Un groupe de chercheurs de l'Institut national des maladies infectieuses à Tokyo (National Institute of Infectious Diseases) étudie un nouveau vaccin, sous forme de spray nasal, contre le risque de pandémie de grippe dû à H5N1 ou à une autre souche virale. Comme il est difficile de prédire quelle souche de virus causera la pandémie, il peut être avantageux de produire des vaccins qui confèrent une immunité croisée. L'administration d'un vaccin par voie muqueuse peut justement conférer une immunité croisée protectrice par sa capacité à induire des taux élevés d'IGA à la surface des muqueuses et pourrait être la voie la plus appropriée pour les vaccins contre la grippe. L'addition d'adjuvants peut aussi favoriser le développement d'une immunité muqueuse protectrice. Le Professeur Hideki Hasegawa et son équipe de l'Institut national des maladies infectieuses ont utilisé le virus obtenu sur un malade atteint de la grippe aviaire H5N1en 2004 au Viêt-Nam et l'ont inactivé. Ensuite, ils ont créé un nouveau vaccin en mélangeant le matériel viral à un adjuvant, de l'ARN bicaténaire (DS RNA, Ampligen), un agoniste du récepteur immunitaire de type Toll. Ces récepteurs (TLR, Toll-like receptor) sont des protéines transmembranaires reconnaissant des antigènes spécifiques (pour chaque récepteur) et capables de déclencher une réponse immunitaire. En particulier, les TLR de type 3 ont pour ligand naturel l'ARN double brin d'origine virale ou parasitaire. Ce nouveau vaccin stimule la production d'immunoglobulines IgA à la surface de la muqueuse nasale, pouvant détruire le virus dès son entrée dans les voies aériennes supérieures avant qu'il n'atteigne la muqueuse. Ce vaccin peut conférer une immunité croisée efficace contre différentes souches de virus influenza, car les récepteurs TRL reconnaissent des antigènes viraux, comme l'ARN double brin qui ne sont pas sujets à des mutations rapides. D'après les expériences faites chez les souris, toutes celles (cinq) qui avaient reçu ce vaccin ont pu survivre à l'exposition au virus H5N1 et les souris non vaccinées sont mortes dans les douze jours suivant l'inoculation. Les chercheurs ont également pu vérifier l'efficacité de ce vaccin sur la survie de souris exposées à des souches H5N1 différentes, celles de l'épisode de "la grippe du poulet" survenu à Hong-Kong en 1997 et aussi celles sévissant en Indonésie en 2005. Le vaccin reste efficace malgré les différences génétiques entre ces différents virus H5N1.L'intérêt de cette étude est l'utilisation d'ARN double brin comme adjuvant dans le vaccin. Il n'y a normalement pas d'adjuvants dans les vaccins antigrippaux contre la grippe saisonnière, mais il y en a dans la plupart des vaccins préparés contre les virus H5N1. L'Union européenne a homologué récemment des vaccins adjuvés avec une émulsion huile/eau (MF59). D'autres vaccins utilisant la voie nasale ont été déjà développés. Une compagnie américaine, Carrington Laboratories vient d'annoncer qu'elle allait débuter en 2008 un essai clinique de phase I avec le GelVacTM, une poudre à administrer par voie nasale contenant un antigène vaccinant contre H5N1. Le DS RNA de l'Ampligen utilisé par les chercheurs japonais a été bien toléré par les patients lors d'essais cliniques de phase III aux Etats-Unis. Toutefois, les chercheurs japonais sont prudents et veulent continuer à améliorer leur technique de vaccination chez l'animal avant de se lancer dans des essais cliniques prévus vers 2010.