne et de mettre un terme aux "pratiques et lourdeurs bureaucratiques". De plus, il a été aussi recommandé d'accélérer le processus de digitalisation en vue de parvenir à une administration dématérialisée avec zéro papier. Il s'agit aussi de parvenir, à travers la digitalisation à la "mutualisation et la rationalisation" des investissements en matière de digitalisation des prestations de service public. D'autre part, les participants ont tenu également à expliquer la mise en place d'un environnement favorable au développement des start-up qui interviennent dans le domaine des services publics locaux qui a comme objectif de formuler des solutions intelligentes et innovantes visant l'amélioration de la qualité des services offerts aux citoyens. Là, il y a lieu de retenir la recommandaiton relative à la formaiton où les participants ont bien mis en relief la nécessité d'organiser des formations au profit des personnels des collectivités locales dans le domaine des nouvelles technologies et de procéder au recrutement d'un personnel qualifié. Et dans ce même ordre d'idées, il a été suggéré la necessité et l'impératif pour les collectivités locales de créer des cellules de veille et d'écoute, en ligne, de manière à s'adapter aux mutations de la société connectée. Par ailleurs et sur le volet infrastructure, les participants ont recommandé l'entretien des routes ainsi que la généralisation et la modernisation de la signalisation routière, sans omettre de signaler au passage la suppression des intersections et carrefours dangereux. Les participants ont, également, recommandé de généraliser à d'autres villes et quartiers le métro et le tramway ainsi que les chemins de fer de manière à dissuader les automobilistes à utiliser leurs véhicules personnels et réduire ainsi le risque d'accidents de la circulation. Enfin, en ce qui concerne la sécurité routière, les participants à l'atelier "La mobilité et la sécurité routière", ont fait remarquer que le facteur humain demeurait la cause principale de 90% des accidents de la circulation, alors que 10% concernent l'état des routes et des véhicules. C'est alors qu'ils ont donc recommandé de revoir la qualification des formateurs (moniteurs des auto-écoles), et faire montre davantage de rigueur et de fermeté dans la délivrance des permis de conduire, notamment pour les chauffeurs des véhicules poids-lourds et de transport en commun. Ils ont également suggéré de réduire la période de contrôle technique des véhicules et surtout d'imposer un cahier des charges rigoureux quant à l'acquisition des véhicules et des pièces de rechange, lesquelles doivent être d'origine. De plus, la révision à la hausse des amendes des contraventions a également été recommandée de manière à dissuader les conducteurs à s'adonner à l'excès de vitesse, préconisant en outre de soumettre de manière régulière les conducteurs des transports publics à des tests psychologiques. Enfin, les participants à cet atelier intitulé "La mobilité et la sécurité routière", ont recommandé le concours des services des Douanes et d'un laboratoire de contrôle dans la perspective d'éviter que le marché national soit inondée de pièces de rechange contrefaites.
Djerad insiste sur la franchise pour arracher la confiance des citoyens S'adressant aux responsables locaux au terme des travaux de la réunion gouvernement-walis, M. Djerad a déclaré "nous sommes conscients que l'établissement de passerelles avec les citoyens passe par la franchise et la divulgation, loin de toute utopie et de dérobade de la responsabilité". Le Premier ministre a appelé les responsables à "emprunter la voie du dialogue et de la concertation avec les citoyens et les différentes composantes de la société civile", soulignant qu'il est "du devoir de tout un chacun d'être en contact avec les citoyens et de leur prêter attention". Dans ce sens, M. Djerad a déclaré que les scènes de souffrance et de désespoir des citoyens dans certaines régions du pays projetées au premier jour de la rencontre "font glacer le sang dans les veines", ce qui l'a amené, a-t-il dit, à revoir son intervention. Cette situation déplorable exige que tout un chacun assume ses responsabilités, a-t-il martelé. Dans le même contexte, M. Djerad a appelé les walis à "opérer une véritable rupture avec la bureaucratie dans toutes ses formes", à '"intensifier le travail de terrain, suivre la situation des citoyens et écouter leurs préoccupations". Pour le Premier ministre,"Les objectifs tracés par l'Exécutif ne pourront être réalisés sans l'éradication de la bureaucratie, cette maladie qui ronge notre administration", a-t-il ajouté, appelant les cadres de l'Etat à protéger l'administration des dérapages qui pourraient se produire sans prendre en considération la souffrance et les problèmes de nos concitoyens. La modernisation de l'administration, la simplification, la numérisation des procédures administratives et l'amélioration de sa performance contribueront à " assainir notre administration des pratiques révolues et de la bureaucratie qui pèsent lourd sur nos citoyens et ont retardé les investissements créateurs de richesses et d'emplois", a indiqué Djerad. Abordant les priorités de l'action gouvernementale, M. Djerad a précisé qu'elles seront axées essentiellement sur un ensemble de points, en tête desquelles figurent "la modernisation et mise à niveau de l'appareil administratif avec une intégration judicieuse de la numérisation et des nouvelles technologies dans le cadre d'un modèle ayant le citoyen comme principal élément de l'équation". S'ensuivent "l'intensification des efforts en vue de répondre aux besoins des citoyens même s'ils se trouvent aux confins du pays", "la libéralisation des initiatives et la création de catalyseurs aux jeunes qui sont un facteur actif dans le présent et l'avenir du pays", a-t-il ajouté. Dans le même ordre d'idées, M. Djerad a annoncé la révision du fonctionnement de certains établissements relevant du secteur de l'Intérieur, notamment la Délégation nationale aux risques majeurs, la Délégation nationale de sécurité routière, le Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG), le Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement (CENEAP) et le Centre national de formation, de perfectionnement et de recyclage des personnels des collectivités locales. A titre d'exemple, le Premier ministre a estimé que la Délégation nationale aux risques majeurs "devrait avoir une vision prospective qui lui permette d'anticiper les risques naturels" afin d'éviter la reproduction du scénario des feux de forêt et des inondations enregistrées en 2019 à Tébessa, Saïda et Tizi-Ouzou. M. Djerad a, par ailleurs, souligné que l'action des responsables locaux sera désormais soumise à un contrôle permanent. "Votre travail sera dorénavant soumis à un suivi et à une évaluation continus et vous n'aurez d'autre choix que de réussir dans vos missions et d'obtenir des résultats concrets", a-t-il dit à leur adresse. Enfin, le Premier ministre a indiqué que le gouvernement "tiendra compte des précieuses recommandations de cette rencontre dans l'élaboration de ses plans sectoriels".