Dans une allocution à l'ouverture de la première conférence des ministres des Transports de l'UA, le chef du gouvernement, M. Belkhadem, a soutenu que "le manque d'infrastructures de transport en Afrique et l'état déplorable de celles existantes, notamment dans les régions rurales, constituent des entraves au développement". "Ce constat est d'autant plus négatif que les engagements et les investissements des partenaires de l'Afrique se font rares dans ce domaine nonobstant l'élaboration de projets structurants qui reflètent une haute convergence de vues autour des priorités du continent", a-t-il ajouté. M. Belkhadem a souligné, à ce propos, l'impératif de collecter les fonds nécessaires au développement de ces infrastructures dans le continent et d'adopter une politique appropriée. Il a rappelé la contribution de l'Algérie à toutes les initiatives visant à définir une approche globale et harmonisée au sein de l'Union africaine (UA) pour unifier les efforts en faveur d'une modernisation du secteur. Cette approche, unificatrice et solidaire, s'inscrit dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et concerne le secteur des transports, un des dix secteurs prioritaires dans le cadre du Nepad. Le chef du gouvernement a précisé que les participants à cette conférence doivent "se pencher sur toutes les exigences d'une dynamique en Afrique et définir les entraves qui se posent à l'intégration des infrastructures de base dans le domaine des transports en Afrique" en vue d'aboutir à des solutions plus appropriées pour que "le processus de mondialisation n'induise pas une marginalisation de l'Afrique". S'agissant du transport maritime, le chef du gouvernement a appelé à évaluer le cadre institutionnel africain du transport maritime notamment au plan du respect des conventions internationales sur l'intégrité, l'environnement, la sécurité et l'organisation commerciale. L'actualisation de la charte maritime africaine, a-t-il ajouté, "adoptée en décembre 1993 à Addis Abéba et l'exécution du plan des recommandations d'Accra, la modernisation des dispositifs relatifs au traitement des passagers, du fret et des moyens de gestion des ports, sont autant de préoccupations de l'heure qui doivent être prises en compte". Quant au transport terrestre et ferroviaire, M. Belkhadem a recommandé la réalisation d'un réseau continu et cohérent des infrastructures routières et ferroviaires afin de remédier à la fragilité des routes et des chemins de fer. Il a également appelé à imprimer une cohérence aux systèmes techniques et commerciaux du continent, d'uniformiser les modes de transport ferroviaire et de promouvoir les programmes nationaux relatifs aux routes et voies ferroviaires intégrées. Le chef du gouvernement a relevé la nécessité de prendre en considération la sécurité routière, d'autant que les accidents de la route sont la deuxième cause de décès dans le continent, soulignant que la prise en charge des victimes des accidents de la route en Afrique représentent entre 1 et 1,5% des richesses nationales des pays aux revenus moyens. Concernant le financement des infrastructures de base des transports, le chef du gouvernement a affirmé l'importance de rechercher un nouveau partenariat pour développer ces infrastructures à l'instar du partenariat initié au plan financier entre l'Afrique et l'UE, le but étant la mobilisation de ressources financières supplémentaires nécessaires. De son côté, le ministre des Transports, M. Mohamed Maghlaoui, a souligné, devant les ministres africains et des experts dans le secteur des transports, que la principale finalité de la conférence d'Alger est d'élaborer une ''vision harmonieuse et globale'' de ce secteur dans le continent africain. Par ailleurs, le commissaire africain a demandé une position africaine commune pour les négociations des accords de services aériens entre les Etats membres de l'UA et ceux de l'Union européenne. La moyenne d'accidents aériens en Afrique 6 fois supérieure à la moyenne mondiale L'Afrique a enregistré ces deux dernières années une moyenne d'accidents aériens 6 fois supérieure à la moyenne mondiale, indique le rapport présenté jeudi par les experts africains de la sécurité aérienne. La libéralisation du transport aérien en Afrique, suite à l'adoption de la décision de Yamoussoukro en novembre 1999, a entraîné l'apparition de plusieurs opérateurs aériens qui, malheureusement, ne respectent par toujours les normes internationales de sécurité, affirment les experts. Or, ces dernières années, ''la sécurité aérienne est devenue une préoccupation mondiale avec l'accroissement du trafic aérien qui s'est traduit par l'augmentation des mouvements d'avions, du nombre de passagers et du volume de frêt transporté.'' La recrudescence des accidents aériens en Afrique coïncide pour les compagnies africaines avec le redoublement de vigilance préconisé dans le monde en matière de respect de normes de sécurité, ont ajouté les experts africains. ''C'est pour cela que l'Afrique se retrouve dans la situation la plus défavorable'', ont-ils mentionné dans leur rapport final. L'industrie mondiale du transport aérien qui se situe parmi les plus rentables a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 1800 milliards de dollars et créé plus de 28 millions d'emplois directs et indirects au cours de l'année 2006, selon les spécialistes. Mais la part de l'Afrique dans cette industrie de transport aérien reste modeste: sur plus de 2 milliards de passagers transportés, en 2006, par les 190 pays membres de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) seulement 5% de ce trafic revient a l'Afrique. De cette part africaine, les deux tiers sont assurés par les compagnies non membres de l'association des compagnies aériennes africaines. En 2004, les 42 compagnies aériennes membres de l'association des compagnies aériennes africaines ont transporté 36 millions de passagers (soit une hausse de 12% par rapport à 2003) tandis que les 5 plus grandes compagnies aériennes européennes ont transporté au départ et à destination de l'Afrique, 72 millions de passagers, soit les deux tiers du trafic aérien total.