Photo : Fouad S. La mission du FMI en Algérie, conduite par M. Joël Toujad Bernaté, a conclu à « une bonne performance de l'économie algérienne », note ce dernier lors d'une conférence de presse tenue hier à l'hôtel El Djazair. La délégation du FMI a eu des rencontres durant deux semaines (21 octobre-3 novembre) avec les responsables économiques et financiers dans le cadre des consultations annuelles prévues par ses statuts. Elles ont porté sur la situation économique et financière de l'Algérie qui évolue dans un « contexte international difficile ». Cela dit, notre pays continue d'enregistrer « une bonne performance économique » selon les observations de cette mission et qui serviront de base à la rédaction du rapport soumis au conseil d'administration du Fonds et publié en janvier 2010. Pour les experts du FMI, cette nouvelle performance est « en droite ligne de l'évolution des dernières années ». Elle s'est caractérisée par « une bonne tenue de la croissance hors hydrocarbures, la maîtrise du taux d'inflation et la réduction du chômage », note M. Joël Bernaté Ces résultats sont le fait de « politiques financières prudentes » menées jusque-là, « des réserves extérieures » et une « épargne budgétaire confortables ». Il faut ajouter le maintien de l'endettement à « un niveau faible ». Le FMI conclut que « les performances macroéconomiques restent robustes en 2009 ». Ainsi la croissance hors hydrocarbures devrait atteindre plus de 9% grâce à « des récoltes céréalières exceptionnelles et une bonne performance des secteurs tirés par le programme d'investissement public ». Toutefois la réduction sensible de la production des hydrocarbures devrait réduire le taux de croissance du PIB à 2%. Quant à l'inflation, elle est en hausse de 5,8% en raison « d'une forte augmentation des prix des aliments frais » mais elle est « faible (1,4%) hors aliments frais grâce à une « politique monétaire prudente, un soutien aux prix de certains produits alimentaires de base …» L'ALGÉRIE DEVRA ENREGISTRER CETTE ANNÉE «SON PREMIER DÉFICIT BUDGÉTAIRE DE LA DÉCENNIE» Le FMI passe en revue le niveau des réserves mais souligne la « position budgétaire fortement affectée par la baisse des recettes tirées des hydrocarbures alors que le niveau des dépenses demeure élevé ». En termes plus clairs, l'Algérie devra enregistrer cette année « son premier déficit budgétaire de la décennie » qui pourrait atteindre 8,4% du PIB alors que les années passées, elle avait un surplus de 8,1% du PIB. Il faut noter que la mission du FMI a porté sur des chiffres arrêtés au milieu de l'année. Pour 2010, le FMI prévoit une embellie avec la hausse du prix du pétrole, autour de 76 dollars, et une croissance de 4 à 5%. Il a appelé à la diversification de l'économie et à la « réduction de la dépendance budgétaire vis-à-vis des recettes des hydrocarbures ». Le FMI, qui a eu une appréciation, cette fois-ci positive sur l'utilisation du Fonds de régulation des recettes, a donné quelques recommandations d'usage et ce, relatives à la politique budgétaire. Pour les responsables du Fonds, l'effort doit être orienté vers l'amélioration des infrastructures non sans insister sur le « ciblage et la maîtrise des dépenses». M. Bernaté a reconnu que les responsables du pays lui ont expliqué le rôle de la nouvelle Caisse d'équipement qui fait « un travail d'évaluation de la maturité et de suivi d'exécution des grands projets ». Celle-ci sera « un outil efficace dans la mise en œuvre du prochain programme du président pour 2010-2014 », dit-il. Le FMI, qui anticipe une reprise de l'économie mondiale, reste réservé sur la persistance des risques et la capacité de la plupart des économies à « résorber les chocs externes ». Pour ce qui est de l'Algérie, tout en reconnaissant le mérite du peu d'ouverture de l'économie nationale dans la protection contre les effets de la crise, ses experts recommandent un effort d'intégration à la mondialisation pour « profiter des opportunités qu'offre aussi la globalisation ». Le FMI a carrément préconisé à l'Algérie de « mieux tirer profit de son accord d'association avec l'Europe ». Cotation du dinar : Le FMI veut un maintien de la parité Le FMI a, pour une fois, reconnu que le dinar est proche de son niveau d'équilibre tel que cela a été défendu par les experts de la Banque d'Algérie. En effet, la mission n'a parlé cette fois-ci que de « son maintien » à ce niveau. Le FMI a donné son feu vert aux autorités monétaires pour la « poursuite de la politique financière prônée jusque-là ». Tout au plus, il a appelé au contrôle des liquidités. K. D. LFC complémentaire pour 2009 : «Les mesures prises sont tout à fait légitimes» Les mesures contenues dans la LFC complémentaire pour 2009, l'institution du crédit documentaire, l'obligation de céder la majorité du capital dans les projets de partenariat ont bien été défendues par les responsables algériens qui ont réussi à convaincre la mission du FMI. Ainsi, bien que estimant « encore très tôt d'apprécier leur opportunité » sur les IDE, le responsable de la mission a exprimé sa compréhension de la volonté des pouvoirs publics de « rééquilibrer les IDE pour qu'ils aient des retombées plus positives » et soient en adéquation avec « la stratégie nationale de développement ». Les Algériens ont expliqué cette nécessité suite « à de mauvais exemples » d'investissement qui n'auraient en fait ni servi au transfert de savoir-faire aux Algériens ni au respect des pratiques en matière de dividendes. De là, les hôtes de l'Algérie ont conclu que « ces mesures sont tout à fait légitimes ». K. D. Achat d'actions du FMI : «Il appartient aux autorités algériennes d'en décider» Le responsable du FMI a confirmé la décision du Fonds de faire appel à des bailleurs de fonds pour faire face à l'augmentation de ses ressources. Le FMI a reçu beaucoup de propositions de pays ayant un excédent de ressources comme l'Algérie. «Il appartient aux autorités algériennes d'en décider», conclut-il. K. D.