Aux termes des consultations menées avec l'Algérie le 8 janvier dernier et après examen des rapports y afférant, le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a produit la semaine dernière une évaluation plutôt mitigée de la situation économique du pays. Aux termes des consultations menées avec l'Algérie le 8 janvier dernier et après examen des rapports y afférant, le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a produit la semaine dernière une évaluation plutôt mitigée de la situation économique du pays. La note d'information publiée par le fonds en date du 23 février sur son site Internet comporte en effet des appréciations positives et d'autres qui le sont moins, en suggérant au passage quelques recommandations. Le FMI commence par noter que « l'Algérie a connu plusieurs années de fortes performances économiques tirées par les dépenses publiques, mais elle reste confrontée à des défis importants ». Si la croissance hors hydrocarbures est jugée « vigoureuse », l'inflation «faible» et l'épargne accumulée par l'Etat dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) pour financer un vaste programme d'investissement public (PIP) « considérable », « la baisse de la demande mondiale d'hydrocarbures a mis en avant les vulnérabilités de l'Algérie », estime le fonds du fait que « l'économie reste trop tributaire des exportations d'hydrocarbures ». Par ailleurs, le chômage, estimé à un peu plus de 10% au dernier sondage de l'ONS, reste de l'avis du FMI « relativement élevé », alors que la productivité ainsi que le climat des affaires « accusent du retard par rapport aux principaux partenaires commerciaux ». Selon cette institution, la « croissance hors hydrocarbures et la création d'emplois sont soutenues dans une large mesure par les dépenses publiques », soulignant ainsi « la nécessité pressante d'accélérer les réformes structurelles pour diversifier l'économie et permettre l'émergence d'un secteur privé compétitif et orienté vers l'extérieur ». Globalement, le FMI prévoit que la croissance dans le secteur hors hydrocarbures atteigne 9 % en 2009, grâce à une excellente récolte de céréales et à la vigueur persistante des secteurs des services et de la construction portés par le PIP. Toutefois, la production d'hydrocarbures continuera de diminuer cette année (de 6 à 7 %) en raison du fléchissement de la demande mondiale, ce qui ramènera la croissance globale « aux alentours de 2 % ». D'autre part, les réserves officielles ont augmenté de 3 milliards de dollars depuis fin 2008, pour atteindre 146 milliards de dollars fin septembre 2009 (soit trois années d'importations). Cependant en raison de la baisse des recettes d'hydrocarbures, l'Algérie affiche un déficit budgétaire de 8 % du PIB en 2009, après un excédent de 8 % en 2008. Ce déficit « devrait être financé dans une large mesure par des ressources non bancaires intérieures », note le fonds. Les dépenses publiques ne suffiront pas Pour le FMI, les perspectives économiques de l'Algérie restent « favorables à court terme, mais à moyen terme elles sont sensibles aux cours futurs du pétrole ». La croissance restera donc soutenue à court terme par des dépenses publiques « élevées » et l'accélération du programme d'investissement de Sonatrach. « Le PIB hors hydrocarbures pourrait ainsi progresser de 5,5% en 2010 et la production d'hydrocarbures devrait s'accroître du fait du redressement de l'économie mondiale, contribuant à une croissance globale qui devrait avoisiner 4,5%. L'inflation devrait s'établir au-dessous de 5 % si les prix des produits alimentaires frais se stabilisent ». Le FMI estime que la hausse attendue des cours du pétrole entraînera une amélioration des soldes extérieur et budgétaire, mais ces derniers resteraient « bien en deçà des excédents élevés qui ont été enregistrés ces dernières années ». La forte dépendance aux cours du pétrole fait qu'un « ralentissement de l'économie mondiale et une nouvelle baisse sensible des prix de l'énergie représenteraient des risques de dégradation importants à moyen terme. Ils affaibliraient les positions extérieure et budgétaire, contraindraient à réduire le PIP et d'autres investissements, et impliqueraient un fléchissement de la croissance et une hausse du chômage », selon la note du FMI. Celui-ci considère que les perspectives à moyen terme dépendent aussi de « l'adoption de mesures résolues pour encourager le développement du secteur privé et la diversification de l'économie, car les dépenses publiques à elles seules ne peuvent assurer une croissance à long terme». Par ailleurs, les administrateurs du FMI ont souligné l'importance « cruciale de veiller à la qualité et à l'efficience des dépenses publiques», qui sont devenues un moteur important de la croissance économique hors hydrocarbures de l'Algérie. Pour 2010, les administrateurs souscrivent au maintien de l'orientation budgétaire actuelle, tout en encourageant les autorités algériennes à revenir à « une trajectoire soutenable à moyen terme ». Ils souscrivent à la mise en œuvre continue du PIP et du soutien aux PME, mais soulignent qu'une « réforme profonde des dépenses courantes et des dépenses d'équipement permettrait de dégager des ressources budgétaires, de mieux préserver la richesse en hydrocarbures à moyen terme et de maintenir un espace budgétaire en cas de choc relatif aux cours du pétrole ». Ils se disent par ailleurs satisfaits que les autorités soient déterminées à établir « un ordre de priorité dans l'exécution des PIP courant et futurs sur la base des perspectives budgétaires », tout en recommandant de « contenir fermement les dépenses courantes, en particulier la masse salariale, afin de dégager une marge de manœuvre pour les coûts d'entretien additionnels liés aux nouvelles infrastructures ». Réhabiliter les crédits à la consommation Dans le chapitre monétaire et financier, les administrateurs du FMI saluent la politique monétaire « prudente » de l'Algérie qui a permis de « contenir les tensions inflationnistes ». Cependant, ils notent que « la liquidité abondante liée au secteur des hydrocarbures et aux dépenses publiques requiert une vigilance continue et que les autorités doivent se tenir prêtes à resserrer la politique monétaire si les tensions inflationnistes liées à cet excès de liquidité se matérialisaient ». Ils pensent, en outre, que la politique de taux de change de l'Algérie est « compatible avec la stabilité extérieure à moyen terme ». Néanmoins, ils encouragent les autorités à accélérer les réformes structurelles pour améliorer la compétitivité extérieure. Les administrateurs insistent auprès de l'Algérie pour « accélérer la réforme du secteur financier pour renforcer et améliorer l'efficience des institutions financières ». Ils sont d'avis que « les possibilités de relance du processus de privatisation des grandes banques publiques pourraient être explorées, en vue d'accroître l'efficience du secteur bancaire sur la base des meilleures pratiques internationales ». Ils estiment par ailleurs que les efforts de réduction des créances improductives doivent se poursuivre pour les ramener à un niveau plus proche de celui observé dans des pays comparables. Les administrateurs sont également d'avis que l'interdiction des prêts à la consommation constitue «un obstacle potentiel au développement du secteur financier» et suggèrent de «lever cette interdiction lorsque la centrale des risques liés aux crédits aux particuliers deviendra opérationnelle». Le climat des affaires laisse à désirer Abordant, enfin, l'aspect de l'environnement des affaires, le FMI revient une nouvelle fois sur les dernières mesures prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. Il estime que « le climat des affaires doit être amélioré » et considère que les efforts déployés afin d'améliorer les infrastructures « ne suffisent pas pour améliorer ce climat ». Le fonds souligne que « les autorités ont pris diverses mesures pour accroître la capacité de prêt du système bancaire et l'efficience des dépenses publiques, y compris le relèvement du capital minimum des banques, la réduction du niveau des créances non performantes au moyen d'une restructuration financière des entreprises publiques, et l'amélioration de la gestion et du système budgétaires'. Cependant, la nouvelle réglementation relative à l'investissement direct étranger et la lenteur des négociations commerciales régionales et multilatérales pourraient « contraindre les efforts de l'Algérie visant à réaliser une croissance diversifiée, durable et axée sur les exportations ». Pour cette institution, « la perception du climat des affaires ne s'est pas améliorée et reste classée en deçà de celle de la plupart des concurrents régionaux ». Les administrateurs du FMI notent de ce fait que la nouvelle réglementation relative aux projets d'investissements directs étrangers « pourrait décourager les investisseurs étrangers d'ouvrir des filiales en Algérie, ce qui empêcherait un transfert de technologie dont le pays a tant besoin ». R.E.H. La note d'information publiée par le fonds en date du 23 février sur son site Internet comporte en effet des appréciations positives et d'autres qui le sont moins, en suggérant au passage quelques recommandations. Le FMI commence par noter que « l'Algérie a connu plusieurs années de fortes performances économiques tirées par les dépenses publiques, mais elle reste confrontée à des défis importants ». Si la croissance hors hydrocarbures est jugée « vigoureuse », l'inflation «faible» et l'épargne accumulée par l'Etat dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) pour financer un vaste programme d'investissement public (PIP) « considérable », « la baisse de la demande mondiale d'hydrocarbures a mis en avant les vulnérabilités de l'Algérie », estime le fonds du fait que « l'économie reste trop tributaire des exportations d'hydrocarbures ». Par ailleurs, le chômage, estimé à un peu plus de 10% au dernier sondage de l'ONS, reste de l'avis du FMI « relativement élevé », alors que la productivité ainsi que le climat des affaires « accusent du retard par rapport aux principaux partenaires commerciaux ». Selon cette institution, la « croissance hors hydrocarbures et la création d'emplois sont soutenues dans une large mesure par les dépenses publiques », soulignant ainsi « la nécessité pressante d'accélérer les réformes structurelles pour diversifier l'économie et permettre l'émergence d'un secteur privé compétitif et orienté vers l'extérieur ». Globalement, le FMI prévoit que la croissance dans le secteur hors hydrocarbures atteigne 9 % en 2009, grâce à une excellente récolte de céréales et à la vigueur persistante des secteurs des services et de la construction portés par le PIP. Toutefois, la production d'hydrocarbures continuera de diminuer cette année (de 6 à 7 %) en raison du fléchissement de la demande mondiale, ce qui ramènera la croissance globale « aux alentours de 2 % ». D'autre part, les réserves officielles ont augmenté de 3 milliards de dollars depuis fin 2008, pour atteindre 146 milliards de dollars fin septembre 2009 (soit trois années d'importations). Cependant en raison de la baisse des recettes d'hydrocarbures, l'Algérie affiche un déficit budgétaire de 8 % du PIB en 2009, après un excédent de 8 % en 2008. Ce déficit « devrait être financé dans une large mesure par des ressources non bancaires intérieures », note le fonds. Les dépenses publiques ne suffiront pas Pour le FMI, les perspectives économiques de l'Algérie restent « favorables à court terme, mais à moyen terme elles sont sensibles aux cours futurs du pétrole ». La croissance restera donc soutenue à court terme par des dépenses publiques « élevées » et l'accélération du programme d'investissement de Sonatrach. « Le PIB hors hydrocarbures pourrait ainsi progresser de 5,5% en 2010 et la production d'hydrocarbures devrait s'accroître du fait du redressement de l'économie mondiale, contribuant à une croissance globale qui devrait avoisiner 4,5%. L'inflation devrait s'établir au-dessous de 5 % si les prix des produits alimentaires frais se stabilisent ». Le FMI estime que la hausse attendue des cours du pétrole entraînera une amélioration des soldes extérieur et budgétaire, mais ces derniers resteraient « bien en deçà des excédents élevés qui ont été enregistrés ces dernières années ». La forte dépendance aux cours du pétrole fait qu'un « ralentissement de l'économie mondiale et une nouvelle baisse sensible des prix de l'énergie représenteraient des risques de dégradation importants à moyen terme. Ils affaibliraient les positions extérieure et budgétaire, contraindraient à réduire le PIP et d'autres investissements, et impliqueraient un fléchissement de la croissance et une hausse du chômage », selon la note du FMI. Celui-ci considère que les perspectives à moyen terme dépendent aussi de « l'adoption de mesures résolues pour encourager le développement du secteur privé et la diversification de l'économie, car les dépenses publiques à elles seules ne peuvent assurer une croissance à long terme». Par ailleurs, les administrateurs du FMI ont souligné l'importance « cruciale de veiller à la qualité et à l'efficience des dépenses publiques», qui sont devenues un moteur important de la croissance économique hors hydrocarbures de l'Algérie. Pour 2010, les administrateurs souscrivent au maintien de l'orientation budgétaire actuelle, tout en encourageant les autorités algériennes à revenir à « une trajectoire soutenable à moyen terme ». Ils souscrivent à la mise en œuvre continue du PIP et du soutien aux PME, mais soulignent qu'une « réforme profonde des dépenses courantes et des dépenses d'équipement permettrait de dégager des ressources budgétaires, de mieux préserver la richesse en hydrocarbures à moyen terme et de maintenir un espace budgétaire en cas de choc relatif aux cours du pétrole ». Ils se disent par ailleurs satisfaits que les autorités soient déterminées à établir « un ordre de priorité dans l'exécution des PIP courant et futurs sur la base des perspectives budgétaires », tout en recommandant de « contenir fermement les dépenses courantes, en particulier la masse salariale, afin de dégager une marge de manœuvre pour les coûts d'entretien additionnels liés aux nouvelles infrastructures ». Réhabiliter les crédits à la consommation Dans le chapitre monétaire et financier, les administrateurs du FMI saluent la politique monétaire « prudente » de l'Algérie qui a permis de « contenir les tensions inflationnistes ». Cependant, ils notent que « la liquidité abondante liée au secteur des hydrocarbures et aux dépenses publiques requiert une vigilance continue et que les autorités doivent se tenir prêtes à resserrer la politique monétaire si les tensions inflationnistes liées à cet excès de liquidité se matérialisaient ». Ils pensent, en outre, que la politique de taux de change de l'Algérie est « compatible avec la stabilité extérieure à moyen terme ». Néanmoins, ils encouragent les autorités à accélérer les réformes structurelles pour améliorer la compétitivité extérieure. Les administrateurs insistent auprès de l'Algérie pour « accélérer la réforme du secteur financier pour renforcer et améliorer l'efficience des institutions financières ». Ils sont d'avis que « les possibilités de relance du processus de privatisation des grandes banques publiques pourraient être explorées, en vue d'accroître l'efficience du secteur bancaire sur la base des meilleures pratiques internationales ». Ils estiment par ailleurs que les efforts de réduction des créances improductives doivent se poursuivre pour les ramener à un niveau plus proche de celui observé dans des pays comparables. Les administrateurs sont également d'avis que l'interdiction des prêts à la consommation constitue «un obstacle potentiel au développement du secteur financier» et suggèrent de «lever cette interdiction lorsque la centrale des risques liés aux crédits aux particuliers deviendra opérationnelle». Le climat des affaires laisse à désirer Abordant, enfin, l'aspect de l'environnement des affaires, le FMI revient une nouvelle fois sur les dernières mesures prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. Il estime que « le climat des affaires doit être amélioré » et considère que les efforts déployés afin d'améliorer les infrastructures « ne suffisent pas pour améliorer ce climat ». Le fonds souligne que « les autorités ont pris diverses mesures pour accroître la capacité de prêt du système bancaire et l'efficience des dépenses publiques, y compris le relèvement du capital minimum des banques, la réduction du niveau des créances non performantes au moyen d'une restructuration financière des entreprises publiques, et l'amélioration de la gestion et du système budgétaires'. Cependant, la nouvelle réglementation relative à l'investissement direct étranger et la lenteur des négociations commerciales régionales et multilatérales pourraient « contraindre les efforts de l'Algérie visant à réaliser une croissance diversifiée, durable et axée sur les exportations ». Pour cette institution, « la perception du climat des affaires ne s'est pas améliorée et reste classée en deçà de celle de la plupart des concurrents régionaux ». Les administrateurs du FMI notent de ce fait que la nouvelle réglementation relative aux projets d'investissements directs étrangers « pourrait décourager les investisseurs étrangers d'ouvrir des filiales en Algérie, ce qui empêcherait un transfert de technologie dont le pays a tant besoin ». R.E.H.