Salaire ne dépassant pas les 9 mille dinars, emplois sans contrats et risque de renvoi en cas de protestation, tel est le sort des "payés à l'heure" dans le secteur de la santé. Ces employés, connaissant une situation socio-économique dérisoire amplifiée par une importante charge de travail, sont ainsi pris entre deux feux, aussi brûlants l'un que l'autre, à savoir le chômage ou un emploi sous-payé. Un nombre incalculable d'infirmiers, assistants, agents de sécurité et autres exerçant dans les centres de santé de proximité à travers les différentes wilayas du pays endurent, en silence, loin de toute protection de la part des pouvoirs publics, l'arrogance de leurs responsables et la précarité de leur situation professionelle. Pour les gens du secteur un "payé à l'heure" est un travailleur qui assure son travail au moins cinq heures par jour et qui reçoit en compensation à la fin du mois un salaire ne dépassant pas 9 mille dinars, voire 8 mille pour certains. Ces travailleurs dans la majorité des cas n'ont aucun espoir d'évolution, à l'exception d'un nombre très limité, recruté en qualité de vacataire et qui voit son salaire atteindre les 12 mille dinars. Des témoignages affirment que cette situation peut durer, pour certains, de longues années, sans nulle reconnaissance de la part de l'employeur. Rencontré au sein de la polyclinique Bouchenafa, située dans la commune de Sidi M'hamed à Alger, un infirmier, la trentaine environ, nous déclare, entre haut et bas, de crainte d'être surpris par ses supérieurs : «Une bonne partie des employés ici sont des "payés à l'heure". Ils ne touchent pas plus de 9 mille DA au terme d'un mois de labeur et ne peuvent même pas contester craignant de se retrouver à la porte». Il souligne, après avoir précisé que cette situation dure pour certains depuis de longues années, que les femmes sont majoritaires puisque c'est surtout elles qui résistent à ces conditions de travail. «Marié et un enfant, cela fait pourtant quatre années que je travaille pour ce minable salaire», déplore notre interlocuteur. Il terminera sur une note de désespoir : «Je ne peux pas quitter ce travail tant que je n'ai rien d'autre en perspective. Que ferais-je si je me retrouve sans travail ? Dans le meilleur des cas je deviendrais pickpocket». Son collègue, tenant lui aussi à garder l'anonymat, interviendra pour nous affirmer que même le passage au statut de vacataire est «complètement soumis à la loi du piston», d'ailleurs, ajoute-t-il «il y a des femmes, recrutées alors qu'elles n'étaient pas encore mariées, dont les enfants sont aujourd'hui mariés et qui sont toujours payées à l'heure». C'est dire que la grève des praticiens, des spécialistes et des hospitalo-universitaires n'est que la face apparente de l'iceberg. Certes cette grève donne le ton sur le malaise au sein du secteur géré par l'ancien ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, mais est loin de refleter la dramatique réalité. On est en droit de s'interroger sur les sentiments ressentis par ces "payés à l'heure" devant les revendications de leurs collègues, eux qui n'ont même pas de couverture syndicale ou encore le droit de seulement protester. Ceci ne laisse pas de faire méditer ces employés sur la référence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia lequel a affirmé, au cours de la tenue de la tripartite, qu'aucun employé en Algérie ne perçoit un salaire inférieur au SNMG. En ultime recours, les "payés à l'heure" s'adressent ainsi à la presse en espérant une réaction de la part des pouvoirs publics en leur faveur. MINA ADEL Salaire ne dépassant pas les 9 mille dinars, emplois sans contrats et risque de renvoi en cas de protestation, tel est le sort des "payés à l'heure" dans le secteur de la santé. Ces employés, connaissant une situation socio-économique dérisoire amplifiée par une importante charge de travail, sont ainsi pris entre deux feux, aussi brûlants l'un que l'autre, à savoir le chômage ou un emploi sous-payé. Un nombre incalculable d'infirmiers, assistants, agents de sécurité et autres exerçant dans les centres de santé de proximité à travers les différentes wilayas du pays endurent, en silence, loin de toute protection de la part des pouvoirs publics, l'arrogance de leurs responsables et la précarité de leur situation professionelle. Pour les gens du secteur un "payé à l'heure" est un travailleur qui assure son travail au moins cinq heures par jour et qui reçoit en compensation à la fin du mois un salaire ne dépassant pas 9 mille dinars, voire 8 mille pour certains. Ces travailleurs dans la majorité des cas n'ont aucun espoir d'évolution, à l'exception d'un nombre très limité, recruté en qualité de vacataire et qui voit son salaire atteindre les 12 mille dinars. Des témoignages affirment que cette situation peut durer, pour certains, de longues années, sans nulle reconnaissance de la part de l'employeur. Rencontré au sein de la polyclinique Bouchenafa, située dans la commune de Sidi M'hamed à Alger, un infirmier, la trentaine environ, nous déclare, entre haut et bas, de crainte d'être surpris par ses supérieurs : «Une bonne partie des employés ici sont des "payés à l'heure". Ils ne touchent pas plus de 9 mille DA au terme d'un mois de labeur et ne peuvent même pas contester craignant de se retrouver à la porte». Il souligne, après avoir précisé que cette situation dure pour certains depuis de longues années, que les femmes sont majoritaires puisque c'est surtout elles qui résistent à ces conditions de travail. «Marié et un enfant, cela fait pourtant quatre années que je travaille pour ce minable salaire», déplore notre interlocuteur. Il terminera sur une note de désespoir : «Je ne peux pas quitter ce travail tant que je n'ai rien d'autre en perspective. Que ferais-je si je me retrouve sans travail ? Dans le meilleur des cas je deviendrais pickpocket». Son collègue, tenant lui aussi à garder l'anonymat, interviendra pour nous affirmer que même le passage au statut de vacataire est «complètement soumis à la loi du piston», d'ailleurs, ajoute-t-il «il y a des femmes, recrutées alors qu'elles n'étaient pas encore mariées, dont les enfants sont aujourd'hui mariés et qui sont toujours payées à l'heure». C'est dire que la grève des praticiens, des spécialistes et des hospitalo-universitaires n'est que la face apparente de l'iceberg. Certes cette grève donne le ton sur le malaise au sein du secteur géré par l'ancien ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, mais est loin de refleter la dramatique réalité. On est en droit de s'interroger sur les sentiments ressentis par ces "payés à l'heure" devant les revendications de leurs collègues, eux qui n'ont même pas de couverture syndicale ou encore le droit de seulement protester. Ceci ne laisse pas de faire méditer ces employés sur la référence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia lequel a affirmé, au cours de la tenue de la tripartite, qu'aucun employé en Algérie ne perçoit un salaire inférieur au SNMG. En ultime recours, les "payés à l'heure" s'adressent ainsi à la presse en espérant une réaction de la part des pouvoirs publics en leur faveur. MINA ADEL