Prévue lundi, la conférence de l'OPEP a été reportée par cette institution et la Russie à ce jeudi pour discuter d'une baisse sans précédent de l'offre mondiale de pétrole dans la perspective de soutenir les cours.
Cette réunion exceptionnelle par visioconférence doit permettre de discuter d'une réduction massive de la production, à hauteur de 10 millions de barils par jour (mbj), un volume évoqué par le président russe Vladimir Poutine. En effet, l'Opep et ses partenaires cherchent à conclure un accord sur une baisse de production équivalant à 10% de la demande globale. Une réunion des pays membres de l'OPEP et d'autres grands producteurs, dont la Russie, était prévue lundi à ce sujet, mais Moscou et Ryad se rejettent la responsabilité de la chute des cours du brut. Ainsi, Vladimir Poutine a accusé vendredi l'Arabie saoudite d'avoir déclenché la guerre des prix, ce qui a entraîné une vive réponse de Ryad samedi. "Le ministre russe de l'Energie a été le premier à déclarer dans la presse que tous les membres (de l'Opep+) n'auraient plus à respecter leurs engagements (de baisse de la production) à partir du 1er avril, ce qui a incité ces pays à augmenter leur production", a déclaré le ministre saoudien de l'Energie, le prince Abdoulaziz bin Salman, dans un communiqué diffusé par l'agence SPA. L'incertitude entourant l'attitude des Etats-Unis complique aussi la recherche d'un accord, les membres de l'Opep+ souhaitant que Washington contribue à la baisse de la production avec son pétrole de schiste.
Position de l'Algérie réitérée L'Algérie, qui assure la présidence de la Conférence de l'Opep, a appelé les producteurs de pétrole à saisir l'opportunité de la réunion de ce jeudi pour "privilégier le sens de responsabilité" et aboutir à un accord sur une réduction de la production pétrolière qui soit "globale, massive et immédiate". "L'Algérie, qui assure la présidence de la Conférence de l'OPEP, lance un appel à tous les producteurs de pétrole pour saisir l'opportunité de la réunion prévue le 9 avril, pour privilégier le sens des responsabilités et aboutir à un accord sur une réduction de la production pétrolière qui soit globale, massive et immédiate", a déclaré le ministre de l'Enregie, Mohamed Arkab, cité dans un communiqué du ministère. L'Algérie "œuvrera, comme par le passé, à rapprocher les points de vue, rechercher les solutions consensuelles et contribuer à tout effort qui permettra de stabiliser le marché pétrolier, pour le bénéfice des pays producteurs et des pays consommateurs", a-t-il soutenu. Le ministre a souligné, toujours selon le communiqué, que le marché pétrolier fait face à une chute de la demande d'un niveau inégalé par le passé, en raison de l'impact de la pandémie de COVID-19 sur l'activité économique mondiale et des mesures de confinement prises par de nombreux pays. Il a ajouté que le marché faisait face également à une augmentation de la production mondiale de pétrole, due à la volonté de certains pays de produire au maximum de leur capacité. "Ce double choc a induit une baisse drastique des prix pétroliers, une baisse qui sera encore plus accentuée dans quelques semaines, lorsque les capacités de stockage de pétrole, en terre et en mer, seront saturées, conduisant une dislocation durable de l'industrie pétrolière", a observé M. Arkab. Et c'est ce qui explique pourquoi l'Algérie insiste pour un accord sur une baisse immédiate de la production du pétrole. A noter qu'à la veille d'une réunion cruciale des pays producteurs de pétrole pour réduire la production, qui redonne espoir aux acteurs d'un marché affaibli par la crise du coronavirus, les prix du brut sont repartis à la hausse. Le baril américain de WTI pour livraison en mai bondissait de 5,46%, à 24,92 dollars vers 3H30 GMT. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin progressait de 2,29%, à 32,60 dollars. Le secteur financier espère que Ryad et Moscou, qui participent à la réunion de cette semaine, accepteront de mettre fin à leur différend et de réduire leur production.