Malgré une baisse ponctuelle des prix d'un certain nombre de matières premières sur les marchés internationaux ces derniers jours, à l'image des huiles oléagineuses, la tendance globale reste à la hausse. Le sucre n'est pas en reste. Et pour les pays africains, c'est une véritable ruée sur le sucre. L'enjeu est de taille.En effet, l'Afrique a une carte à jouer, et pas des moindres ; d'une part pour sa propre consommation, et d'autre part pour satisfaire une demande mondiale croissante. Autant dire du point de vue pragmatique, qu'il s'agit d'une bonne nouvelle pour l'Afrique qui investit massivement dans ce secteur.Le continent africain pourra donc améliorer son autosuffisance et se placer à l'exportation. Le continent produit 9,9 Mt de sucre alors qu'il en consomme 16,1 Mt. De nombreux pays africains ont compris que le sucre constitue un créneau sûr à moyen et long termes. On investit donc à tour de bras. A commencer par Illovo, le groupe sucrier sud- africain dont la production devrait grimper de 750 000 tonnes ces 5 à 6 prochaines années. Le Marocain Cosumar, détenu à 55% par l'ONA, va aussi investir plus de 1,6 milliard de dirhams soit 157 millions d'euros les cinq prochaines années pour que le pays puisse couvrir 55 à 60% de sa demande : le Maroc importe actuellement 650 000 à 700 000 t de sucre, soit 55% de ses besoins. Même scénario en Algérie. Le numéro un de l'agroalimentaire, le groupe privé Cevital, compte propulser sa production à 800 000 tonnes contre les 600 000 tonnes actuelles. En juin prochain, le complexe sucrier implanté à Béjaïa démarrera une seconde unité d'une capacité de 1 Mt/an destinée au marché d'exportation. En Egypte, la raffinerie, d'une capacité de 750 000 t (investissement de $ 140 millions du Saoudien Savola), a démarré sa production : c'est un des cinq plus grands complexes sucriers du Proche-Orient. Au Ghana, le Français Louis Dreyfus va rouvrir une raffinerie d'une capacité de 200 000 t. L'Ethiopie a pris du retard dans sa rénovation des trois unités sucrières mais, d'ici 2011, selon le ministre ghanéen du Commerce et de l'Industrie Girma Birru, la production devrait atteindre 1,3 Mt contre les 300 000 t actuelles : l'Inde (Exim Bank) a injecté $ 640 millions dans la construction d'une raffinerie à Tendaho et l'extension de celle de Finchaa. Celles de Wonji et Shoa sont aussi en cours de rénovation. Outre le sucre, l'Afrique a un potentiel important pour devenir d'ici 10 ans un exportateur majeur de biocarburants, selon Meghan Sapp, du bureau HG Consulting à Bruxelles. Des programmes éthanol majeurs sont en cours au Nigeria, au Mozambique et au Soudan. Des pays comme l'Ethiopie, l'Ouganda et le Nigeria développent déjà des politiques de flexfuel pour leur parc automobile national. Le Malawi produit depuis plus de 30 ans de l'éthanol dérivé de la canne à sucre. Au Mozambique, $ 290 millions sont levés auprès de Hedge funds pour un projet de plantation de 20 000 ha de cannes à sucre et une unité de bioéthanol ; l'année dernière Central African Mining & Exploration a investi $ 150 millions dans une usine d'éthanol, et Petromoc consacre $ 550 millions au développement de biocarburants.