C'est demain que s'ouvre à Londres la "réunion internationale" sur le Yémen convoquée promptement par le Premier ministre britannique Gordon Brown après la tentative d'attentat du 25 décembre à bord d'un avion reliant Amsterdam à Détroit. "Il y a un véritable problème au Yémen", a expliqué dimanche dernier le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband. C'est demain que s'ouvre à Londres la "réunion internationale" sur le Yémen convoquée promptement par le Premier ministre britannique Gordon Brown après la tentative d'attentat du 25 décembre à bord d'un avion reliant Amsterdam à Détroit. "Il y a un véritable problème au Yémen", a expliqué dimanche dernier le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband. "Le fait qu'Al-Qaïda dans la péninsule arabique aurait tenté de frapper à Detroit marque une nouvelle phase dans la campagne, et c'est pourquoi il y a une réunion importante demain... Le Yémen a grossi dans notre radar au cours des 18 derniers mois à deux ans", a-t-il ajouté sur la BBC. Vingt-et-un pays dont les Etats-Unis, l'Union européenne, les pays voisins du Yémen et le Conseil de Coopération du Golf (CCG), y assisteront afin d'assurer le Yémen de leur soutien dans ses efforts pour contrer la menace Al-Qaïda. Barack Obama avait accusé Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) d'avoir "entraîné" et "équipé" au Yémen le jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, qui avait tenté d'activer un explosif à bord du vol 253. L'Aqpa et Oussama ben Laden ce dimanche ont revendiqué l'attentat manqué. Cette réunion, baptisée ainsi par Londres pour indiquer un niveau inférieur à une "conférence" et a fortiori à un "sommet, ne durera que deux heures, son objectif étant de permettre "aux pays amis" du Yémen de l'assurer de leur solidarité dans son combat difficile contre le terrorisme et sur l'aide à apporter à son gouvernement pour assurer le développement du pays. La pénurie d'eau qui affecte sévèrement Sanaa, —elle pourrait devenir la première capitale au monde à être privée d'eau d'ici peu,—figure également au menu selon des experts et officiels à Sanaa. L'administration de Barack Obama cherchera à obtenir des soutiens pour sa stratégie au Yémen, son nouveau front, bien antérieur à l'attentat manqué du 25 décembre, dans la lutte des Etats-Unis contre l'extrémisme islamiste. Elle estime qu'après l'Irak et l'Afghanistan, des Etats en quasi faillite tels que le Yémen ou la Somalie où les Shebab sont omniprésents, peuvent devenir des bases majeures pour le réseau Al-Qaïda et ses composantes régionales. De ce fait Washington n'a pas exclu à demi mots une éventuelle intervention au Yémen le cas échéant L'attaque manquée du jour de Noël a été l'occasion pour Washington de mettre en oeuvre sa détermination, mettant ouvertement en avant ses doutes sur la capacité du gouvernement yéménite à stabiliser la situation politique et économique. Les Etats-Unis contribuent depuis 2006 à équiper l'armée yéménite qui fait face par ailleurs à une rébellion chiite zaidiste au Nord et à une tentative de sécession au Sud. Partageant des renseignements avec le Yémen, ils sont largement soupçonnés d'avoir aidé les forces yéménites à mener des frappes contre des cibles d'Al-Qaïda ces dernières semaines. Exprimant leur satisfaction sur ce volet, ils émettent des réserves sur l'autre axe. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui doit participer à la réunion, l'a fait savoir en recevant le 21 janvier son homologue yéménite Abou Bakr Abdallah al-Kourbi. "Nous voyons l'effort antiterroriste produire des résultats, et nous voulons voir les mêmes résultats en matière de développement", avait t-elle déclaré lors de leur point de presse conjoint. "Le Yémen a lancé des programmes de développement ces trois dernières années et entrepris des réformes plutôt courageuses", a répliqué le ministre yéménite : "l'absence de résultats tient à ce que le Yémen n'a pas les ressources nécessaires pour mettre en œuvre ces réformes". Le Yémen sera en conséquence sommé d'améliorer sa gouvernance pour convaincre les pays donateurs de débloquer l'ensemble des 4,7 milliards de dollars promis lors d'une précédente conférence tenue à Londres en 2006. Bien que cette rencontre "ne sera pas une conférence de donateurs en tant que telle", comme l'a précisé M.Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat. Washington veillera cependant à "faire en sorte que l'aide soit un peu accélérée dans les domaines les plus urgents". Selon Marisa Porges, une ancienne conseillère du gouvernement américain en antiterrorisme, l'objectif de la conférence sera aussi " (…) de faire pression sur les dirigeants yéménites pour qu'ils se montrent à la hauteur des attentes". Ces « attentes » ont été réitérées par Hillary Clinton à son homologue yéménite. "Nous avons des attentes, et nous avons le droit de travailler avec le gouvernement du Yémen puisque nous apportons une aide, parce que nous voulons que cette aide bénéficie au peuple du Yémen", avait t-elle insisté, réclamant les mêmes résultats en matière de développement et évoquant la nécessité de "combattre la corruption". La situation économique du pays alimente également les extrémismes : déjà l'une des nations les plus pauvres du monde, le Yémen fait face au déclin de ses réserves pétrolières qui représentent 75% de ses revenus. Selon nombre d'experts et diplomates, le président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 31 ans, contesté sur plusieurs fronts, joue la carte Al-Qaïda pour tenter de criminaliser ses opposants et d'obtenir des soutiens internationaux, aucune preuve tangible de collusion entre ces trois menaces pour le régime n'ayant été prouvée. Aux prises avec une rébellion armée chiite tenace dans le nord du pays et une contestation politico-sociale de plus en plus virulente au sud, il essaie d'accréditer la thèse, jugée peu crédible, selon laquelle tous ces opposants, qui s'en défendent, ont des accointances avec la menace jihadiste, par ailleurs réelle dans certaines régions, pour en tirer des bénéfices politiques, militaires et financiers. Aussi l'affaire du jeune Nigérian est elle une aubaine formidable pour le régime disent-ils. Le Premier ministre Ali Mujawar, qui dirigera la délégation yéménite, a ainsi fustigé la semaine dernière "l'axe du mal" constitué des rebelles nordistes, "des terroristes d'Al-Qaïda" et des opposants sudistes, qualifiés de "partisans de la partition du pays". Dans les médias officiels, ces derniers sont qualifiés de "hirak qaïdi", "mouvement qaïdiste", alors que la plupart de ses composantes rejettent la lutte armée. En somme, pour l'opposition yéménite, Ali Mujawar ira à Londres pour agiter ce spectre d'Al-Qaida. N. S. "Le fait qu'Al-Qaïda dans la péninsule arabique aurait tenté de frapper à Detroit marque une nouvelle phase dans la campagne, et c'est pourquoi il y a une réunion importante demain... Le Yémen a grossi dans notre radar au cours des 18 derniers mois à deux ans", a-t-il ajouté sur la BBC. Vingt-et-un pays dont les Etats-Unis, l'Union européenne, les pays voisins du Yémen et le Conseil de Coopération du Golf (CCG), y assisteront afin d'assurer le Yémen de leur soutien dans ses efforts pour contrer la menace Al-Qaïda. Barack Obama avait accusé Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) d'avoir "entraîné" et "équipé" au Yémen le jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, qui avait tenté d'activer un explosif à bord du vol 253. L'Aqpa et Oussama ben Laden ce dimanche ont revendiqué l'attentat manqué. Cette réunion, baptisée ainsi par Londres pour indiquer un niveau inférieur à une "conférence" et a fortiori à un "sommet, ne durera que deux heures, son objectif étant de permettre "aux pays amis" du Yémen de l'assurer de leur solidarité dans son combat difficile contre le terrorisme et sur l'aide à apporter à son gouvernement pour assurer le développement du pays. La pénurie d'eau qui affecte sévèrement Sanaa, —elle pourrait devenir la première capitale au monde à être privée d'eau d'ici peu,—figure également au menu selon des experts et officiels à Sanaa. L'administration de Barack Obama cherchera à obtenir des soutiens pour sa stratégie au Yémen, son nouveau front, bien antérieur à l'attentat manqué du 25 décembre, dans la lutte des Etats-Unis contre l'extrémisme islamiste. Elle estime qu'après l'Irak et l'Afghanistan, des Etats en quasi faillite tels que le Yémen ou la Somalie où les Shebab sont omniprésents, peuvent devenir des bases majeures pour le réseau Al-Qaïda et ses composantes régionales. De ce fait Washington n'a pas exclu à demi mots une éventuelle intervention au Yémen le cas échéant L'attaque manquée du jour de Noël a été l'occasion pour Washington de mettre en oeuvre sa détermination, mettant ouvertement en avant ses doutes sur la capacité du gouvernement yéménite à stabiliser la situation politique et économique. Les Etats-Unis contribuent depuis 2006 à équiper l'armée yéménite qui fait face par ailleurs à une rébellion chiite zaidiste au Nord et à une tentative de sécession au Sud. Partageant des renseignements avec le Yémen, ils sont largement soupçonnés d'avoir aidé les forces yéménites à mener des frappes contre des cibles d'Al-Qaïda ces dernières semaines. Exprimant leur satisfaction sur ce volet, ils émettent des réserves sur l'autre axe. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui doit participer à la réunion, l'a fait savoir en recevant le 21 janvier son homologue yéménite Abou Bakr Abdallah al-Kourbi. "Nous voyons l'effort antiterroriste produire des résultats, et nous voulons voir les mêmes résultats en matière de développement", avait t-elle déclaré lors de leur point de presse conjoint. "Le Yémen a lancé des programmes de développement ces trois dernières années et entrepris des réformes plutôt courageuses", a répliqué le ministre yéménite : "l'absence de résultats tient à ce que le Yémen n'a pas les ressources nécessaires pour mettre en œuvre ces réformes". Le Yémen sera en conséquence sommé d'améliorer sa gouvernance pour convaincre les pays donateurs de débloquer l'ensemble des 4,7 milliards de dollars promis lors d'une précédente conférence tenue à Londres en 2006. Bien que cette rencontre "ne sera pas une conférence de donateurs en tant que telle", comme l'a précisé M.Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat. Washington veillera cependant à "faire en sorte que l'aide soit un peu accélérée dans les domaines les plus urgents". Selon Marisa Porges, une ancienne conseillère du gouvernement américain en antiterrorisme, l'objectif de la conférence sera aussi " (…) de faire pression sur les dirigeants yéménites pour qu'ils se montrent à la hauteur des attentes". Ces « attentes » ont été réitérées par Hillary Clinton à son homologue yéménite. "Nous avons des attentes, et nous avons le droit de travailler avec le gouvernement du Yémen puisque nous apportons une aide, parce que nous voulons que cette aide bénéficie au peuple du Yémen", avait t-elle insisté, réclamant les mêmes résultats en matière de développement et évoquant la nécessité de "combattre la corruption". La situation économique du pays alimente également les extrémismes : déjà l'une des nations les plus pauvres du monde, le Yémen fait face au déclin de ses réserves pétrolières qui représentent 75% de ses revenus. Selon nombre d'experts et diplomates, le président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 31 ans, contesté sur plusieurs fronts, joue la carte Al-Qaïda pour tenter de criminaliser ses opposants et d'obtenir des soutiens internationaux, aucune preuve tangible de collusion entre ces trois menaces pour le régime n'ayant été prouvée. Aux prises avec une rébellion armée chiite tenace dans le nord du pays et une contestation politico-sociale de plus en plus virulente au sud, il essaie d'accréditer la thèse, jugée peu crédible, selon laquelle tous ces opposants, qui s'en défendent, ont des accointances avec la menace jihadiste, par ailleurs réelle dans certaines régions, pour en tirer des bénéfices politiques, militaires et financiers. Aussi l'affaire du jeune Nigérian est elle une aubaine formidable pour le régime disent-ils. Le Premier ministre Ali Mujawar, qui dirigera la délégation yéménite, a ainsi fustigé la semaine dernière "l'axe du mal" constitué des rebelles nordistes, "des terroristes d'Al-Qaïda" et des opposants sudistes, qualifiés de "partisans de la partition du pays". Dans les médias officiels, ces derniers sont qualifiés de "hirak qaïdi", "mouvement qaïdiste", alors que la plupart de ses composantes rejettent la lutte armée. En somme, pour l'opposition yéménite, Ali Mujawar ira à Londres pour agiter ce spectre d'Al-Qaida. N. S.