L'enregistrement attribué à Oussama Ben Laden diffusé, hier, par Al Jazeera pourrait être le signe d'un attentat « dans les douze prochains mois ». C'est la conclusion du centre de surveillance des sites islamistes, IntelCenter. La preuve ? Le message « contient un vocabulaire spécifique utilisé par Ben Laden dans ses messages précédant des attentats et est le signe d'un possible attentat dans les douze prochains mois », selon un communiqué de ce centre américain. « La phrase ‘‘que la paix soit sur ceux qui suivent la juste voie'' apparaît au début et à la fin de messages diffusés avant des attentats », relève IntelCenter. L'emploi de ces termes ainsi que la menace formulée directement par Oussama Ben Laden contre les Etats-Unis « accroît l'inquiétude qu'un attentat comme celui (jour de Noël contre un avion de la compagnie) de Delta soit en préparation », ajoute le communiqué. Dans le bref enregistrement diffusé par la chaîne Al Jazeera, le chef d'Al Qaîda a rendu hommage au « héros » Umar Farouk Abdulmutallab, le jeune Nigérian qui a tenté sans succès de faire exploser cet avion reliant Amsterdam et Detroit. Oussama Ben Laden a ajouté que les attaques d'Al Qaîda visant les Etats-Unis se poursuivraient « tant que (le) soutien (américain) aux Israéliens se poursuivra ». Ce nouveau message a tôt fait de provoquer la réaction de la Maison-Blanche. « Nous serons offensifs contre Ben Laden et Al Qaîda pour protéger le peuple américain », a déclaré, sur la chaîne, CNN David Axelrod, le principal conseiller du président Barack Obama. M. Axelrod et Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison-Blanche, ont tous deux souligné que cet enregistrement n'avait pas été authentifié. Al Jazeera, qui diffuse habituellement les messages de Ben Laden, a affirmé qu'il s'agissait bien de la voix du chef d'Al Qaîda. M. Axelrod a vu dans cet avertissement lancé aux Etats-Unis « les mêmes justifications creuses pour le massacre d'innocents que nous avons déjà entendues ». « Et il est ironique de constater qu'au nom de l'Islam, il a tué davantage de musulmans que d'adeptes de toute autre religion », a ajouté le conseiller de M. Obama. Robert Gibbs a, pour sa part, exprimé l'espoir que plus de huit ans après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis parviendront à capturer le chef d'Al Qaîda. Onde de choc « Je pense que tout le monde comprend qu'il s'agit de quelqu'un qui surgit tout d'un coup dans nos vies avec un enregistrement, parce qu'il n'est rien d'autre qu'un terroriste et un voyou lâche et meurtrier qui un jour, que j'espère proche, sera transféré devant la justice », a lancé M. Gibbs sur la chaîne Fox. L'onde de choc de Ben Laden a atteint également Londres où l'on parle de nouvelle stratégie d'Al Qaîda. A l'appui, l'attentat manqué contre le vol Amsterdam-Detroit le jour de Noël qui marque une « nouvelle phase » dans la campagne d'Al Qaîda dans la péninsule arabique (Aqpa), a déclaré, hier, le ministre britannique des Affaires étrangères. La tentative d'attentat du 25 décembre, revendiquée dimanche par le chef d'Al Qaîda, Oussama Ben Laden, est « la première opération d'Aqpa (...) en Occident au lieu du Moyen-Orient », a observé David Miliband sur BBC1, en précisant : « Le Yémen a pris de l'ampleur dans notre radar au cours des 18 derniers mois à deux ans. » « Les gens ne doivent pas s'y tromper. Le cœur des hauts responsables d'Al Qaîda se trouve toujours à la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan », a relevé M. Miliband, rappelant que « 60 à 70% des complots terroristes visant le Royaume-Uni ont des liens avec cette région ». « Mais le vrai problème du Yémen (est) le fait qu'Al Qaîda dans la péninsule arabique aurait essayé de frapper à Détroit, (ce qui) marque une nouvelle phase dans sa campagne et la raison pour laquelle il y a une réunion importante sur le Yémen mercredi » à Londres, a estimé le chef de la diplomatie britannique. Cette réunion internationale sur le Yémen, qui rassemblera 21 pays, avait été souhaitée par le Premier ministre britannique, Gordon Brown, après la tentative d'attentat contre le vol Amsterdam-Detroit. Par ailleurs, M. Miliband a refusé de se prononcer sur un lien éventuel entre le relèvement vendredi du niveau d'alerte terroriste au Royaume-Uni et le renforcement juste avant de la sécurité dans les aéroports indiens par crainte de détournements par des groupes proches d'Al Qaîda.